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  LA BATAILLE DU FRANÇAIS... REPREND
Le combat de la langue reprend
Yves Breton Correspondant Journal Québec Presse MONTRÉAL — Le samedi 18 septembre 2010, —23h—
  "Le Québec, un pays!", scande énergiquement la foule joyeuse.
Et sur la grande la scène, le groupe Loco Locass triomphe en chantant d'instinct leur succès-choc "Libérez-nous des libéraux".
Photo: Les Locass, plus démonstratifs que jamais.
Efficace et à l'avant-garde, le groupe Loco Locass invite même la foule à giguer avec eux sur la vaste scène... qui mènera au grand jour euphorique de l'indépendance du Québec, lancent-ils, ovationnés par les spectateurs.
Ce soir, des milliers de personnes fébriles viennent d'assister au grand rassemblement de la coalition nationale contre le projet de loi 103 qui veut encadrer l'accès à l'école anglaise pour les enfants allophones et anglophones du Québec.
Chefs politiques, chefs syndicalistes, artistes... et 30 organismes
Un projet de loi explosif, il va sans dire, puisqu'il fait réagir les représentants d'une trentaine d'organismes des milieux
Photo: Marie-Denise Pelletier chante "La langue de chez nous" de Yves Duteil.
syndicaux, alliés aux chefs politiques et aux artistes renommés du "star system" québécois.
Tout cette marée nationaliste s'oppose à cette loi en réclamant la clause dérogatoire pour se soustraire de la Cour suprême fédérale du Canada. Et exiger de Québec, le rétablissement de la loi 101.
Photo: S'amenant sur scène, son enfant sous le bras, le comédien Emmanuel Bilodeau livre un dialogue (écrit par René Boulanger) existentiel entre deux Montréalais, l'un francophone et l'autre anglophone. Choc des cultures.
Le spectacle gratuit s'est déroulé au centre Pierre-Charbonneau, alors plein à craquer, de la Rue Viau à Montréal, où 3000 personnes prirent place dès 19h.
Des centaines d'autres personnes durent regarder le spectacle à l'extérieur sur des écrans géants.
À la fois célébration et offensive
Cette offensive contre le projet de Loi 103 du gouvernement libéral de Jean Charest est manifestement un autre dur coup pour lui... avec, en cours de travaux, la commission Bastarache qui fait couler à pic et la réputation du premier ministre et la popularité de son parti.
Photo: Anick Bergeron, émouvante dans un texte sur la langue.
Avec la nouvelle loi 103, les libéraux entendent permettre les "écoles passerelles" aux élèves de parents non anglophones d'ici le 21 octobre prochain.
Les vedettes sur scène
Luc Picard, Michel Rivard, Daniel Boucher, Marie-Denise Pelletier, les Loco Locass, les Zapartistes, Yvy et plusieurs autres, ont coloré les trois heures de spectacle.
Photo: Yvy, c'est la grâce soudaine d'une cascade mots, un rythme génial.
Pauline Marois, chef du Parti québécois, Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois, Amir Khadir, co-chef de Québec Solidaire, le député péquiste Pierre Curzi, comptaient notamment parmi les personnalités qui ont monté sur la scène à la fin du spectacle pour saluer la foule et les internautes puisque la soirée était diffusée sur le site www.nonloi103.org.
Le poème "Speak White"
Le député péquiste et artiste Pierre Curzy de la circonscription de Borduas, a d'abord fait la lecture du poème Speak White de Michèle Lalonde. Le texte était rythmé par un arrière-plan d'images projetées sur écran, montrant la crise linguistique des années 69-70, à Saint-Léonard.
Photo: Pierre Curzy, député péquiste, lisant le fameux poème "Speak White".
L'événement s'inscrit dans l'offensive contre le jugement de la Cour suprême rendu en octobre 2009, qui a invalidé certaines dispositions de la loi 101 limitant l'accès aux écoles anglophones.
