"Vive le Québec libre"
l'autopsie d'un cri
Journal Québec Presse LIVRES
Marine Lefèvre Charles de Gaulle. Du Canada français au Québec Montréal, Leméac, 2007, 199 pages.
Pour évaluer un tel ouvrage nous devrions nous demander : quel est son objectif et le remplit-il bien ?
Photo: Ce que De Gaulle a vu à Québec, en 1967: le vent de libération nationale
Puisqu’il s’agit d’un ouvrage tiré d’un mémoire de maîtrise, il conviendrait de s’attendre avant tout à une bonne synthèse sur la question des relations entre l’homme du 18 juin et le Québec, et de juger en conséquence.
Mais trop d’éléments manquent à cet ouvrage pour remplir ce mandat avec satisfaction. Pareil exercice exigerait, d’abord, de présenter de manière un tant soit peu approfondie la pensée du général de Gaulle et la place du Canada français et du Québec dans son esprit et son cœur, en conséquence de la doctrine gaulliste.
Ensuite, il faudrait rappeler rapidement ce que signifie, au Québec même, le passage des épithètes « canadien-français » à « québécois » pour parler du même peuple et plus largement le contexte de la Révolution tranquille du point de vue national.
Or, il n’en est rien. Le premier élément en particulier n’est abordé que très superficiellement. Marine Lefèvre mentionne ainsi que Charles de Gaulle, dans sa jeunesse, avait déjà synthétisé le patriotisme héroïque français par trois figures historiques : Jeanne d’Arc, du Guesclin et le marquis de Montcalm. Relevant la présence exceptionnelle d’un grand personnage de l’histoire de Nouvelle-France chez un patriote de la génération de Charles de Gaulle, Lefèvre mentionne ensuite en passant le fait que, selon le fils du général, Philippe de Gaulle, la passion du Canada français était de tradition familiale, partagée par son père et son grand-père (p. 8 et p. 10), qui la lui auront sans doute transmise. Et c’est tout. Voilà pourtant une question qu’il fallait développer.
Le sens de l’histoire de Charles de Gaulle n’est donc en rien analysé, alors qu’il est nécessaire d’inscrire son rapport au Canada français dans un certain sens de la France. En fait, on a plus affaire ici à une étude sur les relations diplomatiques entre la France et le Canada depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux premiers sommets préparant ce qui allait devenir la Francophonie, à la fin des années 1960 et au tout début des années 1970.
Pourtant, à la première page de l’introduction, Marine Lefèvre indique qu’elle va expliquer la phrase célèbre du général, sur laquelle on a beaucoup glosé, en récapitulant ce qui s’avère avoir été un intérêt de longue date, « une lente maturation » (p. 7), avec notamment l’appel aux Canadiens français lancé au tout début de sa lutte pour la France libre. Cependant, l’auteur y voit déjà une contradiction, celle entre son amitié pour l’allié canadien durant la guerre et sa déclaration de 1967, qui semble faire passer les Québécois pour un peuple en manque de liberté. Marine Lefèvre se demande alors : « Comment concilier ces positions en apparence contradictoires ? »
(p. 12). De sorte qu’elle termine son introduction par une question d’un tout autre ordre que celle présentée au départ : « la question de l’origine de la discorde franco-canadienne reste entière » (p. 12).
Voilà pourquoi la majeure partie du livre paraît ensuite chercher à élucider la question des rapports diplomatiques franco-canadiens, en particulier le point de rupture, et les causes de cette rupture, entre le président de Gaulle et Ottawa. Toute l’optique est celle des rapports entre Ottawa et Paris, et non celle des liens entre le Québec et la Nation qui lui a donné naissance. Lefèvre va jusqu’à avancer : « l’attitude canadienne, jugée laxiste, sur cette affaire si délicate à gérer [l’Algérie] nous pousse à nous demander si de Gaulle, piqué au vif, n’a pas saisi l’occasion de la question québécoise pour prendre une sorte de revanche sur cet État » (p. 66).
