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Publié par Michel Cloutier le 13/09/2009 18:00:00 (7332 lectures) Articles du même auteur

drapeaufrance_quebec41ad137206"La Marseillaise"

et


Le manifeste du FLQ:


UN MÊME COMBAT !






michel_1_400ÉDITORIAL   

de Michel Cloutier
Éditeur,
Journal Québec Presse



Avec entrain, lorsque les Français chantent fièrement au garde à vous: "Aux armes citoyens! Armez vos bataillons! ...qu'un sang impur abreuve nos sillons", à l'unission de Nicolas Sarkozy, en tête de cette France républicaine, suivi des pieux cardinaux fort pacifiques en passant par les voix candides des écoliers de la douce France, eh! bien, cette "Marseillaise" est chantée par tout un peuple, cet hymne guerrier, sanglant qu'il est en 1792, peu après la déclaration de guerre de la France révolutionnaire au Roi de Bohême et de Hongrie.

L'hymne rappelle aussi le pouvoir royal de Versailles décapité, mettant la France dans le chaos. Ce chant devient un véritable « Te deum révolutionnaire » selon l'expression de Goethe.

Cet hymne, le plus entraînant des hymnes nationaux, fait-il, à chaque cérémonie officielle de l'État, 
l'apologie de la haîne et du terrorisme ? Bref, chanter "La Marseillaise" vient-il cautionner la violence?  

marseillaiserude_400Chanter "La Marseillaise" sous le Tricolore battant au vent, vient-il justifier la terreur ? Tenez, aux Jeux d'hiver d'Alberville, voilà quelques années, la voix pure et suave d'une adolescente chanta "La Marseillaise" en ouverture des Jeux. "Le jour de gloire est arrivé!... Amour sacré de la patrie !" 

Illustration: La Marseillaise ou  Le départ des volontaires en 1792.

 François Rude, haut-relief, pierre de Chérence
(hauteur 12, 70 m)

Arc de triomphe de l'Étoile (1833-36)


Certes non, à notre avis, la Marseillaise ne cautionne aucune violence puisque les paroles terrifiantes de l'hymne national français auraient été changées depuis belle lurette, soit par l'Académie française, ou encore quelque politicien talentueux de l'Hexagone. D'ailleurs, personne en France n'oserait changer un seul petit mot de ce chant guerrier, loin de tout esprit catholique. L'Histoire en est marquée à jamais. Des prêtres traditionalistes se disent mal à l'aise envers les paroles de cet hymne.  

la_marseillaise_001_400Dans cette veine, oser faire la lecture en public (et non le chanter) du Manifeste du défunt Front de Libération du Québec (FLQ) de 1970, vient-il aussi justifier la terreur? Bien sûr, nous rejetons d'emblée ce Manifeste, croyant à la voie pacifique et démocratique de toute action politique.

Donc, la terreur serait-elle justifiée en lisant le Manifeste ? Certes non. Le moindre bon sens en convient.
 
Mais, ici, au Québec, c'est malheureusement "Oui" pour Jean Charest, premier ministre de l'État-nation francophone d'Amérique, qui condamne au nom de son Gouvernement cette lecture dont les éléments terroristes font (malgré lui) partie de l'histoire du Québec, au même titre que les éléments terroristes décrits dans la célèbre "La Marseillaise" (malgré le clergé catholique).

Les jeux sont faits : Charest joue à l'hypocrite et se dissocie de la manifestation pacifique commémorative (de même que le maire de Québec, aussi hypocrite) hautement historique intitulée "Le Moulin à paroles", venant souligner le 250e anniversaire de la bataille de 1759, où depuis les Plaines de Québec, l'armée de l'Empire britannique battait l'armée royale française et chassait à jamais les Français d'Amérique avec la reddition de ces derniers en 1763.

deapeau_qqq_400Durant 24 heures, sur les même plaines, théâtre de cette guerre mondiale entre deux empires, dès le matin du 12 septembre 2009, en plus du Manifeste du FLQ, quelque 150 autres textes seront récités par 130 artistes, créateurs, citoyens engagés et politiciens, signalent les organisateurs.

Illustration: le patriote de 1837-38,
à l'insurrection ratée devant créer
l'indépendance du Québec

"L'événement est consacré essentiellement à la parole, dans la sobriété et la dignité, sans musique, sans orchestre.

