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1- QUÉBEC : L'HOMME LE PLUS FORT DU MONDE DONNE DES MAUX DE TÊTE à la direction des « Records Guinness »
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par MICHEL CLOUTIER journaliste d'enquête Journal Québec-Presse MONTRÉAL —
Christian Michelin, l'homme le plus fort du monde, déroute la direction même des « Records Guinness» avec sa mâchoire d'acier. Dépassé par ces exploits, « Guinness» aimerait bien que soient «morcelées» les prouesses stupéfiantes toujours inégalées de Michelin pour les rendre compétitives, à tout le moins, avec les autres grands athlètes de notre bonne vieille terre.
Rien à faire ! C'est la grande crise du jour, dirait-on chez « Guinness ». Un tête à tête pacifique entre eux et le héros Michelin conduirait à une solidarité universelle des forces de la nature et éviterait de jeter le doute sur la crédibilité de cette « encyclopédie des records ».
En effet, le fameux et convoité « Livre des Records Guinness » ne sait plus où donner de la tête. La direction semble bouder à jamais ce Québécois en ignorant ses hauts faits sans précédent. Une foncière indifférence. Et pourtant, ses records sont exécutés devant des personnalités officielles.
Français d'origine installé à Shawinigan depuis 1967, Christian Michelin s'amuse malgré tout à prendre un malin plaisir à défier les meilleurs « titans » de la terre, notamment ceux qui se dressent les uns contre les autres lors des tournois annuels à travers la planète, déroulées sous les feux de la rampe et que diffuse l'empire de la télé américaine, captée et scrutée à la loupe par la direction même du « Guinness » de Paris. Des exploits à ébahir des millions de téléspectateurs.
Malgré tant d'incroyables prouesses officiellement homologuées, Michelin s'interroge sur le silence persistant, pour ne pas dire étrange à la maison parisienne du livre des Records Guinness. Son nom n'est toujours pas inscrit en dépit des records pulvérisés. Il est réduit au silence. Mais l'inépuisable Michelin sait survivre à tous les malentendus. Il ne bronche pas. C'est le mouvement de sa vie sur un fond de liberté ; mouvement historique.
Hautement morale, sa précieuse liberté gère les instances suprêmes qui se fondent en lui. Un impératif moral avec l'élégance de l'artiste dans la zone inviolée de son être avec cet entêtement surnaturel de la volonté de puissance. Ainsi, Michelin ne brise rien par effraction. Le pouvoir du coeur avant tout dans sa besogne quotidienne.
« J'ai éliminé de leur livre Guinness tous les records européens dans ma catégorie. Et j'espère qu'ils vont enfin se mettre à la page et me signaler. Car Guinness est encore considéré comme sérieux », relate-t-il, sans animosité.
«NE FAITES PAS ÇA, LA TÊTE VA VOUS ARRACHER »
En tête des champions de la force de la planète, Christian Michelin est un mélange explosif de forces naturelles et spirituelles. L'une ne va pas sans l'autre. « Vous savez, j'ai la foi et je puise ma force physique et mentale en Jésus-Christ. Mes exploits, je les fait pour la seule gloire de Dieu », confesse-t-il. Le coeur y est et toute forme de vanité est ainsi suprimée.
Michel Bourg, son compagnon de jeunesse de la ville de Troyes dans l'Aube en France, répète à qui veut l'entendre que « Christian Michelin est toujours l'homme le plus fort au monde. » Rien de moins.
Assistant à un récent tournoi dans la région de Sainte-Thècle en Mauricie, pour analyser les tours de force qui s'y déployaient et auxquels participait notamment Hugo Girard, champion québécois et canadien, Michelin s'amuse et ose cette pointe d'ironie amicale: « Hé, les p'tits gars, je lève ça par la mâchoire ! ».
Tous éclatent de rire. Mais un rival plus pesant que les autres s'avise : « Ne riez pas les gars, ça c'est la mâchoire d'acier devant nous. C'est vrai qu'il est capable. » Loin de faire la sourde oreille, le colosse en question s'approche de l'intrigant Michelin et s'attarde à discuter de prouesses physiques. Il est vrai que les durs et les bornés demeurent inaccessibles aux échanges. Rien ne peuvent les attendrir.
«J'ai dit à ces sympathiques hommes forts : 'ce que vous faites vous, moi je ne le fais pas. Mais ce que je fais moi, n'y pensez pas. Alors là il n'y aura pas de chicane, pas de bagarre ni de bataille'.»
En effet, ayant la plus puissante mâchoire du monde, Michelin en étonne plus d'un. À son dernier exploit au concours des camionneurs de Saint-Georges-de-Champlain (en Mauricie), un spectateur pris de panique se met à lui crier : « Michelin, ne fait pas ça, la tête va t'arracher ! » Le titan tombe quand même dans une virulente agressivité et muni de son embout buccal se met à tirer deux camions-remorques en même temps. Stupéfaction ! Les 86 000 livres bougent, c'est à les dévorer par les mâchoires.
« Je veux en tirer trois en même temps ! », échappe ensuite Michelin, en haleine. Il est loin de cesser d'exister après l'exploit réussi. Comme pour se refléter encore davantage dans une facilité déconcertante, sans meurtrissure ni brûlure musculaire. Où sont dont passées ses vieilles douleurs ? Étant doué d'un pouvoir d'absorption, le titan assimile cette violence bien accomplie sous une discipline de fer. Et ses exploits deviennent un « fait naturel » chez lui... mais exceptionnels, tel un surhomme pour le commun des mortels.
Tenant son public en perpétuelle haleine, Christian Michelin a déjà soulevé 502 kilos par la mâchoire. Record inégalé. Aurait-il le triomphe facile ? Certes non puisqu'il s'entraîne régulièrement. Pas de gloriole du déjà -fait chez ce redoutable athlète.