Marine Lefèvre tente de répondre à cette question franco-canadienne à travers cinq chapitres de taille et d’importance inégales, dont l’économie semble davantage répondre au titre qu’à son hypothèse. Le premier, « le temps des retrouvailles », est consacré à la période de la guerre et à l’immédiat après-guerre. Suivent les chapitres II, « La rupture », III, « Chronique d’un engagement annoncé », IV, « Vive le Québec libre ! » et V, « de Gaulle, le Québec et la Francophonie ».
Les chapitres III et IV illustrent le fait que le Québec des années 1960 recherche lui-même des relations franco-québécoises autrement dynamiques dans une grande diversité de domaines.
Lefèvre pose au début du chapitre IV une deuxième problématique qui oriente l’ouvrage : « savoir quand et pourquoi de Gaulle choisit ce moment [1967] pour “entrer en action” » (p. 107). La réponse qu’apporte l’auteur paraît insatisfaisante. Selon elle, après avoir hésité à venir au Canada à l’occasion du centenaire de la Confédération, de Gaulle se serait peut-être décidé dans le but de « crever l’abcès » (p. 111) entre Paris et Ottawa que les tensions en 1966, autour des propos du nouvel ambassadeur canadien à Paris, Jules Léger, puis des honneurs de chef d’État refusés au représentant de la reine, Georges Vanier, pourtant vieil ami du président, et enfin les tensions diplomatiques manifestes lors de son enterrement, en 1967, ne cessaient de l’enfler. Cette explication n’en est guère une, puisque si la situation s’envenime entre les deux capitales, c’est bien à cause des espoirs nouveaux que de Gaulle place en la nation québécoise, et du choix qui en découle, mais ces espoirs ne sont pas véritablement exposés. Elle ne fait que mentionner au passage « l’arrivée au pouvoir en juin 1966 d’une nouvelle équipe à Québec » (p. 111), sans plus.
D'ailleurs, Marine Lefèvre ne mentionne que très rapidement, sans plus d’analyse, les réactions québécoises au « Vive le Québec libre ! » (p. 129) – le Mouvement Souveraineté-Association n’est même pas mentionné dans l’ouvrage – pour s’attarder aux réactions canadiennes-anglaises. Remarquons qu’elle relève des réactions négatives dans « la presse occidentale » (p. 137) et en France, mais la « presse occidentale » citée est exclusivement anglo-saxonne (Grande-Bretagne, Canada anglais et États-Unis). De plus, les réactions négatives d’une bonne partie des membres du gouvernement en 1967 n’indiquent-elles pas plutôt la spécificité du nationalisme gaullien que l’importance des frictions entre Ottawa et Paris ?
Le premier chapitre est une synthèse, fondée sur les nombreux ouvrages parus sur la question – Dale Thompson, Frédéric Bastien, Alain Peyrefitte, Philippe de Gaulle, etc. – ou encore un manuscrit inédit de Pierre-Louis Mallen. Dans les chapitres suivants, les développements les plus intéressants sont souvent ceux fondés sur les recherches de Lefèvre dans les Archives nationales du Canada ou celles du ministère des Affaires étrangères français.
Malgré quelques citations du Fonds Lesage des ANQ, l’auteur cite beaucoup plus rarement les archives québécoises. De même, parmi les mémoires auxquels elle a recourt, une faible proportion relève des acteurs québécois (c’est le cas notamment de Guy Frégault). Mais ce sont principalement ceux des premiers ministres Diefenbaker et Pearson, de même que de Charles de Gaulle et de ses collaborateurs Foccart et Peyrefitte, sur lesquels elle s’appuie.
Il résulte de tout ce qui précède un certain sentiment d’étrangeté à la lecture de l’ouvrage. On a l’impression en effet que le nationalisme de De Gaulle et sa position sur le Québec demeurent des curiosités pour l’auteur, mais que cette distance ne lui a pas servi à rendre une analyse plus froide de son objet, mais plutôt à passer à côté.
Photo: sur le Chemin du Roy menant à Montréal, De Gaulle passe sous un arc de Triomphe en Peugeot !