Notre mémoire collective à travers la littérature, la poésie, la chanson et les discours qui construisent le long récit de notre présence en Amérique. Une narration de ce que nous sommes, de ce qui nous anime et de ce qui nourrit nos espérances."

TROUBLE DANS LA DÉMOCRATIE QUÉBÉCOISE

L'inquétude moderne

Avec toupet, trouvant la force d'être hypocrite envers non seulement l'histoire du Québec, mais envers le peuple tout entier, Jean Charest incarne cette "inquétude moderne" qui consiste à diriger le pouvoir vers un objet stable et parfait : le statu-quo des idées éternelles de la haute-finance qui influent dans les coulisses de sa politique; de l'égo brûlant de ces grands patrons pour qui les "intérêts supérieurs de la nation" n'existent pas... car les intérêts de la nation dérangent et dérangeront toujours les financiers dont la visée est avant tout personnelle dans leur empire.

la_marseillaise_002_400Chez Charest, chanter "La Marseillaise" aux côtés de Sarkozy, est un honneur conquis pour le petit premier ministre provincial sans envergure qu'il est. Mais pourquoi donc n'est-il pas terrassé par les mots chantés? Bien sûr, les mots font partie du passé révolutionnaire, dira-t-il. Ce n'est pas une torsion malveillante de l'esprit humain, ce n'est qu'un rappel entraînant des faits, portés à leur forme extrême dans les strophes.

Et le Manifeste du FLQ ? Ah! là, c'est tout autre chose pour Charest. Il devient un homme de l'Antiquité, incapable de transcender les événements. Il en suffoque de rage.

Voilà deux attitudes incompatibles pour l'homme banal, élu pourtant chef d'État et qui n'arrive pas à dégager un sentiment de confiance absolu en l'avenir, étant issu de cette mentalité bourgeoise anglophone, peureuse et soupçonneuse, qui, cherchant à se prémunir contre le danger de l'indépendance politique du Québec, se fait (dans sa tête de premier ministre) une gigantesque projection du statu-quo constitutionnel pour plaire au Canada anglais. Et ne rien déranger. La crainte de s'y heurter le hante au plus haut point, sachant trop qu'il n'est pas un Charles de Gaulle aux formes supérieures... le nez (!) bien plongé dans l'Histoire, autant de la France libre que du "Vive le Québec Libre!", lancé en 1967.

la_marseillaise_003_400Pour le petit premier ministre provincial Charest, l'événement du "Moulin à paroles" est l'affaire des "séparatistes", des "souverainistes", des "indépendantistes", bref, de tout ce qui n'est pas "fédéraliste". N'empêche que parmi les invités, Benoît Bouchard, ancien ministre fédéral et fédéraliste (encore) semble-t-il convaincu, ne craint pas le Manifeste du FLQ, sachant départager avec évidence les drames de notre histoire.

Ilustration: les couplets 3 et 4 de La Marseillaise

Parmi les lecteurs, se retrouve Andrew Wolfe Bourroghs, journaliste et descendant de James Wolfe, vainqueur de la bataille des Plaines.

Un projet libre

Le "Moulin à paroles" est une construction spontanée et généreuse: participants et organisateurs y sont engagés à titre purement bénévole.


Où? À Québec, sur les Plaines d’Abraham, au kiosque Edwin-Bélanger, au peu à l’est du Musée national des beaux-arts du Québec. 


Quand? Du 12 septembre 2009, à partir de 15 heures, au 13 septembre 2009 à 15 heures.
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Une lecture de l'Histoire sombre du Québec :

Le manifeste du FLQ

    Le Front de Libération du Québec n'est pas le messie, ni un Robin des Bois des temps modernes. C'est un groupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en oeuvre pour que le peuple québécois prenne définitivement en mains son destin.


Le Front de Libération du Québec veut l'indépendance totale des Québécois, réunis dans une société libre et purgée à jamais de sa clique de requins voraces, les «big-boss» patronneux et leurs valets qui ont fait du Québec leur chasse-gardée du cheap labor et de l'exploitation sans scrupules.


