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Publié par verbe le 06/08/2013 17:20:00 (1665 lectures) Articles du même auteur

lac_22_67_400le train fou qui

sème la terreur et la mort



 

 

Les bras en croix, le curé  Steve Lemay

supplie Dieu d’exorciser le mauvais sort du centre-ville


 

Par MICHEL CLOUTIER

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JOURNAL QUÉBEC PRESSE

LAC-MÉGANTIC, QUÉBEC — Le mercredi 6 août 2103

 

 

 

lac_565665_400«Il ne fallait pas que ce feu dévastateur franchisse le seuil de la statue. Le Seigneur m’a entendu et je crois qu’il a aussi entendu une foule de paroissiens qui lui avaient manifesté la même demande.»

 

 D'une ferveur à toute épreuve en voyant cet enfer de flammes progresser vers lui, le curé Steve Lemay, au soir du six juillet dernier, s'est spontanément mis à prier, les bras en croix, debout, oubliant l'angoisse et la panique.

 

Dans l'intense chaleur, devenue insupportable, la foi pure, sans défaillance l'habitait, à l'instar de certains paroissiens qui, comme lui, se mirent en prière au risque d'être foudroyés à tout moment par les énormes explosions qui émanaient des wagons-citernes empilés, déchiquetés. 

 

lac_4534_400L'horrible fournaise fut stoppée, épargnant ainsi l'église comme si la puissance de la prière  déployait une force de réssistance supérieure au brasier qui paru alors "frapper un mur spirituel" dans l'écho retentissant de la foi du peuple.

 

 "J'étais seul et c'est la prière qui a jailli"

 

"J’étais seul et c’est la prière qui a jailli, raconte-t-il doucement, le visage détendu, au journaliste Mario Leclerc du Journal de Montréal. "Ce n’était pas pour attirer les regards mais, pour moi, la statue représentait un symbole." 

 

 

 

lac_2_400«Notre curé a été exaucé. Appelez ça comme vous voulez, mais pour moi c’est un miracle», mentionne le président de la Fabrique Gérard Fortier. Prouesse spirituelle.

 

Un mois après la tragédie ferrovière qui pulvérisa le centre-ville de Lac-Mégantic,  les moments de terreur restent aussi présents dans les esprits des rescapés. Selon la 

Sûreté du Québec (SQ) la catastrophe a fait 47 victimes Jusqu'ici, les dépouilles de 42 de ces victimes ont été retrouvées dans les décombres du centre-ville détruit. Cinq corps n'ont donc toujours pas été récupérés.

Par ailleurs, le bureau du coroner a indiqué avoir formellement identifié 22 victimes.

 

 

 

lac_769_400Une dépêche de La Presse canadienne précise que l'inspecteur Michel Forget a d'autre part expliqué que la «phase un» des recherches était désormais complétée et que les policiers avaient fouillé tous les secteurs accessibles du site, ce qui leur a permis de répertorier certains endroits qui feront désormais l'objet de recherches plus concentrées pour la «phase deux».

Toutefois, les équipes prendront une journée de repos bien méritée samedi, avant de reprendre le difficile travail dimanche. De nouveaux équipements spécialisés sont attendus pour aider les équipes à progresser dans leurs recherches.

 

 

Interrogé sur le fait que la compagnie à l'origine de la tragédie, Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA), avait demandé à ses employés de ne plus répondre aux questions des policiers, l'inspecteur Forget a sèchement répondu que la SQ posera des questions à tous ceux à qui elle veut poser des questionS

 

Revue de presse

 

 

 

Lac-Mégantic: le miracle du Sacré-Cœur

Mario Leclerc

 

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Journal de Montréal, Publié le: lundi 15 juillet 2013, 23H07 | Mise à jour: lundi 15 juillet 2013, 23H19

 

LAC-MÉGANTIC, Québec —

Il y a de ces faits extraordinaires, inexplicables scientifiquement, qu’on attribue à une puissance divine et qui vous remuent la foi intérieure. Les chrétiens appellent ça des miracles.

Ces phénomènes sont d’autant plus troublants pour ceux qui ont mis leur foi en veilleuse malgré une éducation judéo-chrétienne rigide datant des années 1950 et 1960.

