ROME: LA PASSOIRE JUIVE
RÉSEAU clandestin
de Pie XII, aidant les juifs à fuir
Révélations de Dom Giancarlo Centioni
OMER SIMBILLE
 Correspondant Journal Québec Presse PARIS —
LE VATICAN: LA PASSOIRE JUIVE
ROME— Alors que la béatification de Pie XII est en marche mais connaît des échos contestataires, voici la preuve vivante d’un réseau clandestin de Pie XII pour aider les juifs. La nouvelle provient de Rome, de l'agence Zénit. En voici le contenu:
Entretien avec l’un de ses membres, don Giancarlo Centioni
ROME, Vendredi 15 janvier 2010 (ZÉNIT.org) — Certains secteurs de l'opinion publique ont demandé ces dernières semaines des preuves de l'aide que Pie XII a apportée aux juifs durant la persécution nazie. Le prêtre italien Giancarlo Centioni, âgé de 97 ans, en est la preuve vivante car il est le dernier membre en vie du réseau clandestin créé par le pape Pacelli.
Entre 1940-1945, il était aumônier militaire à Rome au sein de la Milice volontaire pour la sécurité nationale et vivait chez des prêtres allemands de la Société de l'apostolat catholique (les pères Pallotins), qui l'ont impliqué dans ce réseau d'aide.
« Comme j'étais un aumônier fasciste, il était plus facile d'aider les juifs », explique-t-il dans un entretien accordé à ZENIT et à l'agence multimédia www.h2onews.org, pour expliquer les raisons ayant motivé le choix de le faire participer à une opération à risque.
« Mes confrères Pallotins, venus de Hambourg, avaient fondé une société, la société 'Raphaël's Verein' (société de Saint Raphaël), instituée pour venir en aide aux juifs », révèle-t-il.
Un des objectifs du réseau consistait à faire sortir des juifs d'Allemagne et, en les faisant passer par l'Italie, de leur faire gagner la Suisse ou Lisbonne (Portugal), raison pour laquelle le réseau comptait sur un un certain nombre d'hommes dans chacun de ces quatre pays. Au fil du temps, des juifs ont rejoint eux aussi ce réseau.
En Allemagne, se souvient Don Centioni, la société était conduite par le père Josef Kentenich, connu dans le monde comme le fondateur du Mouvement apostolique de Schönstatt. Ce père pallotin a ensuite été fait prisonnier et enfermé dans le camp de concentration de Dachau jusqu'à la fin de la guerre.
Photo: don Giancarlo Centioni
« À Rome, au numéro 57 de la Via Pettinari, le chef de toute cette activité était le père Anton Weber, qui était en contact direct avec Pie XII et la Secrétairerie », raconte le père italien.
Une des activités principales du réseau consistait à remettre passeports et argent aux familles juives pour qu'elles puissent s'enfuir.
« L'argent et les passeports étaient donnés par le père Anton Weber et remis aux personnes. Mais lui-même l'obtenait directement [sur la vidéo de l'entretien, le père insiste sur le mot ‘directement'] de la secrétairerie d'Etat, au nom et pour le compte de Pie XII ».
« A Rome, au moins 12 prêtres allemands ont participé avec moi à cette opération de secours », poursuit le prêtre, expliquant que la police italienne avait elle aussi apporté une aide décisive, en particulier le sous-préfet de police de Mussolini, Romeo Ferrara, qui lui disait où se trouvaient les familles juives auxquelles il devait livrer les passeports, « même de nuit ».
Photo: réfugiés juifs dormant au Vatican
Parmi ceux qui ont été aidés par le père Centioni à Rome se trouve la famille Bettoja, juive, propriétaire d'hôtels en ville.
Le policier l'avait envoyé chez eux de nuit, habillé en aumônier militaire italien, pour ne pas se faire arrêter par les soldats allemands.
Le père se souvient très bien de la peur éprouvée et des difficultés rencontrées durant l'opération, la famille qu'il devait aider étant elle-même méfiante.
« Je frappais à leur porte, mais ils ne voulaient pas ouvrir. A la fin j'ai dit : 'regardez, je suis prêtre, un aumônier, je viens pour vous aider, pour vous apporter un laisser-passer' ».
« 'Jurez-le', a répondu une voix de l'autre côté de la porte. 'Je le jure, me voici, vous pouvez me voir à travers le judas' ».
Le père italien a été reçu par madame Bettoja et ses enfants.
« J'ai dit : ‘Prenez votre voiture et partez de chez vous avant sept heures, car à sept heures, de la frontière du Latium vous pouvez aller à Gênes. Ils ont pris la fuite et ont eu la vie sauve. C'est une des nombreuses familles ».