Le Front de Libération du Québec n'est pas un mouvement d'agression, mais la réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par l'entremise de marionnettes des gouvernements fédéral et provincial (le show de la Brinks, le bill 63, la carte électorale, la taxe dite de «progrès social» (sic), power corporation, l'assurance-médecin, les gars de Lapalme...).


Le Front de Libération du Québec s'auto-finance d'impôts volontaires (sic) prélevés à même les entreprises d'exploitation des ouvriers (banques, compagnies de finance, etc.).

 


Les puissances d'argent du statu quo, la plupart des tuteurs traditionnels de notre peuple, ont obtenu la réaction qu'ils espéraient, le recul plutôt qu'un changement pour lequel nous avons travaillé comme jamais: pour lequel on va continuer à travailler.


René Lévesque, 29 avril 1970.


Nous avons cru un moment qu'il valait la peine de canaliser nos énergies, nos impatiences comme le dit si bien René Lévesque, dans le Parti québécois, mais la victoire libérale montre bien que ce qu'on appelle démocratie au Québec n'est en fait et depuis toujours que la «democracy» des riches.

La victoire du Parti libéral en ce sens n'est en fait que la victoire des faiseurs d'élections Simard-Cotroni. En conséquence, le parlementarisme britannique, c'est bien fini, et le Front de Libération du Québec ne se laissera jamais distraire par les miettes électorales que les capitalistes anglo-saxons lancent dans la basse-cour québécoise à tous les quatre ans. Nombre de Québécois ont compris et ils vont agir. Bourassa dans l'année qui vient va prendre de la maturité: 100 000 travailleurs révolutionnaires organisés et armés!


Oui il y en a des raisons à la victoire libérale. Oui il y en a des raisons la pauvreté, au chômage, aux taudis, au fait que vous M. Bergeron de la rue Visitation et aussi vous M. Legendre de Ville de Laval qui gagnez 10 000 dollars par année, vous ne vous sentiez pas libres en notre pays le Québec.

Oui il y en a des raisons, et les gars de la Lord les connaissent, les pêcheurs de la Gaspésie, les travailleurs de la Côte Nord, les mineurs de la Iron Ore, de Québec Cartier Mining, de la Noranda les connaissent eux aussi ces raisons. Et les braves travailleurs de Cabano que l'on a tenté de fourrer une fois de plus en savent des tas de raisons.


Oui il y en a des raisons pour que vous, M. Tremblay de la rue Panet et vous, M. Cloutier qui travaillez dans la construction à Saint-Jérôme, vous ne puissiez vous payer des «vaisseaux d'or» avec de la belle zizique et tout le fling flang comme l'a fait Drapeau-l'aristocrate, celui qui se préoccupe tellement des taudis qu'il a fait placer des panneaux de couleurs devant ceux-ci pour ne pas que les riches touristes voient notre misère.


Oui il y en a des raisons pour que vous Madame Lemay de St-Hyacinthe vous ne puissiez vous payer des petits voyages en Floride comme le font avec notre argent tous les sales juges et députés.


Les braves travailleurs de la Vickers et ceux de la Davie Ship les savent les raisons, eux à qui l'on n'a donné aucune raison pour les crisser à la porte. Et les gars de Murdochville que l'on a écrasés pour la seule et unique raison qu'ils voulaient se syndiquer et à qui les sales juges ont fait payer plus de deux millions de dollars parce qu'ils avaient voulu exercer ce droit élémentaire. Les gars de Murdochville la connaissent la justice et ils en connaissent des tas de raisons.


Oui il y en a des raisons pour que vous, M. Lachance de la rue Ste-Marguerite, vous alliez noyer votre désespoir, votre rancoeur et votre rage dans la bière du chien à Molson. Et toi, Lachance fils avec tes cigarettes de mari...


Oui il y en a des raisons pour que vous, les assistés sociaux, on vous tienne de génération en génération sur le bien-être social. Il y en a des tas de raisons, les travailleurs de la Domptar à Windsor et à East Angus les savent. Et les travailleurs de la Squibb et de la Ayers et les gars de la Régie des Alcools et ceux de la Seven Up et de Victoria Precision, et les cols bleus de Laval et de Montréal et les gars de Lapalme en savent des tas de raisons.


Les travailleurs de Dupont of Canada en savent eux aussi, même si bientôt ils ne pourront que les donner en anglais (ainsi assimilés, ils iront grossir le nombre des immigrants Néo-Québécois, enfants chéris du bill 63).