 

Je suis de ceux-là.

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Même si je porte toujours au cou la croix d’or qui a «protégé» mon défunt père durant ses 30 années de travail dans les mines sous-terraines d’amiante à Thetford-Mines, je suis un catholique non pratiquant qui se pose encore des questions sur la nécessité de tout cela.

Mais il arrive des événements, comme celui de Lac-Mégantic, qui vous secoue le pommier au point de remettre en question vos croyances. Ou celles que vous auriez perdues en cours de route…

50 pots de fleurs

J’étais à l’église Sainte-Agnès hier matin dans laquelle on a érigé un mémorial sous le thème «La voix du cœur».

À l’intérieur (les médias ont eu accès aux lieux en matinée), des citoyens et visiteurs circulaient en silence et s’arrêtaient devant l’autel où sont placés des tableaux placardés de centaines de messages en forme de cœur.

 

 

lac.j222pg_400Les gens ne comprennent toujours pas ici pourquoi tout ce malheur a frappé sur une communauté si paisible.

«Qui a dit que la vie était juste», a d’ailleurs écrit une dame prénommée Ginette.

À l’extérieur, des employés des Serres Saint-Élie s’affairaient à placer le nombre symbolique de 50 pots de fleurs sur le parvis de l’église, de même que sur la place du Sacré-Cœur. Ce jardin est dominé par une énorme statue de Jésus, les bras ouverts, et au pied de laquelle, sur le socle, on peut y lire un message prémonitoire : «Cœur de Jésus, sauvez nous».

Demande exaucée

Devant ce lieu de recueillement, les gens discutent dehors sur le sens de la vie, en ayant les yeux rivés juste en face sur le désastre, là où le train d’enfer a causé l’irréparable. Le feu s’est arrêté juste là. Quelques mètres de plus, et l’église, vieille de 100 ans, y passait.

 

 

lac_400Or, plusieurs paroissiens que j’ai rencontrés sur place, hier matin, m’ont raconté que c’est l’intervention divine, ou plutôt celle du curé Steve Lemay, qui a contribué à sauver ce lieu de culte des Méganticois et Méganticoises de confession catholique.

Une information confirmée par monsieur Lemay lui-même lors d’un entretien avec lui.

Le parc du Sacré-Cœur a servi de pare-feu aux flammes géantes, sauvant l’église de sa disparition.

En fait, dans les minutes qui ont suivi l’explosion, au moment où le centre-ville se désintégrait sous le feu extrême, le jeune curé de 35 ans est sorti du presbytère, est descendu sur la pelouse à côté de la statue et a imploré le Sacré-Cœur de se manifester afin de protéger l’église et d’arrêter tout ce gâchis.

Les bras en croix, il a supplié son Créateur d’exorciser le mauvais sort du centre-ville.

«J’étais seul et c’est la prière qui a jailli, raconte-t-il doucement. Ce n’était pas pour attirer les regards mais, pour moi, la statue représentait un symbole. Il ne fallait pas que ce feu dévastateur franchisse le seuil de la statue. Le Seigneur m’a entendu et je crois qu’il a aussi entendu une foule de paroissiens qui lui avaient manifesté la même demande».

«Notre curé a été exaucé. Appelez ça comme vous voulez, mais pour moi c’est un miracle», mentionne le président de la Fabrique Gérard Fortier.

Le Bien triomphe du Mal

Il faut savoir qu’au-delà du symbole, sur le strict plan matériel, le toit et le clocher de l’église Sainte-Agnès ont été remis à neuf pas plus tard que l’an dernier, au coût de plus d’un million de dollars.

Le tout grâce à la générosité des gens de la place puisque le projet de réfection n’était pas admissible aux subventions gouvernementales. Dans une petite communauté de 6000 habitants comme Lac-Mégantic, on ne récolte pas autant d’argent sans compter sur de nombreux paroissiens convaincus.

Quoi qu'il en soit, le geste du curé Lemay a de quoi donner froid dans le dos. Si la foi transporte les montagnes, elle peut aussi avoir le pouvoir de stopper des feux meurtriers.

