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ISABELLE CLERMONT
suit la route
de son propre souffle
Michel CLOUTIER
 Éditeur, fondateur, Journal Québec Presse TROIS-RIVIÈRES, QUÉBEC — Le mardi 23 mars 2010
Mince, élégante et soignée, Isabelle Clermont se laisse tendrement porter par le subtil courant intimiste de son art.
Cette source d'enthousiasme l'engage à fond dans une période annonciatrice à vous remplir le coeur de toiles nouvelles.
Primeurs printanières! Sa vie d'artiste s'organise, l'âme entière. L'élégance de l'esprit dans l'action picturale. C'est à composer avec les forces esthétiques de son destin. Le point d'honneur de l'existence.
Et tout foisonne, fourmille et grouille... autant sur ses toiles que dans sa tête, le regard photogénique, fait pour le cinéma; les yeux secrets, le sourire éclaté, la voix feutrée dont les mots vous plongent dans la trajectoire lumineuse, combien vitale de son état d'exaltation intérieure.
Voilà les premiers instants de la rencontre de cette artiste multidisciplinaire pas comme les autres, chez elle à Trois-Rivières.
Les photos sont de Michel Cloutier.
L'entrevue prend son élan avec la mise en scène d'une séance de photos pour illustrer aussi bien l'article que le personnage devant soi, dont les prises de vue sont d'une efficacité étonnante.
Comme si son cadre de vie bien forgé, touchait également le monde du cinéma.
— C'est étonnant! s'émeut-elle en voyant ces photos d'elles qui la mettent subitement en éveil sous les projecteurs. D'un trait réaliste et rassurant. Elle est là, présente, intense. La créativité la met aux aguets. Les grands artistes sont ainsi faits.
Moments exquis! La passion parle dans l'expression de son être photographié. Et l'humeur de l'artiste devient combattive d'imagination.
Isabelle Clermont contrôle son art tout en brillant d'un éclat discret, sans fausses notes, allant au-delà de la banalité du quotidien, sans se hâter à vous expliquer le sens de son art... avec un bonheur particulier dans le ton.
Marcher et créer
Ayant le sens des mots comme si chaque mot d'aujourd'hui se colorait d'une teinte, d'un ton de pastel, l'artiste agit dans la transparence la plus limpide qui soit. Une délicatesse promise à une longue existence qui s'appelle "chef-d'oeuvre".
Il n'en faut pas plus pour saisir la vie professionnelle de cette âme, de cet être qui se donne une forme durable depuis son ouverture sur des horizons nouveaux, motivée, d'ailleurs, par son passage à l'Université Laval de Québec, où elle décrochait une maîtrise en art visuel.
La vie d'artiste est faite pour se propulser au coeur de l'action, qu'elle soit esthétique ou politique. Car les artistes dégagent les voies de l'avenir en se fabriquant de la belle dureté.
Assaillis par mille tourments, les grands artistes, au lieu de se frotter agressivement aux autres, marchent et sèment des graines prometteuses en vue de respirer aisance et liberté... capables de surprise et d'imprévu.
Les artistes ne sont jamais à la traîne: le feu de la passion brûle en eux.
Marcher et créer: jusqu'à émerger d'un long couloir obscur, existentiel. Alors, l'effervescence apparaît sous la pulsion intérieure, la grâce du moment, l'esprit des héros dans les travaux esthétiques.
L'originalité brûle en elle
Détestant les retards et les contretemps, Isabelle Clermont exprime son originalité la plus pointue en ces termes:
"Je voyage entre divers champs de pratiques artistiques en les amalgamant entre eux selon les besoins encourus.
L’idée m’interpelle, les médiums se manifestent et la résultante s’exprime à travers une pratique multidisciplinaire.
Dessin, aquarelle, poésie, estampe, photographie, vidéo d'art et art performance et manoeuvre, sont les médiums qui nourissent ma démarche créative."
Quelle foulée stimulante!
Tout y passe... à liquider de vieux restes de souffrances. Les artistes sont ainsi faits: ils jouent à l'athlète qui prépare les Jeux olympiques.
Le rythme intérieur de l'âme prend le large en mettant le cap vers la marche, autant celle de l'esprit que celle des jambes.
Le moral est à la hausse. C'est le bonheur, l'âme conquérante à vouloir emprunter les chemins les moins fréquentés de l'art. L'esprit innovateur s'annonce, triomphal.
D'ailleurs, Isabelle Clermont est concrètement cette ancienne marcheuse olympique de haut niveau. Absolument vrai! Son champ d'influence est canalisé par le mouvement. C'est un peu —beaucoup— le secret de son art où l'initiative atteint son zénith.
Plaisir et réalité se combinent avec des jours bleus, loin de la tourmente.
Confidences passionnées
Prévenante de nature, Isabelle Clermont aime agir avec diplomatie et sans brusquerie.
Fragile dans ses confidences passionnées, elle recherche la communion spirituelle en suivant la pente des affinités électives et des amitiés innées.
C'est son point de départ. Elle est de ceux qui n'ont besoin que la lueur d'un regard pour se reconnaître.
Un seul et bref regard de l'âme suffit chez elle pour initier le tableau des désirs dont les voies de l'esprit esthétique conduisent dans les hauts rendements de l'art.