Et les policiers de Montréal auraient dû les comprendre ces raisons, eux qui sont les bras du système; ils auraient dû s'apercevoir que nous vivons dans une société terrorisée parce que sans leur force, sans leur violence plus rien ne fonctionnait le 7 octobre!


Nous en avons soupé du fédéralisme canadien qui pénalise les producteurs laitiers du Québec pour satisfaire aux besoins anglo-saxons du Commonwealth;


qui maintient les braves chauffeurs de taxis de Montréal dans un état de demi-esclaves en protégeant honteusement le monopole exclusif de l'écoeurant Murray-Hill et de son propriétaire-assassin Charles Hershorn et de son fils Paul qui, à maintes reprises, le soir du 7 octobre, arracha des mains de ses employés le fusil de calibre 12 pour tirer sur les chauffeurs et blesser ainsi mortellement le caporal Dumas, tué en tant que manifestant;


qui pratique une politique insensée des importations en jetant un à un dans la rue les petits salariés des Textiles et de la Chaussure, les plus bafoués au Québec, aux profits d'une poignée de maudits «money-makers» roulant Cadillac;


qui classe la nation québécoise au rang des minorités ethnique du Canada.

Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois également, d'un gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains et les suppliant de venir investir au Québec, la Belle Province où des milles carrés de forêts remplies de gibiers et de lacs poissonneux sont la propriété de ces mêmes seigneurs tout-puissants du XXe siècle;


d'un hypocrite à la Bourassa qui s'appuie sur les blindés de la Brinks, véritable symbole de l'occupation étrangère au Québec, pour tenir les pauvres «natives» québécois dans la peur de la misère et du chômage auxquels nous sommes tant habitués;


de nos impôts que l'envoyé d'Ottawa au Québec veut donner aux boss anglophones pour les «inciter», ma chère, à parler français, à négocier en françai: repeat after me: «cheap labor main-d'oeuvre à bon marché»;

des promesses de travail et de prospérité, alors que nous serons toujours les serviteurs assidus et les lèche-bottes des big-shot, tant qu'il y aura des Westmount, des Town of Mount-Royal, des Hamstead, des Outremont, tous ces véritables châteaux forts de la haute finance de la rue St-Jacques et de Wall-Street, tant que nous tous, Québécois, n'aurons pas chassé par tous les moyens, y compris la dynamite et les armes, ces big-boss de l'économie et de la politique, prêts à toutes les bassesses pour mieux nous fourrer.


Nous vivons dans une société d'esclaves terrorisés, terrorisés par les grands patrons, Steinberg, Clark, Smith, Neople, Timmins, Geoffrion, J.L. Lévesque, Hershorn, Thompson, Nesbitt, Desmarais, Kierans (à côté de ça, Rémi Popol la garcette, Drapeau le dog, Bourassa le serin des Simard, Trudeau la tapette, c'est des peanuts!)


Terrorisés par l'Église capitaliste romaine, même si ça paraît de moins en moins (à qui appartient la Place de la Bourse?), par les paiements à rembourser la Household Finance, par la publicité des grands maîtres de la consommation, Eaton, Simpson, Morgan, Steinberg, General Motors...; terrorisés par les lieux fermés de la science et de la culture que sont les universités et par leurs singes-directeurs Gaudry et Dorais et par le sous-singe Robert Shaw.


Nous sommes de plus en plus nombreux à connaître et à subir cette société terroriste et le jour s'en vient où tous les Westmount du Québec disparaîtront de la carte.


Travailleurs de la production, des mines et des forêts; travailleurs des services, enseignants et étudiants, chômeurs, prenez ce qui vous appartient, votre travail, votre détermination et votre liberté. Et vous, les travailleurs de la General Electric, c'est vous qui faites fonctionner vos usines; vous seuls êtes capables de produire; sans vous, General Electric n'est rien!


Travailleurs du Québec, commencez dès aujourd'hui à reprendre ce qui vous appartient; prenez vous-mêmes ce qui est à vous. Vous seuls connaissez vos usines, vos machines, vos hôtels, vos universités, vos syndicats; n'attendez pas d'organisations-miracle!


