GILLES DUCEPPE Stoppe l'effet Legault
JOURNAL QUÉBEC PRESSEQUÉBEC — Le samedi 26 novembre 2011 Revue de presse, Le Soleil
Seul l'ex-chef bloquiste Gilles Duceppe paraît en mesure de barrer le chemin du pouvoir à François Legault et à sa Coalition avenir Québec (CAQ). Intentions de vote au provincial (tableau) Un sondage, effectué par la firme CROP auprès de 1000 personnes, révèle que l'attrait qu'exerce M. Legault sur l'électorat n'a pas faibli avec le lancement officiel de sa formation politique, la semaine passée. Dans l'état actuel du paysage politique, les Québécois lui auraient confié le poste de premier ministre, lors d'une élection tenue du 21 au 23 novembre. Dans une lutte avec les concurrents déjà en piste, la CAQ de M. Legault aurait obtenu 33% du soutien populaire, après répartition des voix indécises. À ce niveau d'appui, cela laisse présager un gouvernement majoritaire «caquiste». Les libéraux de Jean Charest sont deuxièmes, mais leurs partisans, qui représentent 25% de l'électorat, se concentrent dans un nombre restreint de circonscriptions. Par contre, à 19%, ça sent la catastrophe pour le Parti québécois (PQ) de Pauline Marois, dont le vote est traditionnellement éparpillé dans plus de circonscriptions. Suivent modestement l'Action démocratique du Québec (ADQ), à 6%; Québec solidaire (QS), à 6%; et le Parti vert, à 5%. Contre toute attente - et idéologie -, c'est surtout Québec solidaire qui fait les frais de la naissance de la Coalition de M. Legault (PHOTO).
En octobre, le coup de sonde donnait 13% des intentions de vote à QS. Youri Rivest, vice-président de CROP, offre une explication à l'apparent paradoxe politique dont serait victime le parti de la gauche québécoise. «Ce sont des gens [les partisans caquistes] qui rejettent les partis traditionnels, qui veulent du changement, qui souhaitent de nouveaux visages, de nouvelles façons de faire, estime M. Rivest. Ce ne sont pas des gens qui réfléchissent [en termes de] gauche/droite.» Notons qu'une fusion avec l'ADQ propulserait le soutien à la CAQ à 42%, loin devant le Parti libéral du Québec (PLQ) (toujours à 25%) et le PQ (à 21%). Auprès de l'électorat francophone, qui fait et défait les gouvernements à Québec, l'engouement ne se dément pas pour M. Legault. Même s'il ne compte pas de candidat officiel et que sa plateforme électorale demeure une esquisse inachevée, 49% de l'électorat l'appuie. Cela n'en laisse que 25% au PQ de Pauline Marois et 15% au PLQ de Jean Charest. Il n'y a que Gilles Duceppe qui puisse rêver de stopper le raz de marée Legault. En spéculant sur le fait qu'il succède comme chef du Parti québécois à Pauline Marois, qui ne cesse de se débattre avec des mutins depuis des mois, l'ancien chef du Bloc québécois à Ottawa devancerait la CAQ, même si cette dernière avait fusionné avec l'ADQ de Gérard Deltell. 
Dans un tel scénario, sous Gilles Duceppe (PHOTO), les péquistes hériteraient de 34% des voix. Ils devanceraient par trois points de pourcentage la Coalition (31%). Le PLQ demeurerait à 25%. Difficile de prédire le résultat, si ce n'est qu'il y a très fort à parier que le gouvernement serait minoritaire, et certainement pas libéral, suggère Youri Rivest. Un avenir à repenser L'enquête d'opinion suggère d'ailleurs que Jean Charest doit repenser son avenir en politique. Aucun des scénarios ne destine ses libéraux à former de nouveau le gouvernement. Le taux d'insatisfaction envers son équipe, s'il ne constitue pas un record absolu, affiche les 75%. Et Jean Charest (à 18%), moins populaire que sa formation, est relégué par François Legault (26%) à la deuxième place comme le politicien que les Québécois voient comme le plus apte à diriger le gouvernement du Québec. La péquiste Pauline Marois (12%) demeure une mal-aimée à cet égard également. Méthodologie Du 21 au 23 novembre 2011, CROP a mené un sondage en ligne auprès de 1000 répondants. Les résultats ont été pondérés afin de refléter la distribution de la population adulte du Québec selon le sexe, l'âge, la région de résidence, la langue d'usage à la maison, la langue maternelle, le niveau de scolarité ainsi que les valeurs socioculturelles des répondants.
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