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Publié par Michel Cloutier le 29/10/2008 21:00:00 (3802 lectures) Articles du même auteur

LE "REFUS GLOBAL" : l'évidence de la liberté 

  par MICHEL CLOUTIERcloutier
   Journaliste d'enquête
   Journal Québec Presse
  
SHAWINIGAN, QUÉBEC — 

   Dans le Québec des années 40, où le libre jeu des forces   intellectuelles et artistiques est radicalement "plaqué" par le conformisme de l'Église dont l'esprit chrétien règne et loge partout à même les professions libérales, voilà qu'un certain peintre, Paul-Émile Borduas, refuse de mourir de vieillesse dans de telles conditions, bien que mourrir de vieillesse soit la chose la plus naturelle au monde. "Un sauvage besoin de libération" le hante avec d'autres artistes montréalais. L'évidence de la liberté les occupe tous et ils deviendront des "automatistes". 
 
Le contexte spirituel du Québec, loin de se miner ou de se fragmenter, se fabrique plutôt de bons ingrédiens à même l'humeur riante des grosse familles traditionnelles. L'esprit familial arrange tout, les mères sont dévotes et cet esprit va favoriser les vocations religieuses dans les collèges et les couvents.
Honneur à la foi, pénétrée du sens du devoir. Les générations en sont totalement dressées.
 
Si bien que la position du clergé dans l'administration est celle d'un véritable parti qui non seulement est à côté de l'État, mais le pénètre et le domine. En s'appuyant sur l'autorité et la discipline, le clergé québécois inspire un esprit de solidarité nationale au gouvernement provincial même.

Par ailleurs, si les colons eussent été largement protestants, le développement du Canada français aurait-il suivi le reste de l'Amérique dans son attrait de l'argent et du gain? L'esprit d'activité économique qui caractérise tant l'Amérique anglo-saxonne, régnerait-il aujourd'hui sur le Québec ?

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 PHOTO: Paul-
 Émile Borduas (1905-1960).  Professeur à l'École du meuble de Montréal et peintre de talent,  a été le chef de file du Groupe automatiste de Montréal et le principal auteur du manifeste Refus global. Il a exercé une influence profonde sur le développement des arts et de la pensée au Québec.


Ainsi, l'Église et l'État font bon ménage : même qu'ils ne font qu'un à défier les crises sociales. Duplessis, en quête de pouvoir, devient le "chef" politique de cette richesse terrienne, campagnarde, modeste et pauvre; parfois misérable mais dont la force et la santé grandissent à l'ombre du clocher.

Même que le quinze août 1951, Maurice Duplessis allait officiellement consacrer la Province de Québec à la Vierge-Marie, dans une cérémonie radiodiffusée à travers le Québec, en présence du clergé et des grands journaux depuis le Sanctuaire national de Notre-Dame-du-Cap, voisin de la ville de Trois-Rivières, au coeur du Québec.

Cet acte de foi du politicien ne l'empêche nullement de "protéger" ses amis politiques, les bailleurs de fonds notamment, en leur accordant des passe-droits, des faveurs bien méritées. Dans cette veine sans valeur spirituelle, l'hôtelier Georges Cossette qui exploite le célèbre hôtel "Le Paradis des Sports" du Lac des Piles, près de Grand-Mère, est justement au paradis. Les vedettes américaines du jazz sont à l'affiche.

— Mon p'tit gars,
lui dit Duplessis une fois pour toutes, tu peux vendre de la boisson sans licence, mais jamais le dimanche durant la grand-messe". duplessis_400

Alors là, n'y aurait-il de vie morale que le dimanche pour Maurice Duplessis?


PHOTO: Maurice Duplessis consacrant le Québec à la Vierge Marie, le 15 août 1951, au Sactuaire national de Notre-Dame-du-Cap. Photo tirée du livre "Les Bâtisseurs de Sainte-Flore", de Michel Cloutier,  Le Scribe Éditeur, Shawinigan 1997.


Un drôle de mouvement sans tourment, à la juste mesure de l'homme d'État, grand dévôt de saint Joseph qu'il invoque en assistant assidûment à la messe du mercredi dans la cathédrale de Québec. Une foi à viser l'exemplarité chez le bon peuple où rien ne va de travers dans les chaumières chrétiennes bien soudées, sans divorce aucun. Cette foi porteuse de la nation localise la vitalité de la vie publique d'une paroisse à l'autre du Québec autant rural qu'urbain... tout en prolongeant et accentuant le taux des naissances et faire honneur à la race. Et la sauver par le nombre croissant de petits québécois afin de suppléer au manque dramatique d'immigrants français, la douce France de nos aïeux étant ce qu'elle est : platement sédentaire de nature. Et fort ignorante du "fait français" de ce Canada lointain, peuplé d'Indiens imaginaires et de cousins paysans sans importance.  

S'AMÈNE LE "REFUS GLOBAL"

À travers ce régime où la foi catholique joue le rôle décisif d'une religion unique et exclusive dans la cohésion culturelle et même politique de la nation québécoise, les artistes les plus lucides sont à l'extrême pointe de l'éclatement créatif, voulant accéder à autre chose que la tradition qui les coince de toutes parts. Une sorte d'inquiétude moderne semble les animer. Pénétrés de soupçons face au dogmatisme de l'Église qui règle et les consciences et les mariages, nos chers artistes sont donc en présence d'une autorité médiévale de l'Église, supérieure à celle de l'État.

