"L’accent Québécois n’est pas plus difficile que l’accent du titi parisien ou de l’accent marseillais ou alsacien ! "
Le Journal Québec Presse à Cannes
Entrevue exclusive avec Christian Verber
ISIDORE GRAO... du matin au soir
 
Correspondant français à Nice JOURNAL QUÉBEC PRESSE CANNES — Le vendredi 20 mai 2010
Xavier Dolan en demande internationale
Voilà qui est dit! Déjà considéré comme un réalisateur à part aux yeux de la presse étrangère, le jeune cinéaste québécois Xavier Dolan, âgé de 21 ans, est en demande internationale depuis son succès de Cannes.
Photo: Xavier Dolan à Cannes. À 21 ans, ses deux longs-métrages connaissent une distribution mondiale.
Le Festival international du film contemporain de Moscou vient de lui offrir la présidence de l'événement russe. Trop affairé, le prodige québécois est plutôt rentré à Montréal, loin de cette ivresse cannoise, pour démarrer son troisième long métrage, une coproduction franco-québécoise de quelque 5 millions d'euros (6 millons de dollars).
Entrevue exclusive avec Christian Verber
Christian VERBER est Commissaire pour l'Europe de la SODEC, la Société de développement des entreprises culturelles du Québec.
Photo: Christian Verber, de la SODEC, au stand de l'organisme gouvernemental au Festival de Cannes.
Le Commissaire estime que "l’accent Québécois n’est pas plus difficile que l’accent du titi parisien ou de l’accent marseillais ou alsacien ! "
Question JQP : Le samedi 15 mai a eut lieu au festival de Cannes, la projection du nouveau film du jeune réalisateur québécois, Xavier Dolan. Pouvez-vous nous dire comment ce film a été reçu par les professionnels ?
Réponse M. C.V :
À priori les premières réactions sont très positives. Tout le monde dit qu’il a fait un beau trajet. A 21 ans, en 2009, il a fait un premier film « J’ai tué ma mère » qui s’est révélé être un succès. L’année suivante (2010) il présente un second film au festival de Cannes !
Deux années de suite, deux films de ce jeune réalisateur sont sélectionnés pour le festival de Cannes, ça n’arrive pas souvent !
Maintenant, il appartient au jeune Xavier de bien gérer son succès, de lire toutes les critiques.
Mais je ne m’inquiète pas trop, car Xavier Dolan est un homme intelligent !
Photo: Christian Verber et notre chroniqueur Isidore Grao au stand de la Sodec à Cannes.
De retour au Québec, il sortira son film et se mettra à la préparation de son troisième film, car il s’agit d’un film à budget plus important que les deux précédents. Mais là encore je lui fais confiance.
C’est un gars qui a la tête assez froide. Il saura faire une analyse lucide de son succès qui est arrivé très vite. C’est rare que cela arrive et en même c’est très difficile de gérer ce succès.
Question JQP:
A-t-il connu des soucis financiers pour réaliser ce nouveau film ?
Réponse M. C.V :
Non, pour le premier, la CODEC l’a aidé, l’a soutenu.
Photo: Le drapeau national du Québec flotte dans le village du Festival.
Pour le second film, il a eu recours à des fonds privés. Le film est fait, il est sorti. Quant à moi j’ai rencontré à plusieurs reprises le producteur Daniel Morin sans qu’il m’ait fait part de quelques difficultés financières.
Question JQP :
Et pourtant la presse Québécoise s’est fait écho de certains problèmes sur ce plan et ce nonobstant le succès remporté par le premier film ? 
Réponse M. C.V :
Je ne pense pas qu’il soit dans des difficultés financières.
Question JQP :
À votre avis, en quoi le succès du jeune Xavier Dolan peut-il stimuler le cinéma Québécois ?
Photo: Le Québec figure parmi les pays participants au Fesrival. N'en déplaise à ceux qui sont hostiles au "Québec libre!"