Des défenseurs en fête
« Le spectacle sera un peu comme une grande fête du français, parce que j'ai l'impression que la population a une image un peu plate des défenseurs de la langue française, a expliqué le comédien Denis Trudel, à qui l'on a confié la mise en scène de l'événement.
Photo: Mario Beaulieu, président de la Socié.té Saint-Jean-Baptiste de Montréal,
Nous allons essayer de casser cette image. Nous allons montrer aux gens que nous pouvons avoir du plaisir en français. »
Pour les artistes invités Daniel Boucher et Marie-Denise Pelletier, participer à cet événement semblait tout naturel puisqu'ils se disent tous deux préoccupés par la survie de la langue française au Québec.
« Je pense que nous avons perdu le réflexe de continuer à parler en français lorsque nous sommes devant quelqu'un qui parle anglais, a affirmé Daniel Boucher.
Photo: Le comédien Denis Trudel anime la soirée.
Au-delà de la loi, au-delà des juges, je pense que le fait de vivre en français, c'est dans la rue que ça se passe d'abord et avant tout. J'espère que les gens vont comprendre qu'à partir du moment où l'on choisira le français, il n'y aura plus de batailles. »
« Je suis très fière d'être francophone dans cet océan anglophone qu'est l'Amérique, a dit Marie-Denise Pelletier.
Photo: Daniel Boucher, rougi sous les projecteurs colorés.
Pour moi, la langue et la culture sont des choses indissociables. Je trouve que nous avons perdu un peu de la fierté de ce que nous sommes. »
Un projet de loi controversé
La Cour suprême du Canada a invalidé la loi 104 en octobre 2009, une mesure adoptée sept ans plus tôt par le gouvernement péquiste de Bernard Landry pour éliminer la ruse des « écoles passerelles », permettant à des milliers de parents non anglophones de réclamer le droit à une éducation en anglais pour leurs enfants.
Une fois cette décision rendue, la Cour suprême a ordonné à Québec de mettre en place un nouveau cadre réglementaire ou législatif.
Photo: Denis Bélanger.
C'est ce qui a amené le gouvernement Charest à déposer le projet de loi 103, qui prévoit l'adoption d'une liste de critères selon lesquels des élèves francophones ou allophones pourraient intégrer le système public anglophone après un passage au privé.
Le projet a suscité le mécontentement de nombreux organismes, ce qui a incité la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB) à créer la Coalition contre la loi 103.
« Nous espérons que le spectacle va nous aider à donner un nouveau souffle au mouvement pour le français, a déclaré Mario Beaulieu, président général de la SSJB.
Photo: Élizabeth Dupéré chante Félix Leclerc, "Le tour de l'île".
Nous pensons que ça prend une mobilisation générale de tous les organismes de la société civile et de tous les citoyens pour contrer le recul du français au Québec.
Aujourd'hui, nous sommes au pied du mur. Il faut avancer pour faire du français la langue commune à Montréal. C'est essentiel pour assurer la survie du français dans l'ensemble du Québec. » (D'après TVA Nouvelles et l’Agence QMI)
Combats multiples pour le français
Pour illustrer les combats multiples pour le prespect et la promotion de la langue française, des vidéos d'actualités ont retracé les moments-phares de cette histoire du Québec.
Photo: Pauline Marois livre son message sur vidéo, bien qu'elle soit présente à la soirée.
Le poète national Gaston Miron (l'Homme rappaillé), René Lévesque, Camille Laurin, Jean-Jacques Bertrand, etc., ont tour à tour défendu leur point de vue devant la presse de cette époque.
Au surplus, les chefs politiques d'aujourd'hui tels que Pauline Marois et Gilles Duceppe, ont livré leur message, de même que l'exceptionnel anglophone montréalais Thomas Mulclair, député NPD, pour qui le français est l'élément essentiel de l'identité québécoise.
Photo: Yhomas Mulclair, député fédéral NPD. "On ne peut acheter un droit à étudier en anglais", plaide-t-il sur vidéo.
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