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Charles Bonneville : LE JOURNALISTE PARISIEN CHARLES BONNEVILLE
Publié par admin le 24/10/2012 17:50:00 (4907 lectures) Articles du même auteur

charles_44222_400 « Journal d'un désabusé »
CHARLES BONNEVILLE À COEUR OUVERT  


 

 « Je suis devenu un pro sans faire trop de vagues…»

 

 

Par CHARLES BONNEVILLE

 charles_44222_400

 Collaboration spéciale

JOURNAL QUÉBEC PRESSE

PARIS — Le vendredi 3 août 2012. Réédité le mercredi 24 octobre 2012.

Note de la rédaction:

charles_55_400.Rien de déroutant chez Charles Bonneville, brillant journaliste parisien. D'un réalisme pressant et tout esthétique, sa plume connaît la fraîcheur de la virtuosité verbale. Sa collaboration au Journal Québec Presse nous fait découvrir un style télégraphique sans frivolité.

L'efficacité avant tout.

Tout est dit à devoir escalader les degrés du métier, d'une salle de rédaction parisienne à l'autre.

 

Photo: Charles Bonneville, journaliste parisien.

 

En fait, tout ce qui trotte dans la tête de ce journaliste pas tout à fait comme les autres, annonce les mêmes réflexions de ce côté-ci de l'Atlantique, où les médias québécois et canadiens-anglais projettent leurs intérêts mercantiles et politiques, paradoxalement à même les perspectives idéalisées de la liberté de presse. Or, cette précieuse liberté, sacrée à la Beaumarchais, demeure relative, étant sous contrôle des magnas de la presse, en France, au Québec et partout ailleurs dans les pays démocratiques.

 

 

Passé maître dans l'analyse de ces fonctions vitales, Charles Bonneville nous introduit dans cet univers aussi fascinant qu'intriguant du journalisme.

Michel Cloutier, journaliste-éditeur. Les sous-titres sont du Journal Québec Presse. 

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 charles_444_400

« Journal

d'un désabusé »

par Charles Bonneville

 

On a fini par tous se ressembler

 

 

Les journalistes français de 30 ans
passent inaperçus dans une rédaction.

La vérité c’est qu’à force de singer nos prestigieux anciens, on a fini par tous se ressembler.

Nous ne sommes plus désormais que
des silhouettes assises (pas le temps
d’aller sur le terrain) dissoutes dans
des guenilles de vieux conformistes.
L’un remplace l’autre, aucun ne sort
véritablement du lot.

Salariés fragiles et interchangeables,
on dispose de nous à loisir, nous vire,
nous rappelle, cesse de nous appeler.
Et nous, eh bien, on se laisse faire,
obsédés par la crainte de l’oisiveté.

Cette réalité, ma réalité, j'ai tenté de
la restituer dans ce texte à travers le
récit d’une journée de travail assez
marquante.

Lundi 25 novembre, peu après 9
heures, lors d’une conférence de presse
sur un projet de réhabilitation de vieux
immeubles…

Bon sang ! Qu’est-ce que je fous là ! En
six ans de journalisme, j’ai dû assister à
plus d’une centaine de conférences de
presse comme celle-ci sans me poser de
questions (on ne fait plus que ça en presse
économique). Et soudain, ce matin, on ne
sait pourquoi, le brouillard se dissipe… j’y
vois enfin clair.

Sans blague, à quoi ça rime tout ça ?
J’ai parcouru 400 km pour écouter bien
sagement des promoteurs encenser un
projet immonde face à un parterre de
journalistes hébétés.

Je sers de porte voix

Lors que je devrais être sur le terrain à
interroger les futurs locataires, les riverains,
à vérifier les déclarations officielles… Me
semble t’il ! Mais non ! Au lieu de ça,
complice et discipliné, je sers de porte voix
à des industriels douteux qui me rabâchent
à tour de rôle : « Je ne sais pas si mon
collègue vous l’a dit mais on vous a mis
de côté deux très bonnes bouteilles… pour
vous remercier de vous être déplacé si
loin de Paris. » Et, d’ajouter (pour les plus
consciencieux), sur un ton obséquieux :
Vous allez nous écrire un bel article
hein ? Hein ? Hein ? »

Corrompu ! Voilà ce que je suis. Vendu !
Pour un montant dérisoire : deux bouteilles
de Brut. Un montant à la hauteur de l’image
médiocre mais malheureusement juste que
je renvoie. Celle d’un jeune cadre précaire
sans relief qui ferait n’importe quoi pour
travailler un peu. Si mon grand-père me
voyait monnayer mon esprit critique d’une
manière aussi vulgaire, il se retournerait
dans sa tombe.