Réponse M. C.V :
Plus un réalisateur Québécois a du succès, plus cela stimule la cinématographie québécoise. Je pense que lorsque vous êtes une petite nation, comme le Québec (et le Canada) et que vous avez un réalisateur qui sort et qui est vu dans un festival, tel que celui de Cannes, on ne peut se permettre de bouder le succès. On n’est pas comme en France !
Question JQP :
Mais pour revenir sur les possibles difficultés financières du jeune Xavier Dolan.
Est-ce que la SODEC pourrait intervenir si la demande en était faite ?
Réponse M. C.V:
Sur le premier film, la SODEC est déjà à la base du projet.
Il manquait une somme de 250 000 dollars et nous l’avons aidé. Ici pour son second film, nous prenons déjà en charge une partie de la logistique telle que les frais d’hôtel pour son équipe.
Sur le film actuel c’est à lui de nous dire s’il souhaite être aidé ou pas. On a des discussions avec le producteur Daniel Morin, on est ouvert, et tout est possible.
 Question JQP :
- À votre avis est-ce que la presse étrangère s’intéresse au cinéma québécois ?
Réponse M. C.V :
Oui si je regarde les grands journaux français, le Monde, Libération, certains journaux américains, tous ont fait des critiques sur le second film de Xavier Dolan.
Il est considéré comme un réalisateur à part. Je suis très satisfait de la prestation quand je regarde le « cahier des critiques étrangères ».
L'accent fort des Québécois
Question JQP :
Et pourtant à la sortie de la projection du film, certain spectateurs se sont dit étonnés de l’accent des acteurs. Comment ressentez-vous cette observation ?
Photo: Cannes et la Croisette
Réponse M. C.V :
Nous on est plutôt virulent sur ce sujet. Il y a des français qu’on ne comprennent pas. Je me souviens de la projection d’un film français « La Haine » de Mattieu Kasovitch où je n’arrivais pas à comprendre les dialogues.
Au Québec on a eu pendant plusieurs années (des films) de Marcel Pagnol dont on n’arrivait pas à tout comprendre.
Il faut remarquer que bizarrement notre oreille québécoise s’adapte aux accents; peut-être avec la proximité de la langue américaine et du bilinguisme du Canada.
Photo: Marcel Pagnol. Né à Aubagne (Bouches du-Rhône) le 28 février 1895, il meurt à Paris le 18 avril 1974.
Je pense que c’est plutôt l’oreille française qui aurait des difficultés à s’adapter. Mais je constate aussi que lorsque je présente des films québécois en région française, je ne rencontre jamais de tels problèmes.
L’accent Québécois n’est pas plus difficile que l’accent du titi parisien ou de l’accent marseillais ou alsacien !
Nous, au Québec, nous ne considérons pas avoir un accent différent. En France les gens sont unilingues dans la grande majorité et ils n’ont pas cette facilité d’adaptation.
Question JQP:
On parle d’un prochain film pour Xavier Dolan qui serait une coproduction Franco-québécoise. Êtes–vous déjà concerné par ce projet ?
Réponse M. C.V:
Pour le moment, à la SODEC, nous n’avons pas encore été saisi d’une demande officielle.
Photo: Au stand de la SODEC
Mais nous avons déjà des contacts avec la future productrice française de ce film, Mme Lise Lafontaine.
On attend qu’elle dépose un dossier. Nous jugerons ensuite de l’opportunité. Chez nous, les dossiers doivent être déposés deux fois par an. Nous intervenons ensuite auprès de Téléfilm Canada (l'organisme fédéral anglophone).
Photo: Au café-terrasse, le temps d'un toast aux acteurs-stars-vedettes du Festival de Cannes, le plus médiatisé au monde. Mais je crois aussi qu’après la promotion de son second film au Québec, Xavier voudra prendre quelque repos bien mérité, dans un premier temps. Aussi, nous sommes prêts à étudier tout projet et nous sommes ouverts à toute demande.
Suite de l'entrevue dans la chronique suivante.
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