C’est sans doute parce que son objet véritable demeurait la question des relations entre Ottawa et Paris. Dans le chapitre II, qui porte sur la rupture, Lefèvre évoque ainsi des pommes de discorde entre les deux capitales : l’achat de DC-9 et non de Caravelles par TransCanada Airlines, le refus par Ottawa de vendre de l’uranium à la France au nom d’une politique pacifiste de l’atome que le fédéral ne respecte pas avec les puissances anglo-saxonnes, nommément Londres et Washington, enfin des différends diplomatiques, onusiens en particulier, au sujet de l’Algérie française.
Dans les chapitres III et IV, Lefèvre y ajoute la question du retrait français du commandement unifié de l’OTAN, malgré la position accommodante de Pearson.
Or, toutes ces raisons, pour n’être pas dépourvues d’intérêt, tout comme les visées pragmatiques du Président de la République française, ne suffisent nullement à expliquer la politique originale et proprement historique du général. Ces visées pragmatiques sont, outre le renforcement du rayonnement du français, l’intérêt pour la France de se montrer au premier plan de l’actualité sur tous les continents, et, en encourageant le principe d’autodétermination, d’espérer atténuer l’écrasante prédominance des deux superpuissances en aménageant davantage d’espace pour sa propre souveraineté nationale en encourageant la concrétisation de celle d’un nombre accru de peuples.
De même, si les tensions diplomatiques franco-canadiennes de 1966, ou encore quelques frictions au sujet de l’Algérie et de l’uranium, peuvent présenter des conditions minimales d’une hypothétique « revanche » à prendre sur le Canada, rien pourtant dans l’analyse ne vient vraiment justifier une telle réduction de la politique québécoise de De Gaulle à une logique franco-canadienne. Après tout, il y a bel et bien eu du changement au Québec durant les années 1960.
En somme, expliquer cette politique historique exigerait une mise en contexte qui est absente du volume. Tout d’abord, il y a le contexte québécois d’émancipation et d’affirmation nationale sur lequel Marine Lefèvre passe beaucoup trop superficiellement. Elle relève ainsi qu’Ottawa, en 1966, demande à De Gaulle de ne pas user de l’expression « État du Québec » alors que cette expression émane de Jean Lesage lui-même, ce qu’elle ne signale pas. Plus tôt, elle fait erronément la distinction entre la politique de Lesage et l’affirmation nationale qu’elle attribue exclusivement aux partisans de la séparation, et non à l’action gouvernementale et au climat de la Révolution tranquille dans son entier. D’ailleurs, les études sur la Révolution tranquille sont totalement absentes de sa bibliographie et de ses références.
Ensuite, il y a l’exceptionnel sens de l’histoire nationale du général de Gaulle. Peu de chefs d’État s’abreuvent aussi vivement d’une solidarité intergénérationnelle qui remonte les siècles bien au-delà de la Révolution française, effectivement à l’échelle de l’histoire entière de la nation française. Lefèvre mentionne bien, par le biais d’une citation d’un collaborateur, que de Gaulle a le sentiment de payer la dette de Louis XV. Ailleurs, elle mentionne un article récent qui compare la réaction d’euphorie suscitée par le voyage du général de Gaulle le long du chemin du Roy à des entrées royales d’Ancien Régime.
Mais ces deux seules mentions sont bien insuffisantes pour expliquer le climat et les réactions populaires à l’occasion de la visite de De Gaulle.
Le contexte d’émancipation nationale de la Révolution tranquille génère une certaine euphorie et une certaine ébullition. La visite du libérateur de la France, d’un Président historique qui semble l’incarner comme rarement président le fit, suscite une forte réaction, à la hauteur de retrouvailles officielles, mais aussi de cœur, entre le Québec et la France, après deux siècles d’abandon et d’oubli. Marine Lefèvre n’aborde jamais la question du rapport complexe du Québec avec la France depuis la Conquête, outre une mention en introduction de l’idée, apparemment gaullienne à ses yeux, de l’ « abandon » par la France au cours de la Guerre de Sept Ans (p. 11).