Les interventions du réseau ont commencé avant l'invasion allemande en Italie, précise le père Centioni, et durèrent, « au moins, pour ce que j'en sais, jusqu'à après 1945, car les liens entre le père Weber, le Vatican et les juifs étaient très intenses ».
« Tant de braves gens », commente-t-il, pensant surtout aux familles juives.
« Parmi ceux qui nous ont ensuite aidés il y a eu deux juifs que nous avons cachés : un homme de lettres, (Melchiorre) Gioia, et un grand musicien auteur compositeur de Vienne de l'époque, qui écrivait des chansons et composait des opérettes, Erwin Frimm ».
Le prêtre les avait cachés dans des maisons à Rome, en l'occurrence dans sa résidence religieuse de Via Pettinari, 57.
« Et eux nous ont beaucoup aidés en nous donnant des indications précises », reconnaît-il. Une action où l'on pouvait risquer sa propre vie, comme le prêtre a pu vite le constater.
« J'ai aidé Ivan Basilius, un espion russe, sans savoir qu'il était russe ou espion. Hélas les SS l'arrêtèrent et dans son calepin se trouvait mon nom. Alors, ciel ouvre-toi ! Le Saint-Siège m'appela, Son Excellence Hudal [haut et influent prélat allemand à Rome] et me dit : « venez ici, les SS viennent vous arrêtez ». « Qu'est-ce que j'ai fait? ». « Vous avez aidé un espion russe ». « Moi? Qu'est-ce que j'en sais? C'est qui? ». Alors je me suis enfui.
Don Centioni, en tant qu'aumônier, connaissait l'officier allemand Herbert Kappler, commandant de la Gestapo à Rome et auteur du massacre des Fosses ardéatines, où furent assassinés 335 Italiens, dont beaucoup de civils et de juifs.
« Durant la période allemande, après le massacre du mois de mars [aux Fosses ardéatines], j'ai dit à Kappler, que je voyais souvent : ‘pourquoi n'avez-vous pas appelé les aumôniers militaires aux Fosses ardéatines?'. ‘Parce que je les aurais éliminés et vous aurais éliminé vous aussi », avait répondu l'officier nazi.
Don Centioni garantit que les centaines de personnes qu'il a secourues savaient qui était derrière tout ça, c'est pourquoi il insiste : « Pie XII les aidait, à travers nous les prêtres, à travers la ‘Raphael's Verein' ».
Le cas de don Centioni a été découvert et analysé, en le comparant à d'autres témoignages, par la Pave the Way Foundation (http://www.ptwf.org), fondée par le juif de New York Gary Krupp.
L'avocat italien Daniele Costi, président de la fondation en Italie, garantit la bonne foi de cet entretien.
Le récit trouve confirmation dans la remise d'une décoration à don Centioni par le gouvernement polonais en exil (une croix en or avec deux épées « pour notre et votre liberté »).
Le prêtre italien cite en outre les manifestations de gratitude reçues par certains juifs qu'il avait aidés : M.M. Zoe et Andrea Maroni, le professeur Melchiorre Gioia, le professeur Aroldo Di Tivoli, les familles Tagliacozzo et Ghiron, dont les enfants ont pu avoir la vie sauve, en gagnant les Etats-Unis, munis de passeports de fortune délivrés par l'intermédiaire du Vatican.
[Pour voir l'entretien: www.h2onews.org] Propos recueillis par Jesús Colina
------------------------------------------------------------------------ REVUE DE PRESSE sur le sujet
Le 14 janvier 2010 - (E.S.M.) - Une vidéo de H20 News parle du réseau que Pie XII a mis en place pour sauver la vie de nos frères aînés dans la foi, les Juifs. |
Le pape Pie XII Le 14 janvier 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Aujourd’hui H2news diffuse en exclusivité sur son site www.h2onews.org, un entretien avec le père italien Giancarlo Centioni, dernier témoin encore en vie, qui a fait partie du réseau clandestin créé par Pie XII , durant la seconde guerre mondiale, pour aider les juifs à fuir les persécutions nazies.
Le père italien raconte comment , entre 1940 et 1945, il a eu l’occasion de venir en aide à tant de juif, grâce à sa fonction d’aumônier militaire au sein de la Milice volontaire pour la Sécurité nationale à Rome.
« Ce réseau délivrait des passeports et de l’argent aux familles juives pour les aider à fuir », explique don Centioni dans cet entretien . Il explique qu’ils « étaient donnés par le père Anton Weber puis remis aux personnes » . Papiers et argents venaient « directement de la Secrétairerie d’Etat , au nom de Pie XII » .