À preuve, l’église Sainte-Agnès est encore debout après la tragédie, elle qui s’avère le lieu de rassemblement par excellence des sinistrés, des citoyens et des visiteurs. Elle fait même un pied de nez au train ravageur à quelque 100 mètres de là.

À une époque où la foi vacille, il est bon de savoir que parfois il arrive que le Bien triomphe du Mal.

Concours de circonstances ou miracle? À vous de juger…


Lac-Mégantic —REVUE DE PRESSE—

Au coeur de la zone dévastée

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Sarah Bélisle @

Journal de Montréal

Bilan de la Journée

51 véhicules

Des techniciens en identification de véhicules ont été appelés en renfort pour analyser les 51 véhicules recensés sur les lieux du drame. La SQ veut s’assurer que tous les propriétaires de ces véhicules ne font pas partie des victimes.

Lire la suite

Dossier

Au-delà des clôtures qui encerclent la zone dévastée de Lac-Mégantic, la scène est bien pire que ce qu’on pouvait imaginer  : des bâtiments réduits en miettes, des morceaux de métal tordus, des arbres calcinés toujours debout, des squelettes d’immeubles empêtrés.

Mais ce qui frappe en pleine figure à l’entrée du site, c’est cette montagne de wagons-citernes calcinés, empilés pêle-mêle, qui témoigne de la violence de l'impact. Au pied de cet amas de ferraille, les travailleurs de l’immense «scène de crime» semblent bien petits.

Impossible de ne pas saisir sur-le-champ toute la violence de l’arrivée du train en ville. Et aussi de la terreur qui a dû s’emparer de tous ceux qui s’y trouvaient.

Le grincement du train qui dévale la pente à toute allure. Le sol qui tremble. Le fracas des premiers wagons qui déraillent. Le vacarme produit par l’explosion. Les immeubles soufflés. Les cris de ceux qui fuient pour leur vie. Le centre-ville qui s’embrase d’un coup. La coulée de pétrole enflammé qui rase tout sur son passage avant de se déverser dans le majestueux Lac-Mégantic.

Pourtant, on imagine presque le bonheur qui régnait sur la rue Frontenac, quelques secondes avant l’explosion qui a soufflé ce secteur de Lac-Mégantic. Aujourd’hui, le Musi-Café et la bibliothèque ne sont plus. Dans la courbe où le train a déraillé, c’est maintenant une petite tente verte de la SQ qui habite l’endroit.

Un contraste

Le 6 juillet 2013 à 1 h 14, la nature a décidé de la vie ou la mort de gens et de lieux. D’un côté, les bourgeons fleurissent toujours. De l’autre, les tiges sont en cendres. Le centre-ville patrimonial léché et soigné côtoie de près des édifices voisins totalement rayés de la carte.

On dirait presque qu’une ligne de démarcation avait été toute tracée à l’avance. L’explosion et la coulée de pétrole ont été impitoyables.

Une maison a été rasée jusqu’au sol. Sa voisine a été épargnée.

Poussée par le vent, l’odeur fétide du train pétrolier incruste narines et pores. Les matières dangereuses ont imprégné les sols, les berges et l’air du périmètre. À la lumière de cette visite, la patience sera de mise avant que la vie reprenne son cours normal, même si des experts s’affairent à puiser sans arrêt le liquide noir.

Ces lieux ont complètement été anéantis par les flammes, et l’ampleur du courage que devront avoir les gens de Mégantic lors des prochains mois sera gigantesque. Néanmoins, les Méganticois démontrent depuis la catastrophe qu’ils ont l’intention de tenir bon et de rester debout, comme le kiosque à musique, resté intact au parc des Vétérans.

- Avec Nicolas Lachance, Agence QMI

 

 

 

 

 

 

 

 

Par la faute d’un train fou

Le travail des pompiers, des policiers et des enquêteurs se poursuivait vendredi dans la « zone rouge ». Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir Le travail des pompiers, des policiers et des enquêteurs se poursuivait vendredi dans la « zone rouge ».









Consultez notre dossier
sur la tragédie de Lac-Mégantic
 
 
« La ville des âmes en peine. » C’était le titre qui coiffait un article de Rémi Tremblay, journaliste à l’Écho de Frontenac, l’hebdo de la région de Lac-Mégantic, lundi dernier. Un titre on ne peut plus évocateur, toujours criant de pertinence une semaine après la dérive d’un train fou, parti on ne sait toujours comment ni pourquoi à vive allure vers le coeur de Lac-Mégantic, y détruisant au passage vies humaines, patrimoine et environnement.