Le fait que le Président de Gaulle ait voulu, par sa visite et ses déclarations, mais aussi par toute sa politique, encourager le redressement national de l’État canadien-français, et son élan d’émancipation politique, qu’il mène à l’indépendance ou à une forme d’États égaux associés – en bon reflet donc du slogan de Daniel Johnson – n’est pas
Photo: la une de Paris-Match, juillet 1967
véritablement expliqué. Au contraire, le livre se clôt par un chapitre sur les premières conférences internationales de pays francophones en Afrique.
Lefèvre y voit le couronnement de la politique québécoise de Charles de Gaulle, puisqu’il a pu appuyer la concrétisation de la doctrine Gérin-Lajoie dans ce forum international malgré l’opposition d’Ottawa.
Au total, on a le sentiment que le nationalisme de De Gaulle, et l’intérêt du Québec qui en découlait pour lui, ravivé par le contexte des années 1960 et certaines conditions historiques dans l’histoire du Canada français comme dans ses retrouvailles avec la France, sont demeurés trop étrangers à son analyse pour offrir une synthèse éclairante en réponse à son titre. Auteur d’une thèse sur les États-Unis face à la francophonie en Afrique, de 1960 à 1970, Marine Lefèvre aurait sans doute eu avantage à développer à partir de ses recherches un travail plus cohérent sur le Canada face à la francophonie, au Québec et en Afrique, de 1960 à 1970, qui semble être le vrai sujet de ses recherches.
Charles Courtois UQTR (Université du Québec à Trois-Rivières). --------------------
Le "Vive le Québec libre!", vu par Paris-Match, juillet 1967
De Gaulle, lors de sa visite officielle au Canada, prononce à la fin d’un discours des mots qui font l’effet d’une bombe atomique sur la scène internationale. Le monde s’interroge : s’est-il laissé emporter par l’accueil du peuple québécois, digne d’une pop star, ou a-t-il lancé sciemment cette provocation considérée comme une grave ingérence ? Sabine Cayrol - Parismatch.com La presse internationale unanime condamne les propos de Charles de Gaulle. Le « Times » résume fort bien la colère des journaux et des Etats.
« Il faut nous résigner à supporter les provocations du chef de l’Etat français pendant le déclin long et triste de ses facultés. » Ce devait être un voyage sans histoire sinon celle d’un salut de la France aux 6 millions de Canadiens français descendant des 60 000 hommes laissés par Louis XV dans « quelques arpents de neige qui ne valent pas les os d’un grenadier ».
Et puis, tout le long du Saint-Laurent que le général remonte en bateau, c’est du délire. La foule se presse sur les berges, chantant à pleins poumons « La Marseillaise ». En arrivant à Montréal, de Gaulle se présente au balcon de l’hôtel de ville devant une marée humaine hurlant son enthousiasme. En orateur accompli, le président français empoigne les deux micros qui sont devant lui et se penche vers eux comme s’il allait murmurer, calmant ainsi les vivats. « Je vais vous confier un secret que je vous demande de ne révéler à personne. » La foule rit de bon cœur. « Ce soir, je retrouve la même atmosphère que celle de la Libération. » « Libération », ici, est un slogan séparatiste. Le public le comprend ainsi. Et manifeste bruyamment sa joie. Encouragé, de Gaulle s’envole dans une escalade de mots et, à la fin, les bras levés, il scande de sa voix de stentor : « Vive Montréal ! Vive le Québec ! Vive le Québec libre ! » Aussitôt la protestation vient d’Ottawa où il devait se rendre. De Gaulle écourte alors son séjour et regagne Paris pendant que le monde entier s’enflamme pour ce que la majorité des nations caractérise comme un délit d’ingérence inadmissible. ------------ Réflexions de De Gaulle: — « Quand j'ai dù m'exprimer, j'ai vu devant moi une balance avec les deux plateaux: dans un des plateaux, les diplomates... (un geste pour montrer leur caractère volatil), les journalistes... (même geste de nettoyage), les Anglo-Saxons qui, de toute façon, ne m’aiment pas... bref, tous les notoires.
Entre cette agitation insignifiante et le destin de tout un peuple, Il n'y avait pas à hésiter: le second plateau était beaucoup plus gros que le premier. ?