Selon le père italien, les centaines de personnes secourues savaient qui était derrière tout cela: « Pie XII les aidait, en passant par nous les prêtres, par la « Raphael's Verein », par les Verbites allemands de la Société du verbe Divin à Rome ».
Le cas du père Centioni a été découvert et analysé, en comparant avec d’autres témoignages, par la Pave the Way Foundation (http://www.ptwf.org), fondée par le juif de New York, Gary Krupp. Son récit trouve confirmation dans la remise d’une décoration que lui a faite le gouvernement polonais durant son exil (croix d’or avec deux épées « pour notre et votre liberté » ).
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Pie XII créa un réseau clandestin pour sauver la vie de juifs poursuivis par les nazis. Un des membres de ce réseau est encore en vie: il s’agit d’un prêtre italien , le père Giancarlo Centioni, classe 1912. Entre 1940 et 1945, il travaillait à Rome comme aumônier militaire au sein de la Milice volontaire pour la Sécurité nationale et vivait chez des prêtres allemands qui l’ont impliqué dans le réseau..
« J’habitais à la Maison générale des Pallotins, C’est là que mes confrères prêtres allemands m’ont demandé de m’impliquer. Comme j’étais un aumônier fasciste, il était plus facile d’aider les juifs. Mes confrères Pallotins , venus de Hambourg, avaient alors fondé une société qui s’appelait la « Raphael's Verein » (société de Saint Raphael), instituée pour venir en aide aux juifs. D’abord pour les aider à quitter l’Allemagne pour l’Italie, et puis.. ou pour la Suisse ou pour Lisbonne".
En Allemagne, se souvient don Centioni, la société était conduite par le père Josef Kentenich, connu dans le monde comme le fondateur du Mouvement apostolique de Schönstatt. Ce prêtre Pallotin a ensuite été fait prisonnier et enfermé au camp de concentration de Dachau, jusqu’à la fin de la guerre.
"A Rome, toujours au numéro 57 de la Via Pettinari, le chef de toute cette activité était le père (Anton) Weber, qui entretenait des liens directs avec Pie XII et la Secrétairerie d’Etat.
Passeports et argent étaient donnés par le père Anton Weber et remis aux personnes. Mais lui il obtenait tout ça directement de la Secrétairerie d’Etat , au nom et pour le compte de Pie XII.
J’ai remis moi-même beaucoup de cet argent aux juifs.
A Rome, 12 prêtres allemands au moins ont participé avec moi à cette aide."
Les interventions de ce réseau ont commencé avant l’invasion allemande de l’Italie.
"Ils ont commencé avant la guerre et, d’après ce que je sais, continuaient encore après 1945, car les relations avec le père Weber, surtout, étaient intenses... au Vatican, avec les juifs...tant de braves gens dont deux qui nous ont d’ailleurs ensuite aidés … deux juifs que nous avions cachés : un homme de lettres (Melchiorre) Gioia, et un grand musicien de Vienne de l’époque, qui écrivait des chansons et composait des opérettes, Erwin Frimm Kozab… Je l’ai caché Via Giuseppe, Via Bari, l'autre à Via Pettinari 57, et eux m’ont beaucoup aidé en me donnant des indications précises, etc, etc."
Cette activité était très risquée
"J’ai aidé Ivan Basilius, un espion russe, sans savoir qu’il était russe ou un espion. Hélas les SS l’arrêtèrent et dans son calepin il y avait mon nom. Alors, ciel ouvre-toi! Le Saint-Siège m’appela , Son excellence Hudal [haut et influent prélat allemand à Rome] et me dit: « venez ici, les SS viennent vous arrêtez » . « Qu’est-ce que j’ai fait? ». « Vous avez aidé un espion russe » . « Moi? Qu’est-ce que j’en sais? C’est qui? ». Alors je me suis enfuis."
Don Centioni, en tant qu’aumônier, connaissait l’officier allemand Herbert Kappler, le commandant de la Gestapo a Roma et auteur de la tuerie des Fosses ardéatines, où furent assassinés 335 italiens, dont beaucoup de civils et de juifs.
"A l’époque des allemands, après le massacre du mois de mars [aux Fosses Ardéatines], j’ai dis à Kappler, que je voyais souvent (…), « pourquoi n’avez-vous pas appelé les aumôniers militaires aux Fosses Ardéatines? ». « Parce que je les aurais éliminés et vous aurais éliminé aussi » .
Don Centioni assure que les centaines de personnes qu’il a pu aider savaient qui était derrière tout ça.
"Pie XII les aidait, à travers nous les prêtres, à travers la « Raphael's Verein », à travers les Verbites allemands de la Société du verbe Divin à Rome".
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