Les bureaux de l’Écho étaient situés sur la rue Laval, en pleine « zone rouge », à quelques jets de pierre du cratère laissé par le passage de cinq locomotives de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) et de leurs 73 wagons remplis chacun de 100 000 litres de pétrole brut. On connaît la suite : course folle, déraillement, entrée de front dans un resto-bar plein à craquer pour une première soirée d’été invitant à la fête, au bonheur de chanter, au plaisir entre potes.


« La fin de semaine allait être agréable, surtout que la température chaude acclamait le retour de l’été après des jours de pluie », écrit Rémi Tremblay dans ce papier détaillant une sorte de fin du monde, parsemé des noms de tous ces gens qu’il connaissait, de toute évidence. « En soirée, le Musi-Café accueillait une masse d’habitués et de nouveaux venus. » Fauchés au début d’une nuit chaude, une cinquantaine de citoyens endormis ou faisant la fête, selon le décompte le plus récent de la Sûreté du Québec et du Bureau du coroner, ont perdu la vie dans une succession d’explosions et un brasier d’une intensité rare.


Pourquoi et comment ? Une semaine après cette tragédie dont les Méganticois se remettront, mais à toutes petites doses, les questions s’amassent, plus troublantes les unes que les autres. Outre la séquence d’événements, que le Bureau de la sécurité des transports du Canada permettra d’éclairer avec son enquête, il y a de tout pour tous dans la malle à interrogations : autant de pétrole en circulation sur nos voies ferroviaires confronte les citoyens à une dépendance énergétique qui n’est pas en voie de s’éteindre. Et la sécurité ? Et l’état des voies ferrées ?


La gamme des états d’âme


Mais avant de plonger dans ces grands débats de nature politique, environnementale et économique, l’heure est à la reconstruction pour les 6000 habitants de Lac-Mégantic. L’ouverture de la « zone jaune », jeudi, a permis de saisir encore un peu plus en images l’immensité de la dévastation. Des wagons-citernes empilés. Des maisons disparues. Comme les débris qui jonchent la scène de crime vadrouillée par 200 policiers, et qui est analysée au peigne fin à la manière des archéologues pour retrouver dépouilles et preuves, ce sont des couches de détresse qui s’amoncellent sur l’âme des Méganticois.


« La vie reprend tranquillement, malgré tout », racontait jeudi après-midi Jean Gauthier, dont la maison de la rue Agnès, de l’autre côté de la rivière Chaudière, offre une vue imprenable sur la ville incendiée. « Je vois du linge sur la corde, j’entends des tondeuses. »


Vif contraste d’avec l’impression de ville fantôme des premières heures. Samedi midi, alors que grondaient encore l’immense brasier et sa fumée toxique et noire au bout de la rue Laval, un silence de… mort emplissait la ville. Hormis quelques restaurants devenus des points de rencontre essentiels, et l’école secondaire transformée en refuge d’urgence, la ville aux âmes en peine perturbait le nouvel arrivant par l’anormalité de son calme.


M. Gauthier a perdu des amis dans le drame. Lui-même l’a échappé belle : comme des dizaines de ces rescapés du hasard, il était au Musi-Café jusqu’à 19 h, mais a dû retourner au bercail pour terminer un projet - ô ironie, quand tu nous tiens : le publicitaire devait terminer la carte interactive des meilleurs attraits de la région, dont 12 aujourd’hui sont partis en fumée… « J’avais promis à des chums que j’y retournerais vers 23 h, mais j’étais trop crevé. Je suis resté à la maison. » Divine décision. Des récits comme le sien, il y en avait à cueillir au coin de toutes les rues cette semaine.