Faites vous-mêmes votre révolution dans vos quartiers, dans vos milieux de travail. Et si vous ne le faites pas vous-mêmes, d'autres usurpateurs technocrates ou autres remplaceront la poignée de fumeurs de cigares que nous connaissons maintenant et tout sera à refaire. Vous seuls êtes capables de bâtir une société libre.


Il nous faut lutter, non plus un à un, mais en s'unissant, jusqu'à la victoire, avec tous les moyens que l'on possède comme l'ont fait les Patriotes de 1837-1838 (ceux que notre sainte mère l'Église s'est empressée d'excommunier pour mieux se vendre aux intérêts britanniques).


Qu'aux quatre coins du Québec, ceux qu'on a osé traiter avec dédain de lousy French et d'alcooliques entreprennent vigoureusement le combat contre les matraqueurs de la liberté et de la justice et mettent hors d'état de nuire tous ces professionnels du hold-up et de l'escroquerie: banquiers, businessman, juges et politicailleurs vendus...


Nous sommes des travailleurs québécois et nous irons jusqu'au bout. Nous voulons remplacer avec toute la population cette société d'esclaves par une société libre, fonctionnant d'elle-même et pour elle-même, une société ouverte sur le monde.


Notre lutte ne peut être que victorieuse. On ne tient pas longtemps dans la misère et le mépris un peuple en réveil.


Vive le Québec libre!


Vive les camarades prisonniers politiques!

Vive la révolution québécoise!

Vive le Front de Libération du Québec!

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"LA MARSEILLAISE"


 

Claude Joseph Rouget de Lisle,
 
capitaine du génie en garnison à Strasbourg, écrit à la demande de Frédéric de Dietrich, maire de la ville, le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, le 25 avril 1792, peu après la déclaration de guerre de la France révolutionnaire au Roi de Bohême et de Hongrie.


Un exemplaire du chant dédié à l’armée du Rhin parvient à Montpellier entre les mains de François Mireur récemment inscrit sur la liste des volontaires du bataillon de l'Hérault. Mireur gagne Marseille avec son unité. A la fin d'un banquet offert aux délégués par le Club des amis de la Constitution, il interprète le chant repris par l'assistance électrisée. Deux journalistes, Alexandre Ricord et Micoulin, après avoir demandé des copies du chant écrit par Rouget de Lisle, décident de le publier.


En route pour Paris les bataillons de fédérés marseillais commandés par Barbaroux se mettent à entonner le chant volant de ville en ville. Barbaroux écrira dans ses Mémoires : « Je me souviens toujours avec attendrissement qu'au dernier couplet de l'hymne, lorsqu'on chante : Amour sacré de la patrie, etc. tous les citoyens se mirent à genoux dans la maison et dans la rue. J'étais debout sur une chaise où l'on me retint : Dieu ! quel spectacle ! des larmes coulèrent de mes yeux. Si je fus pour eux en ce moment comme la statue de la Liberté, je puis m'honorer au moins de l'avoir défendue de tout mon courage. »


L'hymne est repris à l'entrée des fédérés marseillais dans Paris en juillet 1792. Un numéro de La Chronique de Paris note que les Marseillais « le chantent avec beaucoup d'ensemble et le moment où ils agitent leurs chapeaux et leurs sabres, en criant tous à la fois Aux armes, citoyens ! fait vraiment frissonner. Ils ont fait entendre cet hymne guerrier dans tous les villages qu'ils traversaient et ces nouveaux bardes ont inspiré ainsi dans les campagnes des sentiments civiques et belliqueux ; souvent ils le chantent au Palais-Royal, quelquefois dans les spectacles entre les deux pièces. »


Le chant est enseigné sur les places publiques et se répand à toute vitesse. Il est alors appelé Hymne des Marseillais puis deviendra La Marseillaise jouée dans tout le pays comme chant de la République combattante. Ce chant devient un véritable « Te deum révolutionnaire » selon l'expression de Goethe. Ainsi, après la victoire de Valmy, le général Kellermann demande au ministre de la guerre, Servan, l'autorisation de faire exécuter un Te Deum. « La mode des Te Deum est passée, lui répond Servan, il faut y substituer quelque chose de plus utile et de plus conforme à l'esprit public. Je vous autorise donc, général, si vous croyez avoir besoin d'autorisation, à faire chanter solennellement, et avec la même pompe que vous auriez mise au Te Deum l'Hymne des Marseillais que je joins ici à cet effet. »


La Marseillaise
est même mise en scène. Dans L'Offrande à la Liberté, orchestrée pour la première fois par Gossec, elle est offerte en spectacle le 2 octobre 1792.

