|
   MICHEL DORÉ
Vivante incarnation
du sport
Portrait : Les athlètes québécois
Michel CLOUTIER
 Éditeur, fondateur, Journal Québec Presse TROIS-RIVIÈRES, QUÉBEC — Le samedi 27 mars 2010
MICHEL DORÉ est la vivante incarnation du sport.
C'est son titre de gloire au sein des athlètes québécois les plus illustres avec les André Perreault (cliquez sur André Perreault), Donald Royer (vice-recteur de l'Université de Sherbrooke) et Marcel Jobin (le fou en pyjama) dont la marche olympique s'est mise à enflammer d'enthousiasme la génération de cet athlète natif de Shawinigan.
Pas de besogne bâclée
Pas de besogne bâclée ni de gloriole tapageuse chez Michel Doré.
Qualifié de "Père de l'athlétisme en Mauricie" par André Perreault, l'athlète affiche aujourd'hui, la souriante béatitude olympienne. Photo: "La vie est belle!" s'exclame Michel Doré en saluant ses 69 ans (2010), entouré de copines et de copains à la taverne Moderne de Shawinigan.
Ayant occupé la scène de l'actualité sportive au Québec comme au Canada, ce Shawiniganais aura parcouru le mille en quatre minutes et 21 secondes.
Un exploit qui fit de lui le jeune héraut d'une réalité vivante dans le monde des événements historiques, à jouer ainsi le rôle le plus grand de leader de sa catégorie en performant avec éclat parmi les meilleurs aux monde, atteignant, hors Québec, dans le pays voisin, les légendaires canadiens-anglais Dill Corthers et Bruce Kid en ces années soixante.
Photo: Les souvenirs activent sa mémoire.
Et comment devient-on athlète?
Fougueux en ses 18 ans, le voilà bravement, tel un nomade en 1959, sur la route à faire du pouce ( de l'auto-stop chez les Français) pour gagner difficilement Toronto, à quinze heures de voiture de chez lui afin de participer au marathon de course à pied. Et forcer le destin... et ainsi gagner, oui, gagner sans déchirure, les honneurs de la course. Nous sommes loin du fait divers!
Concentré, patient, frémissant d'ambitions, le jeune québécois fait des étincelles.
Ainsi, l'ambition prend toute la place, les entraves sont surmontées, les devoirs sont extrêmes, l'athlète adolescent se veut infatigable à mesure qu'il franchit les échelons.
 Dans ce parcours super-actif, de haute intensité, Michel Doré joue les invincibles. Mais il n'est pas le seul dans cette galère : Marcel Jobin se joint à lui, s'entête à son tour d'un marathon à l'autre dans ce Québec de leur enfance.
Photo: Michel Doré et Marcel Jobin en 1959.
Doré et Jobin font honneur aux obstacles, démontrent de la bonne résistance, parfois gênés par la chaleur suffoquente, insoutenable. Doré, dont l'effort de projection surpasse Jobin, est plus doué physiquement. Jobin perd son temps et va s'appliquer dans la marche olympique, une discipline gagnante pour lui.
L'entraînement sous un soleil de plomb est exténuant, épuisant. C'est à prendre ou à laisser. Quel apprentissage laborieux! Comme des forcenés. Et leur caractère se fait taquin... pour mieux respirer à l'aise. Il faut trouver le tour de combiner plaisir et réalité brutale des compétitions. Un empire dans un empire
Dans la toile de fond de ses 18 ans, devenue le centre propre de son univers... à vivre sa propre durée en soi, tel un empire dans un empire, le jeune Michel Doré revint de Toronto, rentrant au bercail, transformé en modèle exemplaire à s'inventer toutes les perfections sous les yeux ébahis de ses compatriotes. La scène québécoise l'attend sur d'autres podiums. Période excitante.
Pourtant, le destin va basculer.
Pour le moment, le champion Doré incarne l'excellence, s'enveloppe des couleurs du Québec. Son patriotisme rayonne.
À ses premières armes, tout athlète authentique vise les hauteurs. Doré connaît ce mal nécessaire. Ce n'est plus un mystère.
Jamais de mise en vacances provisoire pour cette "race de monde" qui saura supporter la douleur par esprit de sacrifice et d'endurance. Sans fanatisme toutefois.
L'absolue vérité d'une conséquence naturelle, d'une conviction qui va jusqu'au bout de sa propre certitude: celle de réussir dans sa forme athlétique, sa forme vécue, drastique, militante du podium à atteindre.
"J'ai dû coucher à la belle étoile plusieurs nuits, c'était pénible mais j'aimais ça. Je n'arrivais pas à immobiliser une voiture", se rappelle-t-il, amusé, en se rendant à Toronto pour faire sa marque, l'instant de briller en guerrier.
Le regard charismatique
Resté rieur et bon vivant à l'aube de ses 70 ans, le regard charismatique, la voix soignée et tolérante, sans le moindre conflit métaphysique ou de surface, Doré va jusqu'au fond des choses en respectant la dignité et la liberté de la personne devant lui. Le respect de l'autre avant tout.
Même dans la collision des valeurs où justement, dans la réalité courante, le monde des valeurs est un monde écartelé, la personne lui est sacrée et inestimable.
Devenu thérapeute en quelque sorte des désordres intérieurs de l'âme, Michel Doré s'insère dans la trame des événements d'aujourd'hui, incarné qu'il est entièrement dans la condition humaine.
Photo: le charme de l'écoute avec un flair épatant.
Disposant de formidables atouts dont une constitution physique faite sur mesure pour l'entraînement et les grands exploits, le sexagénaire pondéré est à ralentir aujourd'hui le rythme du temps, à regrets d'ailleurs.
Les trésors de l'âge remontent à la surface. Comme pour le faire avancer, le faire évoluer en connaissances dans toute l'éternité de son être, à être ce qu'il est devenu. Ainsi, toutes ses vérités se rassemblent en une seule vérité: la clairvoyance intentionnée de son âme. Mais laissons cette petite métaphysique de côté et écoutons plutôt l'heureux sexagénaire:
— Que la vie passe vite! L'oeil brillant, tout intérieur, est à revivre le feu sacré de sa jeunesse. À y regarder de près, de jour comme de nuit, à rejoindre la vérité de l'âme dans sa pensée éternelle et la vérité du corps charnel voué à la mort. L'âme et le corps se parlent ainsi, côte à côte, tête à tête comme deux conjoints qui cohabitent sous le même toit.
Michel Doré est ainsi fait... corps et âme.
Le feu sacré de sa jeunesse, dans sa haute pensée athlétique faite de grands moments exaltants, est déjà mort. Heureusement, l'âme et le corps peuvent aller chacun de leur côté. L'âme, immortelle soit-elle, ajourne la catastrophe de la mort corporelle jusqu'à l'extrême vieillesse des plus-que-centenaires.
Le fatal accident de circulation
À 22 ans,
TEXTE À SUIVRE
|