Et ces grands artistes montréalais vont alors monter au front pour dénoncer la censure, notamment envers les oeuvres littéraires ennemies de l'esprit catholique. Lautréamont et Rimbaud y passent.blanchar_072_400 Du haut de la chaire, les curés se radicalisent, exhortent les fidèles à ne lire que les quotidiens l'Action catholique et Le Devoir. Le périodique montréalais "Nouvelles et Potins", ancêtre de "Nouvelles Illustrées", est mis à l'index; la redoutable chanson "À qui le p'tit coeur après neuf heures?" du chanteur country Miron fait scandale aux yeux de l'Église malgré son immense succès (un million de disques vendus en dix ans).      

Dans cette théocratie du Québec, la foi reste encore la plus puissante sauvegarde de notre existence nationale. À Paris, l'ivresse de l'art abstrait s'intègre dans l'art religieux. Une révolution insolite dont le témoin créatif,le peintre québécois Paul-Émile Borduas, étudiant parisien, envie la nouveauté. Borduas se sent beau, riche et fort de cette expérience esthétique pour ne pas dire existentielle. Borduas rentre au bercail, l'esprit rompu d'avec le Québec de son temps.    

refus_global_400PHOTO: La couverture-dessin du manifeste "Refus Global" est signée Riopelle. Cette édition est celle de Shawinigan, publiée en 1973 par le jeune libraire Anatole Brochu de la 5e Rue à Shawinigan, avec la permission expresse de Paul-Émile Borduas. 

Dans la prose de Borduas, on peut lire dans le Refus Global, une description sans complaisance de la société :

« Un petit peuple serré de près aux soutanes restées les seules dépositaires de la foi, du savoir, de la vérité et de la richesse nationale. Tenu à l'écart de l'évolution universelle de la pensée pleine de risques et de dangers, éduqué sans mauvaise volonté, mais sans contrôle, dans le faux jugement des grands faits de l'histoire quand l'ignorance complète est impraticable. »


Comme nous le voyons, les artistes arrivent mal à se conformer aux traditions locales qu'imposent les rapports sociaux et religieux du Québec. La gracieuse charité pratiquée par l'Église dans ses oeuvres sociales est un trésor qui ne doit pas être souillé par le "modernisme" des idées. L'Église, spécialiste de l'Amour, craint le courant "individualiste". 
              ts_01               Photo: le peintre Jean-Paul Riopelle. Un maître québécois. Il meurt à Montréal, le 12 mars 2008 à l'âge de 78 ans.




L'Église emmitoufle le peuple dans le velours et les fourrures, à même le calendrier liturgique bien chanté et prié. Les messes, les congrès eucharistiques et les pèlerinages battent des records d'assistance. Le cardinal Paul-Émile Léger fait prier le Québec à tous les soirs au micro de la station CKAC. Le cardinal du Rosaire. Un rayon divin éclaire l'âme du peuple.

PHOTO: Le cardinal Léger de Montréal.
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Après un passage en France au début des années 30, ce jeune prêtre participe en 1933 à la fondation du Séminaire de Fukuoka, au Japon. De retour dans sa ville natale de Valleyfield en 1940, il occupe les postes de vicaire général du diocèse et de curé de la cathédrale avant de devenir recteur du Collège pontifical canadien à Rome, de 1947 à 1950. Archevêque de Montréal en 1950, puis cardinal, à partir de 1953, sa personnalité marque l'Église au moment où celle-ci connaît une période de stabilité. C'est au cours des années 60 que la baisse de la pratique religieuse et du nombre de vocations se précise, une situation inquiétante pour le cardinal qui joue néanmoins un rôle important au sein de la Commission chargée de préparer le concile Vatican II dont les travaux débutent en 1962. Un des Québécois les plus célèbres de son temps, il cause une surprise en quittant son poste en 1967 pour se consacrer à améliorer le sort des enfants malades du Camroun. Sa générosité, son travail inlassable auprès des plus démunis, notamment par la fondation qui porte son nom, continuent à en faire une figure publique connue et respectée lorsque sa mort survient en 1991. Son frère cadet Jules a été gouverneur général du Canada de 1974 à 1979.


Mais les artistes avant-gardistes ne pensent qu'à se décharger de cette autorité spirituelle. En fait, la tension passionnelle la plus critique chez eux s'exprime par une guerre spirituelle contre la foi (dont souffre tous les jeunes actuellement. Au Québec comme ailleurs dans le monde.)

À divers degrés, artistes et intellectuels vont prêcher la liberté des moeurs et le détachement de Dieu et de ses saintes lois. C'est la descente aux enfers. L'édifice de la foi est morcelé, le Québec va se laïciser dans les années soixante... et mettre en pièces la pratique religieuse au fil des ans. Disons plutôt que l'indifférence religieuse gagnera le peuple. Si bien que les églises se vident, se vendent. À l'école, la violence et la drogue remplacent le crucifix. En revanche, des cénacles catholiques renaissent partout, formant des cellules de prières. La civilisation de l'Amour se pointe, se construisant sans bruit.  