UN RENTIER DE LA VERTU Devenu un rentier de la vertu en ses 69 ans, il ne s'enlise pas dans le contentement. N'étant pas à l'abri des mauvaises inspirations, le Samson moderne n'a pas la conscience effarouchée pour autant. L'intention spirituelle compte avant tout.
Il y a vingt ans, il a retenu au sol deux avions en même temps de type « Cesna » (90 chevaux chacun) à Trois-Rivières. « Je les ai cloué au sol pendant plusieurs secondes, uniquement par la mâchoire. Une source d'attraction de 1200 livres anglaises testée par dynamomètre », dit-il. L'exploit se passe de commentaire.
Étant sans rival dans sa catégorie, il ne désarme pas.
UNE FASCINANTE HISTOIRE
Devenu un personnage, pour ne pas dire une légende, l'histoire de Christian Michelin fascine. Aucune puissance trompeuse chez lui. C'est en France, sur les bancs de l'école Saint-Joseph de Troyes en 1952, sous les Frères de l'Instruction chrétienne, qu'il prend connaissance de son exceptionnelle force. Il a quatroze ans. L'adolescent est sans histoire. Il ne sait encore rien de sa destinée qui le fera naître, non dans le péché, mais dans la force herculéenne. Et les événements vont se précipiter. Sans le moindre désordre éducatif.
Voilà que son professeur annonce à toute la classe la venue prochaine sur la place publique de Troyes, d'un phénomène, l'hercule André-Jean Legall, un Breton comme lui. Le « monstre » Legall s'amènera sur un podium. La foule va l'entourer, stupéfaite de le voir s'acharner à casser un grand manche de pioche en le frappant sur son thorax à quatre reprises. Avec rage.
« C'est là , sur le podium, que par un jeu de jambes, il s'est mis à fracasser un grand manche de pioche en le frappant sur son thorax», raconte M. Michelin
Devant l'exploit, l'adolescent ressent une secousse intérieure, une sorte de fulgurence. « J'ai été frappé, assommé, et tout s'est réveillé en moi, des forces montaient en moi.»
Le voilà conquis par les démonstrations du champion breton Legall.
Transformé comme l'éclair, le lycéen se met à pratiquer en cachette sa force mystérieuse en soulevant sans répit, de ses mâchoires, une bassine d'eau de cent livres. Surpris par sa mère Jeanne, celle-ci tente vainement de le décourager. La maman craint trop le côté insolite de ce don spectaculaire.
CINQ ANS PLUS TARD...
Pratiquant un vouloir héroïque, le jeune Christian, intentionnellement orienté en ses 19 ans, devient vite un petit dieu dans le rayon des éclats athlétiques : à peine sorti de l'adolescence et ne pesant que 125 livres, le voilà qu'il se met à tirer un autobus avec ses dents. Puis il retient un petit avion de 90 chevaux.
Voilà sa première ride sur le front !
C'est le bonheur total dans sa limpide innocence, sans perdre la tête (!) à distribuer son or aux passants s'il en avait, tellement la maîtrise de soi du jeune homme est exemplaire, tournée vers l'amour du prochain. Aucune intention hautaine ou mesquine à l'horizon.
Le jeune champion prouve ainsi la puissance de la traction... maxillaire ! Des mâchoires puissantes de carnassier. À lui éviter les plus grands supplices.
«Mes exploits de jeunesse n'étaient pas pour dominer mon entourage mais pour rendre hommage au Créateur de notre vie. Je disais aux jeunes de mon âge que cette force en moi était de l'amour au service de Dieu et du prochain», explique l'hercule français. Un besoin de sa vie comme une fringale. Et les adolescents s'en étonnent à l'entendre ainsi parler du mystère de l'amour. « On est jamais trop pressé d'en finir avec la haine », fait-il remarquer aujourd'hui.
À l'affût des nouveautés suprêmes, Legall, recorman mondial à cette époque, se tourne tout intrigué vers le jeune prodige Michelin qui n'en est pas à son dernier soupir puisqu'il déguste la levée des poids avec autant de passion que le maître. Rencontre paisible et raisonnable entre les deux hommes. C'est à revigorer la jeunesse de Michelin et à devoir ranimer Legall dans ses prochaines prouesses.
« Je suis devenu l'émule d'André-Jean Legall », s'émeut-il.
ATTIRÉ PAR LE QUÉBEC
Sachant que le Québec est le berceau des hommes forts dans le monde, Christian Michelin décide d'émigrer avec sa petite famille au pays des Louis Cyr et Victor Delamarre en 1967. Il a 29 ans. Puisqu'il travaillait dans une grande usine de métaux et de soudure, il va finir par dénicher un poste à la Fonderie Grand-Mère en Mauricie, après quelques emplois dans le domaine des fruits et légumes de la région de Shawinigan, chez Arthur Riquier.
Allant jusqu'au bout de lui-même, Michelin s'est installé un système pneumatique pour la levée de ses poids dans sa salle d'entraînement. Conçu par Florideau Champagne, machiniste à la retraite, ce système permet une pratique régulière en vue du grand jour. Deux boutons de commandes, l'un pour le départ et l'autre pour l'arrêt avec feu rouge et feu vert, sont aussi mis au point par M. Champagne. Il met son savoir-faire dans cette fascinante aventure pour le plaisir de la chose.
Deux cylindres levant de lourds disques de 650 livres sur commande, constitue une charge d'entraînement reliée à un câble de halage en acier et qui se tend à volonté pour les exercices à la mâchoire. Les trucs ne manquent pas. PHOTOS À VENIR
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