Charles De Gaulle, dix semaines plus tard, à Bernard Dorin (Anne et Pierre Rouanet, in Les trois derniers chagrins du général de Gaulle, [Grasset ed.]), pp. 115, 116 Le mari de Tante Yvonne n'a pas hésité une seconde. Malgré le maire qui l'aiguillait à droite, il tourne à gauche. – Mon Général, ce n'est pas à ce balcon que vous devez prendre la parole! Bernard Durand, directeur du protocole. – Mais il faut bien que je leur dise quelque-chose, à tous ces gens qui m'appellent... Le Maire est là, comme une dame à toutou contemplant la laisse rompue au bout de ses doigts. Comme la dame appelle une dernière fois son toutou, en commençant à pressentir combien c'est dérisoire, le Maire sort son dernier biscuit: ? Mon Général, Il n'y a pas de micro! – Et ça, alors, qu'est-ce que c'est? (Anne et Pierre Rouanet, in Les trois derniers chagrins du général de Gaulle, [Grasset ed.]), p. 116 | | | C'est le vieux guerrier qui a parlé, toisant tout le monde du haut de ses 77 ans sonnants et trébuchants. Malgré sa cataracte, malgré l'absence de ses lunettes, malgré la déterioration patente de ce qu'il appelle « la carcasse », le Général a vu, tout lové sur lui-même dans un recoin sombre du balcon, un micro qui traînait là.
– Ça, concède le Maire, dans un couac étouffé, c'est un micro...
Soudain, après une pause, il s'enhardit:
– Il n'est pas branché!
– Ce n'est rien, Monsieur le Maire, je peux aussi bien le rebrancher.
Cassé, le miracle attendu du Maire et des Notoires... Cassé le rève des hégémonistes anglo-saxons qui attendent là, tous empreints d'une admiration blasée hypocritement feinte, tout en redoutant un de ces coups de tête propres au Général, qui ne se gêne pas pour secouer les cages de par le monde... Cassé par un petit homme bien ordinaire, un technicien anonyme qui se trouvait là, parmi les Grands et les moins grands, les Illustres, les notoires et les éphémaires, par hasard...
Un empereur qui s'occupe des poignées de portes...
Gilles Loiselle, en parlant du maire Drapeau...
Le Maire se retire par en arrière, pour demeurer en retrait du plus illustre des Français, tandis que le petit homme bien ordinaire rebranche le micro.
De Gaulle parle enfin:
"C'est une immense émotion qui remplit mon coeur en voyant devant moi la ville française de Montréal. Au nom du vieux pays, au nom de la France, je vous salue de tout mon coeur.
Je vais vous confier un secret que vous ne répéterez pas. Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre que celle de la Libération. Outre cela, j'ai constaté quel immense effort de progrès, de développement, et par conséquent d'affranchissement vous accomplissez ici et c'est à Montréal qu'il faut que je le dise, parce que, s'il y a au monde une ville exemplaire par ses réussites modernes, c'est la vôtre. Je dis c'est la vôtre et je me permets d'ajouter c'est la nôtre.
Si vous saviez quelle confiance la France réveillée par d'immenses épreuves porte vers vous' Si vous saviez quelle affection elle recommence à ressentir pour les Français du Canada et si vous saviez à quel point elle se sent obligée à concourir à votre marche en avant, à votre progrès' C'est pourquoi elle a conclu avec le gouvernement du Québec, avec celui de mon ami Johnson, des accords pour que les Français de part et d'autre de l'Atlantique travaillent ensemble à une même oeuvre française. Et d'ailleurs le concours que la France va, tous les jours un peu plus, prêter ici, elle sait bien que vous le lui rendrez, parce que vous êtes en train de vous constituer des élites, des usines, des entreprises, des laboratoires qui feront l'étonnement de tous, et qui, un jour – j'en suis sûr – vous permettront d'aider la France...
Voilà ce que je suis venu vous dire ce soir, en ajoutant que j'emporte de cette réunion inouie de Montréal un souvenir inoubliable. La France entière, sait, voit, entend ce qui s'est passé ici. Et je puis vous dire qu'elle en vaudra mieux.
Vive le Canada français et vive la France!!!