Oser briser les habitudes En osant, d'évidence, briser les habitudes, Isabelle Clermont met l'accent sur l'intuition, la sienne propre où chaque fragment de forme sur la toile prédomine la pensée de l'auteur au point de conférer à cette intuition (hors-de-prix) une sorte d'entité impériale face aux absolus mystiques qui éclatent de l'intérieur.
Ici, c'est l'art au service de la métaphysique, au service des courbes retenues, combien fuyantes parfois, de l'intention humaine qui s'arrange pour créer d'autres manières d'être et de voir la Vie, qu'elle soit attendrissante ou engouffrante.
Photo: la lumière du regard.
Privilège universel de l'artiste qui a l'insigne honneur de pénétrer son "moi", son "égo créatif" en visant l'opaque de la matière pour rendre cette matière transparente dans une métamorphose de lignes, de courbes et de nuages... comme si les objets (ou les sujets) ainsi surmontés devenaient un acte partial à rendre l'amour inventif, dans un tel plaisir esthétique.
Une communauté d'essence que cet amour inventif.
Dirigé vers la métaphysique, le mouvement de l'âme d'Isabelle Clermont ne pourra jamais se rappetisser à quelques tableaux de surface, décoratifs à combler un mur vide de votre salon.
Plein de nuances, ce mouvement de l'âme exalte la conversion de l'effort esthétique dans ses expressions. Certes, un régime, ambitieux soit-il, qui demande —réclame même— une destination salutaire, une sorte de conduite pure installée à devoir glisser intérieurement pour entrer en discussion avec son âme par la force des éléments créatifs. Tête-à-tête avec son âme. Les artistes se parlent ainsi, et beaucoup à eux-mêmes.
Non pour faire la guerre à son âme, mais pour l'élever cette âme, la convertir au salut mystique. Paul Valéry, ce pur esprit, dans un tout dernier mot au seuil de sa mort en 1945, a dit: "L'Amour est venu avec Jésus".
Comme l'espérance est une vertu, le sens de la démarche esthétique est ce fruit qui mûrit par la force des tableaux, des motifs, des sculptures. Et tout se tient mutuellement en respect, issu d'un même coeur et de la confiance temporelle vers l'intemporel, vers le sacré de ses croyances. ----------------
La critique
Maxime Rioux, de L'Express du 27 janvier 2010, signale notamment que "les résultats sont étonnants et diversifiés, allant du carnet à l'image grand format, avec autant d'invention que d'insistance, le propos de l'artiste s'y inscrit et demande à être suivi par le visiteur, se livrant à lui avec évidence et simplicité. Sur un ton toujours intimiste, les oeuvres d'Isabelle Clermont nous parlent de choses connues, celles-là même qui parcourent notre propre esprit, tout bas lorsque nous sommes seuls avec nous-mêmes."
"Les vastes mondes du corps"
Mireille Pilotto, en janvier 2009, écrivit: "Toutes les oeuvres de Souffle et Espace traduisent un état de vie intense où chaque pulsation de l'être est ressentie, cernée, identifiée, captée, transformée... Dans la sérénité de la respiration profonde, l'esprit découvre les vastes mondes du corps. La démarche devient dé-marche, elle promet de se dé-poser. Le souffle libère l'âme."
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Qui est Michel CLOUTIER?
Québécois d'origine, versé dans le journaliste d'investigation tout en étant écrivain et historien, Michel Cloutier a signé cinq ouvrages historiques (acclamés par la critique) au cours de sa carrière professionnelle étalée sur trente ans.
Il a reçu la Médaille de la Ville de Bourg-de-Péage, en banlieue de Lyon en France, en 1996, des mains du maire Henri Durand, pour sa contribution au rayonnement de la langue française par ses oeuvres.
SES PRINCIPAUX OUVRAGES, ACCLAMÉS PAR LA CRITIQUE:
— Nos moments d'enfer. Feuilleton en 18 épisodes, Le Nouvelliste 1977. Écriture exceptionnelle, souligne-t-on.
— Si Saint-Matthieu n'était conté est qualifié de chef-d'oeuvre par Roger Duhamel du quotidien Le Devoir, de Montréal, Québec (1983).
"C'est un livre non seulement d'histoire, mais un livre qui fait histoire", d'ajouter l'hisitorien Denis Beaudoin.
Photo: Ovila Déziel, le violoneux et "bossu" du village de Saint-Matthieu. Un personnage coloré décrit par Michel Cloutier. Photo prise en 1980 par Michel Cloutier.
— Les Intrépides est accueilli dans la presse: "Une écriture remarquable." (1996).
— Les Bâtisseurs est retenu par Denis Vaugeois, éditeur, historien et ancien ministre de la culture du Québec en ses termes: "Quelle écriture! Quel chef-d'oeuvre!" (1997).
— 39 tableaux sociaux, la Page Histoire. Le Nouvelliste, 2001-2003.
— 18 portraits à la une du Nouvelliste, 2003.
— Le siècle de Saint-Roch-de-Mékinac est reçu en triomphe. "Cloutier couvert d'éloges", titre l'Hebdo Mékinac-Des Chenaux (2004). — En Quête de Lumière, de l'auteur français Umberto Molinaro. La préface est de Michel Cloutier, Paris, 2008.
 
La préface de En Quête de Lumière:

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Michel Cloutier, en 1983, à la parution de "Si Saint-Matthieu m'était conté, histoire d'un village qui en dit long".

Le pittoresque Ovila Déziel, le "bossu" du village Saint-Matthieu. Photo prise en 1980 par Michel Cloutier.

Marguerite Arvisans à son rouet. À droite, son frère Jos. à l'atelier.

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