Depuis le balcon de son deuxième étage, Jean Gauthier a vu la ville s’embraser. La vidéo qu’il en a tirée est saisissante. Le « train d’enfer », comme il l’appelle, a arrêté sa course dans sa cour, où la voie ferrée passe depuis toujours, avec tous ses irritants. « Je l’ai dans la face jour et nuit. La nuit, il est éclairé pour la surveillance, c’est tellement lugubre. » Les quatre rangées de maisons qui l’empêchaient de voir l’église ont brûlé. Au loin, des experts de tout acabit dépouillent une scène de crime. On ose à peine y plonger le regard…


Ville fantôme


Lorsque cette opération aussi délicate que nécessaire sera terminée, le retour en ville, où la rue Frontenac et nombre de ses commerces ont été rasés, sera douloureux. « Je ne sais pas comment je vais réagir, ce sera une ville remplie de fantômes. Je veux la voir, parce que c’est essentiel, mais en même temps, je ne veux pas. J’ai peur », dit M. Gauthier, qui comme plusieurs concitoyens, rôdait en ville mercredi pour apercevoir la bouille d’Ed Burkhardt, grand patron de MMA.


En attendant que l’on comprenne ce qui a bien pu faire avancer un train tout seul, la ville doit songer à se réinventer tout en procédant à un bilan des morts qui n’est pas terminé - le sera-t-il jamais ? Au cours de la semaine, le vocabulaire de la tragédie a beaucoup changé. Dimanche, lundi, on « cherchait » encore les disparus, une rengaine reprise même par les autorités. La force spectaculaire des flammes et, surtout, l’incapacité totale pour les secours d’accéder au noyau du drame pendant au moins trois jours laissaient pourtant très peu de place à l’espoir. Ce n’est que mercredi qu’on a commencé à parler de personnes « vraisemblablement décédées ». Désormais, les citoyens sont en deuil. Tous ont perdu un membre de la famille, un proche, un collègue ; certains, tout cela à la fois.


Dans les rues de la ville, au fur et à mesure que le périmètre de sécurité diminuait et que les occupants retrouvaient maisons et habitudes, on a vu déambuler des intervenants psychosociaux pour offrir du soutien, de tout acabit. De la bouteille d’eau à l’accolade, les besoins sont multiples.


L’indicible commence à circuler dans les conversations. Un respect élémentaire commande de ne pas s’aventurer dans cette bulle de douleur. Mais nous avons tous compris, alors que les citoyens se recueillaient vendredi soir en une première veille de deuil, que relever Mégantic est une opération qui vise bien plus l’âme d’une communauté, écorchée ces jours-ci de manière quasi inconcevable, que les murs effondrés d’un centre-ville.


***

Samedi À 1 h 14, un train de la Montreal, Maine and Atlantic Railway déraille aux abords du Musi-Café, rue Frontenac, entraînant une suite d’explosions incendiaires et destructives. La première ministre Pauline Marois y voit un immense pan de « désolation ».

Dimanche Au moins 2000 sinistrés errent en ville, et cinq décès sont confirmés, alors qu’on soupçonne au total une quarantaine de disparus. Le premier ministre Stephen Harper parle d’une « zone de guerre ».

Lundi Les bilans s’alourdissent : jusque-là, 13 dépouilles ont été tirées des décombres, et les autorités calculent que 50 personnes manquent à l’appel. Les policiers ont enfin pénétré le secteur dit « zone rouge ».

Mardi L’enquête progresse : le Bureau de la sécurité des transports du Canada dévoile une chronologie des événements et la Sûreté du Québec n’écarte pas la thèse de la négligence criminelle. Quinze décès sont confirmés.

Mercredi Très attendu par des citoyens en colère, le président du conseil d’administration de la MMA, Ed Burkhardt, se dit « dévasté » et offre ses excuses aux citoyens. Ce passage attise leur colère. Le nombre de décès atteint 20.

Jeudi Pauline Marois annonce un plan d’aide de 60 millions de dollars pour soulager les sinistrés. Il s’agit d’une première phase. 24 corps sont maintenant retrouvés, dont une première victime identifiée. Il ne reste plus que 200 sinistrés hors de leurs maisons.

Vendredi 28 décès sont confirmés parmi lesquels huit victimes ont été identifiées. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada explique l’ampleur de l’enquête qu’il doit mener, ce qui pourrait prendre des mois. «Nous sommes très loin de ce moment.» Une veille est organisée à la mémoire des victimes.

  

 

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