Qui veut se

SACRIFIER

pour le Québec?

Éditorial





Michel CLOUTIER

Éditeur, fondateur,
Journal Québec Presse
MONTRÉAL — Le mercredi 23 juin 2010


Intérieurement fissuré par la défaite référendaire de 1995 sur la souveraineté du Québec, bien que le Non l'ait emporté de justesse  par quelque 50 000 voix de majorité, Lucien Bouchard (photo) laisse encore aujourd'hui vibrer dans sa pensée politique, l'Espoir d'un pays à naître malgré l'épaisseur incertaine du présent dont la modernité frénétique vient frapper autant le Québec que l'ensemble des contrées du monde civilisé. Phénomène de la globalisation.

L'acte révélateur d'aujourd'hui de l'ancien premier ministre du Québec (1996-2001), gravite autour de cet Espoir d'un Québec libre qu'il identifie volontiers aux forces montantes, à la génération montante, celle qui n'a pas connue cette période aussi vibrante que déchirante dans le duel des "Ouis" et des "Nons".

"Il faudra recommencer tout ça une bonne journée parce que ça ne peut pas durer comme ça", confie-t-il à la chaîne TVA. 

Ayant quitté (à jamais?) la scène politique au passé tourmenté, passant dramatiquement d'un camp à l'autre, d'une idéologie à l'autre, du fédéralisme au souverainisme, "le combat de ma vie", dit-il, tout centré à démystifier l'échec du "Lac Meech", Bouchard s'en remet à la jeunesse d'aujourd'hui: elle devra reprendre le flambeau.

Un supplément d'âme


Qualifiant de "mou" le climat politique actuel au Québec, M. Bouchard croit que le courant souverainiste stagne, le Parti québécois mettant en veilleuse la tenue d'un troisième référendum. Une stratégie qui se défend. 

Toujours est-il qu'un supplément d'âme est réclamé de nos politiciens pour que le message de la souveraineté ait une portée harmonieuse, donc victorieuse dans le bon peuple. Un nouveau chef charismatique est donc attendu dans l'intérêt supérieur de la nation québécoise. Et non dans l'intérêt mercantile.


Où est donc ce chef charismatique? Cherchons-le. Et qui dans la classe politique voudra bien se sacrifier pour le Québec? 

Photo: Bernard Drainville, jeune député charismatique de Marie-Victorin, est voué à une grande carrière. Souverainiste dans l'âme, son esprit de synthèse touche le grand public.


L'égo brûlant des politiciens

D'abord, le "Messie" recherché devra mettre son égo brûlant de côté. Ce qui est rare dans l'arène politique. Pour sa part, Lucien Bouchard va problablement mourir dans la pureté politique, ayant su éviter les ruses machiavéliques à la Jean Chrétien dont le pouvoir politique était une liberté à n'importe quel prix. "Il n'y a pas de prix pour sauver le Canada", répétait ce Jean Chrétien sans vergogne dans la complexité innombrable des situations impures (frauduleuses) générées par le "scandale des commandites", sous son ombrageux règne.    



Mais le présent reste encore "provincialiste", géré par l'actuel Parti libéral du Québec, d'option fédéraliste (PLQ).

Photo: Lucien Bouchard à la chaîne TVA, ce 23 juin 2010.

L'idéologie du PLQ ménage la chève et le choux dans le statu-quo à tout prix, évitant de heurter les visées unitaires du Canada anglais avec son imposant Building nation bien en marche et fort bien coloré dans l'enrichissant multiculturalisme anglo-ethnique, sans tenir compte de la zone nationale québécoise et son État-nation francophone de huit millions d'habitants... bien qu'Ottawa reconnaisse la "Nation québécoise", sans pour autant accepter de l'inscrire dans la Constitution de 1982. Bref, pour le Canada anglais, la question du Québec est réglée, les deux référendums de 1982 et 1995 en faisant foi. 


Photo: Lucien Bouchard, C.P., GOQ, B.Sc., LL.B., LL.D. Né à Saint-Cœur-de-Marie, Québec, le 22 décembre 1938. Avocat et homme politique québécois. Ministre fédéral de l'Environnement au sein du gouvernement progressiste-conservateur de Brian Mulroney. Il fut l'un des fondateurs et le premier chef du Bloc québécois. Il fut également Chef de l'Opposition à la Chambre des communes (1993 à 1996) et premier ministre du Québec de 1996 2001.

Aujourd'hui âgé de 72 ans, l'homme d'État est retourné à la vie privée, ne se laissant plus envahir outre mesure par la question nationale. Il n'entend plus se sacrifier pour la cause souverainiste en dépit de constater que le sort du Québec devrait passer par l'autodétermination politique.

Photo prise le 23 juin 2010, invité de l'émission Larocque et Lapierrre à la chaîne TVA de Montréal.


Pauline Marois, Daniel Turp, Jean Duceppe

Pour l'instant, dans le va-et-vient des candidats charismatiques appelés à conduire le Québec à son indépendance, Pauline Marois, chef du Parti québécois, s'acclimate à l'actuel climat politique.

Les honneurs de l'audace sont-ils de son bord pour autant ? 

C'est à voir. 
 
Sachant parfaitement à quoi s'en tenir, rien ne lui échappe. Elle attend le moment propice, un vent favorable pour déclencher un troisième référendum.

Photo: Le Devoir, 24 juin 2010. Pauline Marois et Jean Duceppe dans l'euphorie générale. 


Évidemment moins charismatique qu'un René Lévesque, la première dame du PQ apprend, heureusement, à se tenir loin des récitations préfabriquées de la gauche péquiste (Laviolette et cie). Une clique sans indulgence ni ménagements envers la chef, et sans exactitudes rigoureuses, car déraisonnables en voulant précipiter le PQ tête première dans un troisième référendum... et risquer de le perdre.

De faux séducteurs que cette gauche péquiste? Pressés qu'ils sont, leur action n'a aucun effet de masse... pour l'instant. Ils répugnent une indépendance de goutte à goutte, vaporeuse, faite d'un point d'impôt à l'autre arraché d'Ottawa. Ce sont de molles figure de rêve. Ont-ils raison? Probablement.

À la vérité, la gauche-à-la-Laviolette devrait plutôt redescendre de ses hauts-quartiers, prendre le bâton de pèlerin et convaincre sur le terrain, les Québécois aux prises avec la réalité sociale.

C'est l'âge mûr de la gauche sur les tribunes. Mais cet âge mûr réclame de l'énergie, la conscience avertie, passionnée pour le peuple. Une autre manière de se sacrifier pour le Québec. 

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