LE DÉPUTÉ ROBERT DESCHAMPS SOULÈVE LE DÉBAT À L'ASSEMBLÉE NATIONALE « Les citoyens s'exilent dans l'Ouest »
par Michel CLOUTIER Journal Québec-Presse QUÉBEC (JQP) — La grave crise de l'industrie forestière qui accable le Québec, au point de faire perdre 12 000 emplois dans les diverses régions depuis deux ans, provoque un exil forcé des chômeurs dans l'Ouest canadien.
En soulevant ce lourd malaise, tant économique que social, au cours de la période de questions à l'Assemblée nationale, Robert Deschamps, député de l'ADQ de Saint-Maurice (et critique de l'Opposition aux ressources naturelles), a blâmé le Gouvernement libéral en ces termes:
« Comment expliquer autrement que par de l'improvisation et un manque de vision, que nous soyons rendus à un troisième plan du même gouvernement pour répondre à cette situation de crise ? »
Voulant illustrer l'accablement qui frappe les nombreux travailleurs touchés, M. Deschamps s'est fait pathétique : « Les citoyens sont rendus à s'exiler dans l'Ouest. Même avec leur sac à dos et leur boîte à lunch pour trouver du travail. »
LES BUDGETS DÉJÀ DÉPENSÉS ?
Appelé à réagir, Claude Béchard, ministre libéral des Ressources naturelles, a soudainement perdu son sourire en coin. Il a soutenu à l'Assemblée nationale, que son gouvernement a pris des mesures. « Oui, on a mis de l'argent sur la table, elle a été dépensée. On va continuer de prendres d'autres mesures pour nous assurer de donner des réponses aux gens. »
Le ministre Béchard en profite alors pour lancer un appel à la concertation générale : « On doit tous travailler ensemble, pour les travailleurs. On doit faire en sorte qu'il y ait cinq moulins de fermés, mais qu'il n'y en ait trois ou quatre d'ouverts, et on va mettre toute notre énergie comme gouvernement à faire en sorte qu'on donne des réponses aux travailleurs et que l'industrie forestière ressorte de cette crise encore plus forte qu'elle était auparavant. »
UN MORATOIRE EN VUE ?
Interrogé (aujourd'hui, lundi) par Québec-Presse, le député Robert Deschamps s'est demandé s'il n'avait pas lieu dans les circonstances aussi précaires, de décréter un moratoire sur l'utilisation des Contrats d'approvisionnements et d'aménagements forestiers (CAAF).
« Un moratoire serait-il présentement préférable sur l'utilisation des CAAF, afin de sauver de la fermeture une multitude de villages appelés à disparaître ? » Car, aux yeux du député de Saint-Maurice, les villages sont encore l'épine dorsale du Québec.
M. Deschamps dit ne pas croire que les sommes aient été dépensées, comme l'affirme le ministre Béchard. « Il y a vingt ans, en 1987, une grande part de l'industrie du sciage au Québec, était la propriété d'entreprises familiales : elles avaient mis sur pied une industrie qui faisait la fierté des Québécois dans chaque région du Québec. »
« Nous savons qu'avec le régime forestier mis en place au Québec en 1987, et les contrats d'approvisionnements et d'aménagements forestiers (CAAF), il y a intégration de l'industrie du siage par les papetières,avec comme résultat, la crise actuelle par le manque de créativité et un sous-développement de l'industrie de la troisième transformation, comme les meubles, les maisons usinées, etc. »
|