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  Depardieu s'amène à
Montréal
en conférencier
L'ACTEUR est de passage à Montréal, au Festival des Films du Monde du 26 août au 6 septembre. Il va donner une "Classe de maître" et sa vision du 7e Art au Cinéma Saint-Denis.
Michel CLOUTIER
 Éditeur, fondateur, Journal Québec Presse MONTRÉAL — Le jeudi 5 août 2010
Gérard Depardieu est de tous les temps, de toutes les époques, prêt à tout risquer, le talent déchargé à jouer en maître les Cyrano, Obélix et tant d'autres icônes de l'Art.
Photo: Un clin d'oeil de Gérard Depardieu... au cinéma québécois dirions-nous dans le cadre de sa venue à Montréal.
De la profondeur
Donnant ainsi de la profondeur et du prestige à l'écran français à travers le monde, Depardieu s'amuse (aussi) à merveille à terrifier le bonheur de la star qu'il est dans des échappatoires évasives, devenant parfois flagorneur et vulgaire dans certaines compositions.
Tout lui réussi. Même les dictées publiques.
L'instinct sauvage de Depardieu
C'est comme si le cinéma imposait à la star-des-stars de sa génération, des fonctions primaires, des sensations bien ordinaires, de l'instinct sauvage à travers des rôles parfois bassement érotiques.
Avec boufffonnerie, la bedaine à l'air, grosse à forcer l'image dans la conduite de l'improvisation. Voilà le régime de la frénésie-à-la-Depardieu.
Le sexe est de toutes les époques.
On se cramponne: pas lui
Certains acteurs se campronnent fiévreusement à la vie comme une douleur mortelle, craignant de se voir un jour "oubliés" du public.
Lui, Depardieu, ce passionné, affiche une tranquillité d'âme. En première ligne et au premier tour de manivelle.
Tout va de soi...
Tout va de soi chez cet homme qui ne sera jamais pris à la gorge.
Parce qu'il est toujours bon d'être soi... c'est-à-dire soi-même et de pouvoir faire jaillir l'étincelle du génie dans le caractère enflammé que l'on met en scène.
Scènes chroniques
Savoir monter en épingle les scènes chroniques d'un film, c'est le propre de Depardieu qui saura faire zigzaguer la duré, au même titre que l'a fait Louis de Funes, le génial Funes au courage inventif et casse-cou, tant loufoque dans sa vitalité miraculeuse.
Les élus ne font pas légion
Que d'artistes, que d'acteurs insécures, au Québec comme en France, en proie à l'insomnie et aux tremblements. Les élus de l'écran ne font pas légion.
Photo: Quel regard! L'affront d'un coeur plein de rancoeur dans ce cliché spontané.
Depardieu envoûte
Depardieu envoûte à jouer les simples, les pauvres, les nus, les sans-papier. Des alliances de personnages qui succèdent aux grands bourgeois royalistes qui prolifèrent au XVIIIe siècle. Fidèle lumière de l'histoire. De tous les temps, ce Depardieu!
C'est à faire crever le diable comme ce le fut dans l'incarnation émouvante du curé québécois de 1760, dans le film Nouvelle-France, hélas! sans instant sublime, film tombé dans les ténèbres de l'oubli, n'arrivant pas à percer cet Hexagone intraitable envers le cinéma québécois. Conflit de cultures entre deux pays. Les facilités du bonheur de jouer
C'est à le dénuder dans les facilités du bonheur de jouer, tel un sous-produit qui éclate à faire justement de lui un mouvement direct et spontané d'un acteur parmi les acteurs, exposé à ne plus devenir l'acteur-des-acteurs.
Pour un moment, du moins.
Être un grand acteur peut paradoxalement devenir mal placé.
Allons voir: le fait que l'on soit "absolument bon" et bénéficiaire de tous les trophées", indispose les alentours dans un envahissement total de sa personne, de son personnage impérial.
Les déchirements des vedettes
Le star system, c'est vous, vedette des vedettes dont les penchants dans la mire de la presse people tournent aux déchirements fréquents.
Photo: "Aime ton père", le film père-fils, avec son regretté Guillaume.
Alors, la bête idôlatrée de l'écran devient un mouvement intentionnel de sanctification du geste qui appelle les circontances à tous les droits : le droit d'être bon, d'être super bon; d'être moyen et médiocre même.
Le droit de tout créer
Comme si la star du cinéma avait le droit de se créer des intervalles insignifiantes dans une double vocation de super-star et de star-tout-court.
Les fans pardonnent à leurs idôles. Et à leurs excès. Prenez Michael Jackson et ses scandales dévastateurs. N'est-il pas resté le dieu outre-tombe de la pop ?
Quant à Gérard Depardieu, il est sans pareil. Son foudroyant talent d'acteur force également un respect idôlatrique.
Les sautes du vent pointu Parfaitement correct dans son rôle d'acteur, Gérard Depardieu est d'une constance maniaque dans sa versalité, la voix grassement chaude et qui suinte dans le ton et qui n'est pas à la merci des sautes du vent pointu (l'accent très pointu) de l'élite parisienne où la rivalité des accents fait régime. C'est le propre des grandes civilisations et des grands esprits, car au Québec la rivalité des accents n'existe pas chez les quelque huit millions d'habitants.
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