UNE PASSION DÉVASTATRICE
 
Lancé à 400 exemplaires le 9 août 1948, le manifeste "Refus Global" écrit par le peintre Paul-Émile Borduas, prône l'intuition et l'impulsion primitive, évacuant ainsi l'intention esthétique dans l'art. Que des mots ? Certes non. L'histoire du modernisme québécois y fait irruption. Avec un instinct agressif, une généreuse colère à rendre les signataires du manifeste blême et haineux envers le pouvoir absolu l'Église. C'est la rage froide et blanche contre toute forme traditionnelle. La fureur de l'instant dans le titre même: Refus global. Les signataires ne veulent-ils pas réinventer? Mais quoi? Une nouvelle identité québécoise ? Assurément. Toutefois, rien de tel au Canada anglais, sans crise aucune, à la manière d'un pays étranger: deux solitudes, deux pays, le Québec étant sans rayonnement du côté anglo-saxon. Le "Refus global" est une affaire québécoise.

Conséquemment, la bande à Borduas est en proie à saccager l'esprit dominant de l'Église québécoise. Le manifeste, ce mélange explosif à devoir faire souffrir l'Église, se voit comme un amour destructeur et une passion dévastatrice qui déferlent sur l'autorité religieuse. Comme s'il fallait effriter l'Église en petites pièces paroissiales, la détrôner de son rôle majeur de protectrice de la nation contre toute forme d'assimilation étrangère (moeurs comprises) dont l'incontournable langue anglaise, économiquement dominante.

Ce qui attisa la discorde sociale bien entendu. En première ligne, Paul-Émile Borduas perdit son poste de professeur à l'École du meuble de Montréal après la publication du manifeste. Victime, il aura unifier les réactions passionnées, fraîchement converties au manifeste controversé.

SHAWINIGAN : SECRETS HISTORIQUESrefus_global__2_400

Oeuvre capitale, incontournable dans l'histoire du Québec, le Refus Global a connu une réédition locale à Shawinigan (Québec) en 1972 et 1973, soit presque 25 ans après la parution de l'édition originale.

C'est Anatole Brochu (nom fictif? Allez savoir!), libraire-éditeur surréaliste de Shawinigan qui obtint audacieusement les droits de la réédition. L'événement passe inaperçu des historiens et intellectuels du Québec.

En 1999, un certain Louis Bournival publie "Les deux pieds dans le Saint-Laurent" aux Éditions Félix du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Son récit relate pour un moment l'atmosphère de cette librairie-boutique de Brochu alors située au 662 de la 5e Rue. En voici l'extrait :blanchar_002_400

"À l'époque du Cégep, des amis avaient loué un sous-sol, une cave, un local, pas cher. Situé dans l'épicentre de Shawinigan, de nombreux amis des deux sexes s'y donnaient rendez-vous, tout simplement pour être ensemble. C'est bon d'être en gang, ça permet de mieux endurer l'inhospitalité du monde extérieur et de se rassurer quant aux luttes à mener.

On baptisa l'endroit du joli nom de "Au cas qui mouille". J'aimais ce nom pour sa sonorité mais surtout parce qu'il dépeignait en peu de mots l'âme du lieu."

Photo: La porte d'entrée de la librairie-boutique Anatole Brochu, 5e Rue à Shawinigan. Le local du sous-sol sert d'entrepôt aujourd'hui. 

Qu'est devenu par la suite Anatole Brochu ? Nul ne le sait. Aucune trace physique ni intellectuelle de cet homme, un "petit dieu" de l'édition qui aura vécu un tressaillement littéraire dont l'impénétrable pensée qui nous échappe, est une sorte de vouloir héroïque à faire envier les grands éditeurs montréalais.

blanchar_004_400La façade de l'immeuble grisâtre est restée la même. La porte orange conduit au sous-sol de ce que fut la Librairie-boutique Anatole Brochu, 5e Rue, au centre-ville de Shawinigan, Québec.
    



  







blanchar_006_400La 5e Rue à Shawinigan vers l'ouest. L'immeuble moderne de 7 étages est la Résidence Saint-Mauricie, rue de la Station.












La 5e Rue, vers l'est.
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L'Hôtel de ville de Shawinigan, construit en 1948. Une copie architecturale de celui de Vancouver. Un plagia bien volontaire.
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HISTORIQUE, D'APRÈS  "Wikipédia" :

Le Refus global est un manifeste artistique publié le 9 août 1948 par les Automatistes aux Éditions Mythra-Mythe. Son auteur, Paul-Émile Borduas, remet en question les valeurs traditionnelles et rejette l'immobilisme de la société québécoise de l'époque. Il est plus radical que Prisme d'yeux lancé quelques mois auparavant.

 Long d'une quinzaine de pages, le manifeste se veut un cri de ralliement contre l'hégémonie de l'Église et l'ordre établi, dans une société canadienne-française arriérée et en marge de l'Histoire. 

signataires du manifeste:


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