 

Complaisance

Le dithyrambe se poursuit, insipide et
lénifiant : « Chers amis de la presse (on
nous appelle souvent comme ça.), précise
encore l’un des promoteurs, ces vieilles
tours inadaptées laisseront bientôt place
à une succession de petits blocs à taille
humaine… »
 

Puis il parlera d’ensoleillement, de bien-
être... Et de je ne sais quoi encore de
résolument « humain ». Ben voyons ! À en
juger par les plans, pourtant chiadés, qu’on
nous agite sous le nez depuis des heures,
ces résidences si « agréables » laisseront
plutôt place à un amas de grisaille, oui.
Une horreur ! posée négligemment le long
d’un cours d’eau atroce et boueux. Mais

pas chère à réaliser et dont les médias
chanteront unanimement les louanges…
quoi que deviennent les habitants à reloger.
Voilà ce que je devrais écrire. Et pas un «
bel article » stylistiquement plat et dénué
d’esprit critique.
 

Car c’est ça « un bel article » de nos jours,
quelque chose qu’on oublie, qui ne fait
pas de bruit. Les recommandations de
Casa, rédacteur en chef et propriétaire
du magazine « L’immobilier », - ce même
Casa qui fixe des objectifs de rendement
à chaque journaliste - étaient claires : «
Déconne pas. Ils font de la pub dans le
canard donc fais-leur un truc bien sans
cogner. »

Qu’est-ce que je fous là ?…


Abdiquer.

La conférence terminée, nos promoteurs
et leur indispensable conseillère en
communication (agréable jeune femme
coquette et dévouée) nous raccompagnent,
nous les « observateurs » (terme abusif),
à la gare. C’est la fin de mon calvaire.
Je respire ! J’en avais assez de jouer les
vassaux. Dans le train pour rejoindre Paris,
je m’assieds en face d’un vieux confrère
bedonnant, imbibé comme il faut (on nous
a offert le déjeuner), les baluchons plein
de cadeaux idiots estampillés Promo Immo,
notre hôte. « Foutu conf’, lance t’il à qui
veut l’entendre. » Il est grotesque…

La campagne française défile, surexploitée,
écorchée de partout. Je me réfugie dans
un songe. Le laisse me guider avec plaisir
vers mes premiers pas à la radio, l’époque
bénie où tout était possible, où j’avais des
idées plein les tuyaux... Idées que j’ai été
contraint d’occulter le temps de l’école
de journalisme, un peu trop prenante à
mon goût, malheureusement, avant de les
enfouir définitivement quelques années plus
tard.

« Abattage efficace et
insipide »


 
 

L’école de journalisme, c’est incontournable,
du reste. Les pontes vous y incitent : «
Comme tous les mômes, tu manques
cruellement de savoir-faire, martèlent
t’ils. Il te faut apprendre la technique
mon grand, les règles. » Ces fameuses «
règles indispensables »  ou plutôt ces
pratiques carrément productivistes, dirai-
je – auxquelles on s’accroche mordicus
alors même qu’elles scandalisent de plus
en plus de lecteurs et nous éloignent d’eux,
fatalement : l’emploi du conditionnel à
tout va, par exemple (Monsieur X aurait
violé Madame Y »)… pour se dispenser
de vérifier, la réécriture systématique de
dépêches ou d’articles de confrères, les
comptes rendus de manifs à partir de ouï
dire… Bien sûr dans le souci de former des
professionnels « irréprochables », on prend
soin dans ces écoles d’inculquer aux élèves
quelques bases juridiques (ou les outils de
l’autocensure), et économiques (qui finance
les journaux ? Autrement dit à qui doit-on
prêter allégeance ?).

