«Libérez la Palestine!», «Israël: terroriste, Harper: complice», «Viva l'intifada», ont scandé les protestataires, qui ont bravé un froid mordant pour sillonner les rues du centre-ville pendant près de quatre heures.
Parmi les centaines de drapeaux palestiniens, des photographies d'enfants palestiniens ensanglantés s'élevaient au-dessus des têtes. Certains ont brandi des souliers, clin d'oeil au journaliste irakien qui a lancé ses chaussures au président américain George Bush. D'autres ont brûlé le drapeau israélien, dont les cendres ont été piétinées par les marcheurs.
La contestation avait un sens particulier pour Yamen Bakr. Ce Montréalais d'origine palestinienne est en deuil. Ses cousins Mohammed, 24 ans, et Adahm, 25 ans, sont morts dimanche dernier lorsqu'un obus israélien s'est écrasé près de leur maison dans la ville de Gaza. Le jeune homme est descendu dans la rue pour exprimer sa solidarité avec les Palestiniens victimes du conflit.
«C'est la moindre des choses que nous puissions faire pour ces gens qui souffrent là-bas, a-t-il affirmé. Depuis deux ans, ils vivent en état de siège, dans la pauvreté, et personne ne leur vient en aide pendant les attaques.»
«Sous prétexte de tuer le Hamas, ils tuent des enfants, a renchéri Rachida Zbiri, une mère de famille. Comment des pays comme le Canada, qui sont des défenseurs des droits humains, peuvent-ils rester immobiles face à la mort de civils innocents?»
Jusqu'à 5000 manifestants
Peu avant 12 h 30, quelques centaines de personnes s'étaient rassemblées à l'angle de la rue Sainte-Catherine et de l'avenue Atwater, dans l'ouest du centre-ville. Le cortège a grossi de minute en minute et, très vite, on a pu évaluer la foule à près de 5000 personnes.
Le cortège a fait un crochet à Westmount pour passer devant le consulat israélien, lourdement gardé par les policiers. Il a ensuite pris le chemin du centre-ville. Rue Sainte-Catherine, des commerçants un peu médusés ont regardé les milliers de protestataires, pressés aux vitrines de leurs magasins désertés.
Quelques Juifs opposés à la politique étrangère israélienne se sont joints à la marche, mais la vaste majorité des manifestants étaient originaires des pays arabes.
Faire pression sur Ottawa
«Le but de la manifestation d'aujourd'hui est de faire pression sur le gouvernement canadien et ceux du monde entier afin qu'ils agissent pour mettre un terme à la souffrance des Palestiniens, a affirmé Leif Marouf, de Solidarité pour les droits humains des Palestiniens, l'un des groupes qui organisaient la manifestation. Plus les jours passent, plus le nombre de civils tués augmente.»
Vendredi, un rassemblement beaucoup plus petit a été le théâtre d'une prise de bec entre pro-palestiniens et partisans de l'État hébreu. Dimanche, une poignée de contre-manifestants brandissant des drapeaux israéliens se sont montrés au début du rassemblement, mais ils ont rapidement quitté les lieux. La police n'a signalé aucun incident fâcheux et personne n'a été arrêté.
Mais la présence de quelques éléments radicaux dans la marche en a indisposé plusieurs. On a notamment aperçu des étoiles de David comparées à des croix gammées nazies.
Israël diabolisé
Luciano Del Negro, directeur général de Québec-Israël, a assisté à la manifestation. Il s'est dit «profondément troublé» par son «caractère haineux». Il affirme que des «appels au meurtre des Juifs» ont été scandés en arabe.
«Les paroles scandées en français et en arabe sont toutes des slogans qui diabolisent et dévalorisent Israël, a-t-il déploré. Les protestations ne font qu'aider le Hamas à se légitimer.»
C'est le plus récent d'une série de rassemblements tenus un peu partout au Canada depuis le début des frappes à Gaza, le 27 décembre. Près de 300 personnes ont manifesté à Edmonton, 24 heures après les marches à Ottawa, Vancouver et Toronto.



