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 La Justice québécoise s'est plantée !
Éditorial
Michel CLOUTIER
 Éditeur, fondateur, Journal Québec Presse
Sarkozy et Charest : même combat
Tout comme Nicolas Sarkozy, ce
petit président sans grandeur d'âme de la République française, qui ne connaît aucun tranchant sacrifice pour la France, la nation française, en s'accrochant au pouvoir de l'argent (le pays de Sarkozy n'est certes pas la France mais l'argent, l'argent des multinationales et bien sûr de la famille multimillionnaire Desmarais, sa famille canadienne baîlleur de fonds de sa première compagne présidentielle); bref, ce petit président est largement imité au Québec par cet autre petit premier ministre sans envergure qu'est Jean Charest... enserré lui-aussi dans le pouvoir de l'argent avec sa caisse électorale fort bien garnie qui effleure les 8 millions de dollars, croit-on, et que la chef de l'Opposition, Pauline Marois, entend mettre sous enquête publique dès qu'elle prendra le pouvoir... dans trois ans !
Charest, cet homme sans peur, gère le Québec, non avec le claivoyant courage de l'esprit de ceux qui se donnent pour leur pays, mais à la manière d'une entreprise avec l'impulsif pouvoir de l'argent, des riches amis collés au parti et dont la valeur de l'argent, choquante à prolonger les passe-droits (selon les allégations de la presse), se traduit faussement par de la vaillance et de la bravoure électorales.
En fait, les organisateurs politiques de tous les partis sont-ils condamnés à boire le poison de l'argent ? Le financement occulte est-il si répendu que ça? Allez savoir! Oui, selon bien des observateurs.
Comme il faut commencer par le commencement, Sarkozy doit sa victoire
électorale à la famille Desmarais, en vertu des énormes sous qui se dénouent avec le groupe Total, la puissante société française, alliée des Desmarais, dans l'explitation controversée des sables butimineux de l'Alberta.
"Le Canada est notre ami, les Québécois sont nos frères", ose Sarkozy, sans force d'âme aucune. Hypocrite comme pas un, c'est à prolonger dans un froid calcul l'aventure mercantile de son pouvoir, en France et ailleurs, comme si la durable fidélité gauloise de la France éternelle envers le Québec, cet État-nation francophone d'Amérique (province rebelle du Canada), entrait soudainement avec Sarkozy, dans une chronique de crise autant existentielle que spéculative de l'égo financier dont la stabilité prime sur l'égo-national des peuples, soit l'orgueil national et de ses intérêts supérieurs aux intérêts particuliers de cette poignée de millionnaires français et canadiens. L'argent avant tout! Capricieux et fins renards comme l'instinct des fauves, nos millionnaires en question ne perdent jamais courage dans leurs investissements puisque dans leur divine sobriété ils maintiennent leurs avoirs dans la durée infinitisimale du régime de la haute finance... qu'ils contrôlent comme une vraie République d'argent avec son président, son vice-président et ses actionnaires.
Crise financière ou non. Bourgeois qu'ils sont, il deviennent des lions... à faire de Sarkozy un lion à son tour, sans frayeur ni panique apparentes.
Du haut de leur tribune, les Sarkozy, Charest et autres, plaident tous les courages à la fois: le courage militaire (défense du pays), le courage dans les catastrophes naturelles, puis le courage idéologique au gré toutefois de leur égo, évitant si possible d'affronter directement les tyrans (Iran), les juges stupides (en certrains pays), et flatant allègrement les médaillés des exploits sportifs et culturels, n'oubliant pas, en passant, les médaillés "cousins" québécois.
C'est une forme de pathétisme qui leur va bien sous les projecteurs. À épuiser même les vertus civilisantes avec des paroles historiques étourdissantes, selon le cas. Exemple: ceux qui ont fait le maquis, auront une mort tranquille en buvant les éloges du Président de la République sous les rayons projetés de leur héroïsme. Ce qui réchauffe la vie. Bon pour les votes également.
Convié dans les circonstances à la maîtrise des mots, Sarkozy va lire, l'esprit assuré, son texte écrit les jours plus tôt par un nègre, une plume anonyme. Toutefois, Malraux, ministre de la Culture, avait dans son égo brûlant, le génie de pondre lui-même ses textes. De Gaulle aussi.
Le vrai courage humain
Nous le constatons, le vrai courage humain est ailleurs, au niveau du peuple, chez ceux qui agissent pour la justice sociale, pour le droit du Québec à son autodétermination politique, notamment.
Car le vrai courage politique n'existe pas. Aussi bien en France qu'au Québec, la Justice passe par les convulsions politiques. Et la Jutice se plante !
La Justice se plante!
En justice, la décence s'allie avec la force du pouvoir politique libéral : prenons Michel Bastarache (photo), cet ex-juge de la Cour suprême du Canada. Très ami de Jean Chrétien, libéral qui le nomma à ce haut poste, Bastarache doit prochainement faire la lumière sur le processus de nomination des magistrats québécois dans l'enquête publique décrétée par le gouvernement libéral de Jean Charest. Or, c'est Me Pierre Cimon qui est nommé procureur en chef de la Commission d'enquête. Me Cimon est un contributeur régulier à la caisse du Parti libéral du Québec depuis les années 80.
"C'est une affaire de clique", s'insurge Me Marc Bellemare, l'ex-ministre de la Justice du cabinet Charest. "Charest prend les gens pour des imbéciles", d'ajouter Me Bellemare (photo).
L'influence des donateurs est-elle refoulée pour autant? Cette influence est un glissement immédiat de la pensée à l'acte: peut-on assurer la neutralité des travaux de cette Commission?
L'intentionnalité du gouvernement libéral est en cause. Un parti-pris risque de se dessiner. Les témoins attendus auront-ils à surmonter, tel un purgatoire, la couleur politique du procureur en chef et même du juge Bastarache ?
Photo: Me Pierre Cimon, procureur en chef de la Commission d'enquête Bastarache.
Conséquemment, ces témoins devront manifester un courage positif, viril, triomphal de la vérité. De l'intrépidité à venir.
Et la morale
La morale : la bravoure est une chose ambiguë. Et davantage en politique. Jean Charest, le brave, joue avec le danger enivrant d'une Commission teintée. Le premier ministre cache sa fatigue. Il tente de durcir son corps et son âme aux épreuves de l'adversité.
Son parti sent la corruption. Tout le monde le dit... et dans tous les milieux. Mais un beau matin, le petit politicien qu'il est, va quitter la politique tout doucement, sur la pointe des pieds, pour la survie du Parti libéral.
Un Charest parti "à la sauvette", sans tressaillement. Il ne s'est presque rien passé, dira-t-on. Le chef est parti, tel un soubresaut fugitif, un spasme imperceptible, entre l'avant et l'après Charest. Les Libéraux sont des gens d'affaires: ils ne lavent pas leur linge sale en public. Charest va quitter, propre, propre, propre. À moins que l'ex-ministre Bellemare se mette à déployer "sa terrifiante" vérité à son procès, à ce duel Charest-Bellemare. Et qui croira qui ? Jusqu'ici, 70 pour cent des Québécois croient volontiers Me Bellemare, selon un sondage d'opinion. Puisque les citoyens estiment que le premier ministre leur ment, la crédibilité de ce dernier en prend tout un coup. Auissi, la populatité des Libéraux est en chute libre : à peine 20 pour cent de l'électorat francophone voterait encore pour eux. Ce qui fait triompher le Parti québécois, parti souverainiste. C'est à suivre.
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