Mais sans jamais aborder les problèmes de
déontologie ou d’éthique (ou si peu)… Tout
cela dans un seul but : l’abattage efficace et
insipide.
 

Remplir, remplir et de plus en plus vite.

«Nous, on vous donne toutes les armes
pour écrire vite sans vous attirer d’ennuis.
Ne perdez jamais de vue qu’on vous
demandera d’écrire deux, voire trois articles
par jour dans un quotidien, nous expliquait
sans détours notre professeur d’écriture.
Ça peut choquer les rêveurs mais c’est à

ça qu’on reconnaît un pro ! Le reste ça
dégage ! ». Je suis devenu un pro sans
faire trop de vagues… et je suis toujours là.
 

Malgré tout, si de mon petit train, je devais
tirer un bilan de ces deux années d’étude,
je dirais qu’elles ne m’ont pas mené bien
loin. Je travaille pour ce journal spécialisé
en immobilier. Certes. Je fais un peu de
télévision, j’écris de temps à autre des
articles économiques. Mais rien de très
stimulant. Je n’ai pas réussi à intégrer le «
réseau », celui qui ouvre les portes. J’avais
trop de fierté pour me laisser tout à fait
remodeler, j’imagine…


Rencontre inattendue



Oh ! Et puis peu importe à la fin. Cesse de
ruminer le passé, marmonné-je à haute voix
à la manière d’un déséquilibré. Peut-être
qu’après tout tu n’es pas fait pour ça. On
te l’a dit parfois. Et lui ! Regardez-moi ça !

Me dis-je en posant à nouveau les yeux sur
le vieux confrère résigné, est-il fait pour ça
celui-là? Je me demande à quoi il songe.
Presque inerte, son crâne chauve appuyé
sur le rebord métallique de la fenêtre, il
rêvasse… le regard plongé dans le vide.
Un regard cependant… saisissant, je dois
bien l’admettre, plein d’amertume, il est
vrai, mais vif. Deux émeraudes dans une
décharge. À force de se toiser on a fini
par échanger nos points de vue, manie
de journaliste. Et il a clos brusquement la
discussion en ces termes : « À trop négliger
le présent on se retrouve enfermé dans des
rédac merdiques. » Soit ! Suis-je forcé de
conclure, l’heure tourne.
 

« Horde d’épigones
incultes »

 

Ai-je seulement la fibre journalistique,
comme on dit ? Peut-être autrefois…

Je n’en sais plus rien à vrai dire. Avant
aujourd’hui, je n’avais même pas réalisé
que sous l’impulsion de mes proches,
notamment, et leurs « sois patient », «
ça viendra », « on ne fait pas toujours ce
qu’on aime », j’avais bêtement maquillé
mon besoin de l’ouvrir en carrière.
 

Depuis six ans, je pratique, à tort, le
journalisme comme un métier dans lequel
il faudrait gravir les échelons. Obnubilé
par le prestige de la position, j’envoie des
CV dans le vain but d’obtenir un poste.
N’importe lequel. Du moment que je reste
dans le circuit. Je n’ai plus rien à raconter
en définitive… à l’image de mes semblables,
épigones incultes infoutus d’affirmer quoi
que ce soit. Nuancés, soi-disant.
 

Toutes ces années, je me suis fourvoyé.
J’ai tu (puisqu’il s’agit de mots) ma
personnalité profonde comme on tait une
maladie honteuse jusqu’à en atrophier peut-
être irrémédiablement ma puissance de
raisonnement. Le propos était de plaire. J’ai
erré de rédactions pointues en rédactions
spécialisées, dans l’espoir d’apprendre
les ficelles aux côtés de professionnels
aguerris. Je pensais qu’à force de travail, de
volonté et d’abnégation on me donnerait un
jour le privilège de défendre les idées qui
m’ont mené au journalisme. Mais grâce à ce
vieux, j’ai compris que ça n’arrivera jamais.
Pas si je continue à obéir… Pas si je ne suis
pas capable de dire Merde !

 

 

 

 

charles_44222_400_01
 
 
 
 
 
 Un clin d'oeil aux... Québécoises, en passant!
 
 
charles_55_400_01. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

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