I am so proud that I had to put some of my emotions in writing in this country's "superior language" so that the bosses at VANOC would be proud of me.
Vendredi soir, lors des cérémonies d'ouverture des Jeux de Vancouver, ils ont montré ce qu'était le Canada. Les Rocheuses, les Prairies et les Maritimes, en passant par-dessus le Québec. Ce ne sont quand même pas Jean Charest et Pauline Marois qui vont les inquiéter! De toute façon, ils ont compris que les Québécois aimaient ça, se faire bafouer.
Je suis tellement fier que les fausses politesses appartiennent maintenant au passé. Plus besoin de faire accroire qu'on les respecte, ces Québécois, on peut leur piler dans la face, ils ne diront rien. Eux autres, à Vancouver, ils ont compris.
Three former federal ministers wrote to me. Not one, not two, but three! These are prominent federalists who devoted years to Canada. All three were shocked and outraged, during the opening ceremonies, by the outright contempt for the French language and the great Quebecois athletes who have long carried the weight of the Winter Games on their shoulders.
Je le traduis pour les quatre millions de Québécois qui ne parlent pas la langue supérieure. Dans la journée d'hier, j'avais déjà reçu des courriels de trois anciens ministres fédéraux criant leur indignation et leur colère après avoir vu les cérémonies d'ouverture. Deux m'ont demandé de respecter la confidentialité, un autre n'a rien précisé. Les trois étaient scandalisés par le mépris épouvantable montré envers le Québec et envers les athlètes québécois.
Ben, je suis fier, yes I'm proud, que les organisateurs de COVAN aient bafoué des années de travail et de gloire de ces athlètes et les grands principes de ces anciens ministres. Enfin, quelqu'un a dit la vérité! On se fout d'eux autres quand ça compte. Quand le monde entier regarde.
And I'm so proud that Garou sang off-key. It only went to prove that we were not where we belong; it was their party. And all the indigenous festivities, what a beautiful way to remember Kahnawake! Finally, Quebec has taken its place in this country's hierarchy. Now, I feel good! Now, I am proud!
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Hier matin, j'aurais rougi si j'avais été moins fier d'être «Canadian». J'étais dans un bus pour les médias avec ma collègue Caroline Touzin. Un monsieur dans la fin de la cinquantaine, M. Robichaud, a réalisé qu'elle était journaliste. Il avait un bel accent acadien. Un homme fier de ses origines. Son fils travaille au Moncton Times comme journaliste et se bat sur le terrain pour les droits des francophones au Nouveau-Brunswick. La bataille est rude:
«Les Acadiens, on ne l'a pas eu facile. On forme une nation depuis 1604. La France nous a abandonnés en 1755, les Anglais nous ont déportés en Louisiane et dans le sud des États-Unis, la moitié des 15 000 Acadiens sont morts, on a été revendus en Louisiane, les Français nous ont chassés de Saint-Pierre-et-Miquelon et on a été déplacés même en Acadie quand les loyalistes sont venus. Bien, on résiste encore et on parle français», a dit M. Robichaud.
«C'est terrible que Gaétan Boucher n'ait pas été invité. Lui, c'est un vrai Canadien. Lui, il a gagné des médailles pour son pays. Pouvez-vous me dire ce que Wayne Gretzky faisait là?»
I'm so proud to be a Canadian that I did not want to dishearten the gentleman.
Mais les COVAN de ce pays ont compris. Les Québécois ne sont pas les Acadiens. Ils sont déjà prêts à se coucher. Je suis tellement content que ce soit clair et net.
Qu'on l'ait montré à la face du monde. Ce pays est anglais... et multiculturel. Blow your nose with your French. Bravo, finally, strong men have taken a stand! I'm proud!
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Il y a 18 mois, le conseil d'administration de COVAN, dont fait partie mon ami Jacques Gauthier, a rencontré le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté. Ça posait un paradoxe.
Laliberté est québécois, nationaliste, milliardaire et un extraordinaire créateur. La rencontre a duré 20 minutes. Quand il a compris qui était assis devant lui, Laliberté s'est levé et s'est excusé. Les moteurs de son jet tournaient déjà. Il ne pouvait rester plus longtemps.
I am so proud that my VANOC told Laliberté and the Cirque du Soleil to take a hike. A French name in the ceremony would have been such a disgrace! I am proud, I'm proud, I'm proud!
C'était une belle cérémonie. Haute en couleur et poèmes. Les couleurs étaient bilingues. On m'a dit que les images à RDS étaient belles. RDS and I are so proud to be Canadian...
Ils ont réussi à me convertir.
«En assistant à la cérémonie d'ouverture des Jeux, je me suis dit: le français à Vancouver, c'est comme la neige. On l'espère, mais il est très difficile à trouver.»
À son arrivée à l'aéroport vendredi, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, était pourtant rempli d'espoir. Une bénévole à l'accréditation l'a accueilli en français. L'affichage était bilingue. Il a déchanté en soirée.