La Marseillaise accompagne les grandes fêtes civiques. On lui ajoute des couplets dont certains sont chantés à la tribune de la Convention par les délégués de sections. On retiendra l'ajout d'un septième couplet dit couplet des Enfants, attribué à Louis Dubois ou à l'abbé Pessonneaux.
 
La Marseillaise l'emporte sur Le Chant du départ. En 1793 la Convention nationale décrète que La Marseillaise sera chantée dans tous les spectacles et, malgré la réaction thermidorienne qui aurait pu définitivement l'identifier à l'an II,  le 14 juillet 1795 (26 messidor an III), elle déclare La Marseillaise « Chant national » par décret adopté après une motion de Jean de Bry.

Au cours de la séance la Convention fait exécuter par l'orchestre de l'Institut national de musique le chant national que les députés écoutent debout et découverts. C'est dans l'enthousiasme qu'est adoptée la demande de Jean Debry « que l'hymne à jamais célèbre des Marseillais soit consigné tout entier dans le procès-verbal d'aujourd'hui. Cet excellent patriote fut incarcéré six mois sous la tyrannie de Robespierre, tandis que le chant dont il avait composé les paroles et la musique conduisaient nos frères à la victoire.
 
Je demande que le nom de l'auteur de L'hymne des Marseillais, de Rouget de Lisle, soit honorablement inscrit au procès-verbal d'aujourd'hui. Cet excellent patriote fut incarcéré six mois sous la tyrannie de Robespierre, tandis que le chant dont il avait composé les paroles et la musique conduisaient nos frères à la victoire. » Lors de la séance du 9 Thermidor an III, Bailleul ancien député girondin et futur Président, déclare : « L'hymne aux accents duquel nos soldats marchent est sacré ; et l'on ne doit pas le proscrire, parce que des cannibales l'ont profané en le chantant à la suite des voitures qui traînaient les victimes à l'échafaud. »


Moins de deux ans après le coup d'État du 18 Brumaire La Marseillaise est chantée officiellement pour la dernière fois le 14 juillet. Une dernière célébration de la République a lieu le 1er Vendémiaire an IX (20 septembre 1800). Jugée trop jacobine, interdite sous l’Empire, lui substituant Veillons au salut de l'Empire, puis la Restauration, elle resurgit sur les barricades des Trois Glorieuses, inspirant  la peinture de Delacroix « La liberté guidant le peuple ». Dans l'enthousiasme des journées révolutionnaires Hector Berlioz écrit un arrangement de l'Hymne de Marseillais à Grand Orchestre et à Double Chœur dédié à M. Rouget de Lisle, Auteur de la Musique et des Paroles.

La première version de l'œuvre est publiée par Schlesinger. Dans ses Mémoires Berlioz a rappelé l'émotion intense de la foule,  massée dans la galerie Vivienne à Paris, lorsque la foule reprit La Marseillaise entonnée par un petit groupe de jeunes gens : « A la vue de cet immense concours du peuple, je m'étais rappelé que je venais d'arranger le chant de Rouget de Lisle à grand orchestre et à double chœur, et qu'au lieu de ces mots : tenors, basses, j'avais écrit à la tablature de la partition : Tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines. » (Mémoires, XXIX) Le 20 décembre 1830 Rouget de Lisle écrit à Berlioz : « Votre tête paraît être un volcan toujours en éruption ; dans la mienne, il n'y eut jamais qu'un feu de paille qui s'éteint en fumant encore un peu. Mais enfin, de la richesse de votre volcan et des débris de mon feu de paille combinés, il peut résulter quelque chose. »


D'autres compositeurs aussi ont été ou auront été inspirés par le souffle de La Marseillaise tels Salieri, Schumann, Wagner, Liszt, Tchaïkovski et Debussy.

