CITÉ DU VATICAN — Le pape François, qui suscite toujours un élan d'enthousiasme parmi les catholiques et non catholiques, a célébré dimanche sur la place Saint-Pierre sa première messe de Pâques, avant d'accorder sa bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde) en 65 langues différentes.
Quelque 250 000 fidèles étaient massés sur la place et sur la via della Conciliazione, quand le pape argentin est sorti du Vatican pour rejoindre à pied l'autel.
L'autel était entouré de parterres de fleurs aux vives dominantes jaunes venues de Hollande, symboles joyeux du printemps et de la résurrection de Jésus.
(Photo Agence France-Presse)
La messe de Pâques, retransmise par les télévisions, est la plus grande fête pour plus de deux milliards de chrétiens de toutes confessions. Les chrétiens orthodoxes fêteront Pâques le 5 mai.
Des bénédictions attendues
«Urbi et orbi», signifiant «à la ville et au monde», était une phrase très attendue pour des millions de catholiques. Le tout s'en est suivi d'appels pour différentes crises à travers le monde.
Il a notamment dénoncé avec force «la traite des personnes», qui est «l'esclavage le plus répandu du XXIe siècle».
François a fustigé «la violence liée au trafic de drogue et l'exploitation inéquitable des ressources naturelles». «Paix au monde, encore si divisé par l'avidité de ceux qui cherchent des gains faciles», a-t-il lancé.
Le pape François a plaidé, dimanche dans son premier message pascal, pour que «les divergences soient surmontées» entre les deux Corées, actuellement traversées par de fortes tensions.
«Paix en Asie, surtout dans la péninsule coréenne, pour que soient surmontées les divergences et que mûrisse un esprit renouvelé de réconciliation!», s'est exclamé le pape argentin, alors que de graves tensions armées opposent le régime communiste nord-coréen et la démocratie sud-coréenne, où vit une importante communauté chrétienne, avec une minorité catholique très vivante.
(Photo Agence France-Presse)
Le pape François a également dénoncé les «nombreux otages» aux mains de «groupes terroristes» au Nigeria, lançant un appel pour les «enfants», qui concerne entre autres une famille française enlevée.
«Au Nigeria malheureusement ne cessent pas les attentats qui menacent la vie de tant d'innocents et où de nombreuses personnes, même des enfants, sont retenues en otage par des groupes terroristes», a dit le pape.
Il a tenu a appeler à la «paix» et à «une solution politique» dans «la Syrie bien-aimée».
«Que de sang a été versé! Et que de souffrances devront encore être infligées avant qu'on réussisse à trouver une solution politique à la crise?», a-t-il demandé devant des centaines de milliers de fidèles massés sur la place Saint-Pierre au Vatican.
Veillée pascale
Il avait adressé samedi soir, lors de la veillée pascale dans la basilique, un appel chaleureux aux incrédules «loin de Dieu», en leur demandant de «s'interroger», de «faire un pas», «d'accepter de risquer», employant à dessein le tutoiement.
«Si jusqu'à présent tu as été loin de lui, avait exhorté le premier pape jésuite et du continent américain, fais un petit pas: il t'accueillera à bras ouverts. Si tu es indifférent, accepte de risquer: tu ne seras pas déçu. S'il te semble difficile de le suivre, n'aie pas peur, fais-lui confiance (...), il t'est proche, il te donnera la paix que tu cherches».
(Photo Agence France-Presse)
Il avait adopté comme toujours depuis son élection le 13 mars un langage simple et direct.
Le pape, qui veut continuer à porter l'évangélisation dans l'Occident laïcisé comme au bout du monde, jusque «dans les périphéries existentielles» de la violence et de la souffrance, avait soutenu aussi à ne pas avoir peur «des surprises de Dieu».
«Ne perdons pas confiance, ne nous résignons jamais: il n'y a pas de situations que Dieu ne puisse changer, il n'y a aucun péché qu'il ne puisse pardonner si nous nous ouvrons à lui», avait-il dit, mettant l'accent sur la miséricorde, qui, a-t-il confié, est l'aspect qui le frappe le plus du message chrétien.
Pâques est célébré de la Terre Sainte à l'Irak et au Nigeria jusqu'aux Philippines et en Amérique Latine, parfois dans des conditions difficiles de menaces islamistes et de violences.
«En tant que chrétien», le président Barack Obama a présenté samedi ses voeux pour Pâques et la Pâque juive à des millions d'Américains, les pressant de réfléchir sur les valeurs communes du pays.