TERRORISME:
Nouveau front
américain au Yémen
Une opération de 70 millions $ sur un 3e front anti-terrorisme
Yvette Mimieux Collaboration spéciale Journal Québec Presse info@journalquebecpresse.org WASHINGTON —
Dans un déchiffrage aux signaux bien trempés d'opérations militaires secrètes des États-Unis, il apparaît clairement que Washington vient d'ouvrir un nouveau front au Yémen. Une opération de 70 millions de dollars est même engagée par le Pantagone.
C'est la façon américaine de déjouer les machinations terroristes de cette partie de la planète, conçoit un diplomate sous le couvert de l'anonymat. En fait, les États-Unis se débrouillent dans la lutte antiterroriste en s'offrant unn troisième front au Yémen. Depuis un an, Washington y dépêche des forces spéciales.
C'est donc discrètement et très largement secret, contre le réseau al-Qaïda que les Américains déploient leurs forces spéciales en entraînant sur le terrain des militaires yéménites. L'affaire est signalée dans le quotidien New York Times.
DES OPÉRATIONS SECRÈTES SALUTAIRES POUR LA PAIX
Un ex-haut responsable de la CIA s'est ouvert la trappe à un journaliste new-yorkais en confiant que l'Agence américaine de renseignement a expédié au Yémen, l'an dernier, plusieurs agents de terrain expérimentés dans le domaine de l'antiterrorisme.
En même temps, certaines unités de commandos chargées d'opérations secrètes ont commencé à entraîner des éléments des forces de sécurité yéménites en techniques antiterroristes.
Le Pentagone va dépenser plus de 70 millions de dollars au cours des 18 prochains mois, et des équipes des forces spéciales vont entraîner et équiper l'armée yéménite, les forces du ministère de l'Intérieur et les gardes-côtes.
Cela fera plus que doubler les niveaux précédents de l'aide militaire américaine à ce pays, souligne le quotidien. Umar Farouk Abdulmutallab, un jeune Nigérian de 23 ans soupçonné d'avoir tenté, le jour de Noël, de faire exploser un avion de ligne américain au-dessus de Detroit (nord des États-Unis), aurait affirmé avoir été entraîné au Yémen par al-Qaïda, qui a revendiqué hier la tentative d'attentat (lire ci-dessous).
SÉRIE D'OFFENSIVES
Après avoir, à plusieurs reprises, privilégié le dialogue et la politique de la main tendue envers le mouvement d'Oussama ben Laden, dont la famille est originaire du Yémen, le gouvernement de Sanaa a récemment lancé, avec le soutien des États-Unis, une série d'offensives meurtrières contre ce qu'il a assuré être des bases d'al-Qaïda. --------------------------------
Al-Qaïda revendique l'attentat manqué du vol 253Par ailleurs, Al-Qaïda dans la péninsule arabique a revendiqué l'attentat manqué perpétré le jour de Noël sur le vol253 Amsterdam-Detroit, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE.
Umar Farouk Abdulmutallab, inculpé de la tentative d'attentat, «le frère nigérian, est passé à travers toutes les barrières de sécurité pour son opération, brisant le grand mythe du renseignement américain», lit-on dans le communiqué mis en ligne sur des sites islamistes.
«Il a utilisé une technique d'explosifs développée par les moujahidine dans les ateliers d'al-Qaïda dans la péninsule arabique», basée au Yémen, ajoute le texte. Le réseau extrémiste reconnaît qu'une «erreur technique» est à l'origine de l'échec de la tentative d'attentat. Umar Farouk Abdulmutallab, 23ans, qui aurait revendiqué des liens avec al-Qaïda, aurait affirmé avoir été entraîné au Yémen. -------------------------- REVUE DE PRESSE www.lefigaro.fr
Le Yémen, dernier refuge des apprentis terroristes
Georges Malbrunot
 Dans une vidéo diffusée par Al-Jezira, un membre d'al-Qaida a promettait, dans le sud du Yémen, de venger les combattants tués lors d'un raid aérien de l'armée yéménite contre un camp d'entraînement du réseau terroriste. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS De plus en plus de djihadistes s'installent dans ce pays pauvre de la péninsule arabique. Oussama Ben Laden confia à son garde du corps à la fin des années 1990, dans leur repaire de Kandahar : «Le Yémen pourrait nous servir de refuge, si un jour al-Qaida devait abandonner l'Afghanistan. » Si la direction centrale de l'organisation est finalement restée à la frontière afghano-pakistanaise, depuis lors, à l'image d'Abdul Farouk Abdulmutallab, de nombreux apprentis terroristes sont venus s'entraîner au Yémen. Selon un document fédéral américain cité par CNN, le Nigérian aurait déclaré y être allé chercher matériel et instructions. Depuis plus d'un an, les services de renseignements américains et européens s'inquiètent de voir que, sous pression en Afghanistan au Pakistan et en Arabie saoudite, des djihadistes quittent ces zones pour se réfugier dans ce pays pauvre de la péninsule arabique. Ils se cachent et préparent leurs attaques sur le sol yéménite, mais aussi en dehors. Fin août, c'est de la patrie ancestrale de la famille Ben Laden qu'est parti le kamikaze qui faillit tuer à Djeddah le patron de l'antiterrorisme saoudien, le prince Mohamed Ben Nayef. Et comme le révélait Le Figaro, le 18 novembre, un Français est actuellement emprisonné à Sanaa pour avoir tenté de franchir la frontière avec l'Arabie saoudite.
Avec ses montagnes truffées de grottes, ses tribus toujours prêtes à monnayer leur soutien, et un pouvoir central faible confronté actuellement à deux rébellions, le Yémen est un paradis pour al-Qaida. Sans compter la tradition locale de « guerre sainte », d'abord contre les Soviétiques en Afghanistan, puis contre les Américains en Irak. Ce n'est pas un hasard si la garde rapprochée d'Oussama Ben Laden a longtemps été constituée de Yéménites ou de Saoudiens, comme lui, originaires du Yémen.
Fusion des branches saoudienne et yéméniteLes craintes occidentales ont été aggravées en janvier dernier par la fusion des branches saoudienne et yéménite d'al-Qaida, sous la direction de Nasser al-Wahayshi, l'ancien secrétaire de Ben Laden en Afghanistan, qui s'était évadé d'une prison yéménite en 2006 grâce à des complicités parmi les gardiens. Depuis ce regroupement, de nombreux Saoudiens recherchés et d'anciens détenus de Guantanamo ont profité de la porosité de la frontière saoudo-yéménite pour rejoindre « al-Qaida dans la péninsule arabique ».
« Ces dernières années, al-Wahayshi a cherché à créer une infrastructure solide qui survive à la mort de ses responsables », explique le chercheur américain Gregory Johnsen, spécialiste d'al-Qaida au Yémen. Après un attentat contre une caserne des forces de sécurité en août 2008, le pouvoir s'est finalement lancé dans une traque impitoyable contre al-Qaida, comme l'illustrent les récents raids de l'armée, conduits avec un soutien américain, à l'issue desquels plusieurs dizaines d'activistes auraient été tués, dans la province reculée de Shabwa, à 650 km à l'est de Sanaa, la capitale. Peu après, le ministère de la Défense révélait que l'ambassade de Grande-Bretagne à Sanaa était la cible d'un attentat suicide que préparait une cellule d'al-Qaïda.
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