En 1832 les funérailles du général Lamarque, ancien soldat de la Révolution et de l'Empire, opposé à Louis-Philippe, sont l'occasion de violentes manifestations au cours desquelles les insurgés républicains entonnent La Marseillaise. Pour le sixième anniversaire des Trois Glorieuses est inauguré l'Arc de Triomphe comportant le haut-relief de Rude La Marseillaise.


La Marseillaise
reparaît en 1840 dans un climat nationaliste. Peu après en Allemagne sont créés le Deutsche Rhein de Nicolaus Becker, la Wacht am Rhein de Schekenburger ainsi que le Deutschlandlied écrit par August Heinrich von Fallersleben. La Marseillaise retentit à nouveau lors de la Révolution de 1848. « Sans arrêt le tambour, les coups de fusil, La Marseillaise. », écrit Heine. La Marseillaise est alors chantée dans l'Europe du printemps des peuples.


Sous le Second Empire La Marseillaise, à laquelle le régime préfère la romance Partant pour la Syrie composée en 1809 et attribuée à Hortense de Beauharnais, mère de Napoléon III, est interdite dans les lieux publics. C'est un chant séditieux et en 1869 le journal d'opposition La Lanterne d'Henri Rochefort reparaît sous le titre La Marseillaise.


Comme en 1792, comme en 1830 et comme en 1848, La Marseillaise revient avec la proclamation de la République et retentit sous la Commune.

« Aux armes, citoyens ! Aux fourches, paysans !

Jette-là ton psautier pour les agonisants,

Général, et faisons en hâte une trouée

La Marseillaise n'est pas encore enrouée. » (Victor Hugo, L'Année terrible)

Elle redevient « hymne national » sous la Troisième République, en 1879. Au cours d'une séance présidée par Gambetta, le 14 février, la Chambre des députés adopte l'hymne de La Marseillaise.

Elle est exécutée le 14 juillet 1879 à Longchamp. En 1880 le jour anniversaire de la prise de la Bastille (14 juillet 1789) et celui de la fête de la Fédération (14 juillet 1790) deviennent fête nationale. Sarah Bernhardt prête son concours à l'exécution de l'hymne national. Une version officielle est adoptée en 1887. A l'occasion du transfert des cendres de Rouget de Lisle aux Invalides  le 14 juillet 1915, Raymond Poincaré déclare :

« Dans la genèse de notre hymne national, nous trouvons à la fois un splendide témoignage du génie populaire et un exemple émouvant de l'unité française. » La Marseillaise est devenue incontournable ainsi qu'en témoigne la célébration du centenaire de la mort de Rouget de Lisle en juillet 1936 sous le gouvernement de Front populaire.  « La Marseillaise nous inspire dans notre lutte pour la paix, dans la sécurité, l'honneur et la dignité de notre peuple. », déclare alors Maurice Thorez. En 1938 c'est sous le titre de La Marseillaise que Jean Renoir met en scène la Révolution française.


La Marseillaise
résiste pendant la guerre au Maréchal, nous voilà ! et c'est à ce chant que les résistants bravent leurs bourreaux.

  Le général de Gaulle chantant La Marseillaise pendant la guerre

Ce sont les accents de La Marseillaise, qui symbolisent la liberté retrouvée à la Libération de Paris, tout au long de la journée du 25 août 1944.

  La Marseillaise et la Libération

La Constitution du 27 octobre 1946 reconnaît que l'hymne national est La Marseillaise, ce que consacre l’article 2 de la Constitution de la Cinquième République, l’associant au drapeau tricolore, à la devise de la République et au principe de démocratie.

La Marseillaise, au-delà du chant guerrier des origines accompagne la réconciliation et la paix.

  A Douaumont, près de Verdun, lors des célébrations du 70ème anniversaire de la bataille de Verdun, lors de l'exécution de La Marseillaise, le Président François Mitterrand et le Chancelier Helmut Kohl se tiennent la main sur le lieu même de la bataille la plus meurtrière de la Première guerre mondiale

Aujourd’hui La Marseillaise est bien plus que l’hymne national. « Ce cri de la France prolongé d’échos en échos » est un message chanté sur tous les continents par les combattants de la liberté.

 




Évocation de l'hymne national
par Maurice Le Roux

 

Analyse musicologique de La Marseillaise
et de l'évolution de ses différentes versions
par Jacques Chailley

 





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