«J'ai eu l'impression d'assister à un spectacle conçu et réalisé en anglais avec une chanson française», a déploré, hier, M. Fraser. Même L'hymne au Nord du poète François-Xavier Garneau a été traduit en anglais pour être lu par l'acteur Donald Sutherland, a-t-il souligné.
Pourtant, le comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN) avait fait son mea-culpa il y a un an après avoir tenu un grand spectacle populaire pour faire le décompte avant les Jeux... sans aucun artiste de langue française, sauf un chorégraphe.
Le Canada, tout comme le Comité international olympique, a deux langues officielles: l'anglais et le français.
Un spectacle d'inspiration québécoise
En entrevue à La Presse, le grand manitou de la cérémonie, David Atkins, a paru surpris de la controverse. Il n'a pas pensé une seconde qu'il choquerait les francophones en accordant si peu de place à la langue française dans son spectacle, a-t-il admis sans pour autant éprouver de regrets.
Au contraire. «La portion la plus importante du spectacle était d'inspiration québécoise. J'étais plutôt inquiet de la réaction de l'Ouest canadien. J'avais peur que le public trouve cela trop théâtral, trop ésotérique», a dit le producteur australien, qui bénéficiait d'un budget de plus de 30 millions de dollars pour le spectacle.
Un spectacle d'inspiration québécoise avec si peu de français? «D'après ce que je sais du Canada, les francophones sont reconnus pour leur théâtre. Pas la côte Ouest, a-t-il souligné. Je ne dis pas qu'il ne se fait pas de théâtre à Edmonton ou à Winnipeg, mais à Montréal, il y en a partout.»
Le chanteur Garou est le seul artiste québécois à avoir fait un numéro dans la langue de Molière durant le spectacle. «Si je demande aux 20 premiers passants que je rencontre au centre-ville de Vancouver s'ils connaissent Garou, j'obtiendrai 20 réponses négatives, a affirmé M. Atkins. Et je l'ai quand même choisi pour chanter juste avant que la vasque ne soit allumée.»
Au moins trois «artistes francophones très connus» ont été sondés, mais ils ont refusé, a-t-il insisté. D'autres, comme l'École nationale de cirque - de Montréal - et le chorégraphe Jean Grand-Maître - directeur de la troupe de ballet de l'Alberta depuis 2002 -, ont accepté.
Ce dernier défend le spectacle bec et ongles. «On a réussi, je pense, à faire ressentir aux spectateurs une grande fierté d'être canadiens, mais aussi d'être québécois. Pour moi, c'est la même chose», a dit M. Grand-Maître.
La cérémonie de clôture inclura des francophones
La cérémonie de clôture, sur laquelle il a aussi planché, inclura des francophones. «Peut-être que ce ne sera pas suffisant aux yeux du Québec, mais qu'est-ce que vous voulez?» a conclu le chorégraphe sur un ton agacé.
Aux yeux du premier ministre Jean Charest, c'était insuffisant. «C'était magnifique, la cérémonie d'ouverture. Ils ont bien réussi leur coup, mais tout le monde aurait souhaité plus de français dans la cérémonie d'ouverture. Bon, ça fait partie du domaine des souhaits et de ce que nous espérons pour le reste des Jeux», a-t-il dit après une manifestation faisant la promotion de la francophonie à ces Jeux d'hiver, samedi à Whistler.
Manifestation à laquelle le premier ministre du Canada, Stephen Harper, et le président du CIO, Jacques Rogge, qui avaient annoncé leur présence, n'ont pas participé.
Le ministre fédéral du Patrimoine, James Moore, est aussi déçu. «Les cérémonies ont été magnifiques, spectaculaires à la télévision, mais le français aurait dû occuper une place plus importante», a-t-il dit. Le conservateur avait de grandes attentes, surtout qu'on lui avait fait miroiter que le français occuperait une place de choix.
Le maire de Québec, Régis Labeaume, émet aussi un bémol sur la cérémonie à laquelle il a assisté aux côtés de son homologue de Montréal Gérald Tremblay. «Ce n'est pas tant le français que la place du Québec, son histoire francophone au sein du Canada, qui à mon avis n'a pas été assez montré dans le spectacle», a-t-il dit à La Presse hier.
Des critiques sur Twitter
Pendant la cérémonie, de nombreux Québécois sur le site de réseautage social Twitter ne se sont pas gênés pour critiquer la sous-représentation des francophones. Parmi eux, le député libéral et ancien ministre des Sports Denis Coderre: «Visuel: 8/10, spectacle: 6/10, ambiance: 6/10, bilinguisme: 1/10» ou encore «le mot des Jeux: BIENVENOUE», a-t-il écrit, faisant ici référence à l'unilinguisme du directeur général du comité organisateur des JO de Vancouver, John Furlong.
«Vous êtes parmi vos amis» est la seule phrase en français prononcée par M. Furlong durant son discours officiel d'ouverture. En réponse à ces critiques, la vice-présidente des communications du COVAN, Renée Smith-Valade, a haussé les épaules: «M. Furlong a de la difficulté à parler français. Que peut-on faire?»