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Éditorial: L'AFFAIRE SARKOZY
par Michel CLOUTIER
Alors que Charles De Gaulle, ce géant du XXe siècle, s'identifiait à la France et au Québec libre de 1967; alors que ce général, le nez long, large, busqué...
Photo: Michel Cloutier, Éditeur, Journal Québec Presse
ayant le nez des puissants de l'Histoire, parlait souvent de lui à la troisième personne tout comme les monarques, voilà que son nom lui-même le poussait comme un chevalier vers un destin national, celui de la France, et par-delà l'Atlantique, celui du Québec, cet État-nation francophone d'Amérique aux huit millions d'habitants.
Alors qu'avec panache, De Gaulle se met à régner durant dix ans et de façon totalement démocratique, devenant même sauveur de la France à deux reprises, en 1945 et en 1958, ce De Gaulle aime avec fougue, passion et raison. Les intérêts supérieurs de la nation avant tout.
Photo: voici une force d'âme, à la limite de l'excessif. De Gaulle est hors du commun, apte au pouvoir. C'est un chef au sens le plus tribal de l'histoire.
L'AFFAIRE DU CANADA
En faisant surgir avec fracas "l'Affaire du Canada" sur la scène mondiale, du haut du balcon de l'Hôtel de ville de Montréal en 1967, le général fait appel à la libération politique de la province francophone, alors toute passive face à son destin national.
Voilà tous les visages de son destin, à ce Charles De Gaulle.
L'AFFAIRE NICOLAS SARKOZY
Aujourd'hui, "L'Affaire du Canada" ponctuée par le cri du Vive le Québec libre! de 1967, au nom des intérêts supérieurs de la nation québécoise de l'époque, cette affaire retentissante, véritable suprématie historique, devient platement aujourd'hui "L'Affaire Sarkozy"... sans grandeur d'âme; un Sarkozy qui donne âprement un coup de poing blessant aux souverainistes québécois en plaidant l'unité canadienne au nom des intérêts financiers précipités, c'est-à-dire au nom de l'égo-financier des bailleurs de fonds fédéralistes (ils veulent évacuer le Québec de son destin souverain, mais en vain) et qui auront propulsé Nicolas Sarkozy au pouvoir de la présidence de l'Hexagone. Un échange communicatif orchestré par des milliardaires qui n'ont rien de commun avec le peuple québécois.
Le prix de la grandeur humaine est ailleurs, dans les fibres du peuple. L'argent se donne de l'âme empesée et guindée; l'argent est bel et bien au service du pouvoir sous le regard des intérêts privés des millionnaires en présence. "Au diable la nation québécoise", se disent-ils. Le Québec doit-il être indépendant pour prendre sa place dans le monde?
Assurément, s'il contrôle son destin à même toute sa fiscalité, soit tous ses impôts et toutes ses taxes, en appliquant ses propres priorités nationales et internationales. Ce qu'il ne peut pas dans le Canada actuel. Et ce que Sarkozy refuse d'admettre publiquement, sous l'éclat influent de ses amis financiers canadiens fédéralistes.
Voilà toute l'affaire. Les extrêmes se rejoignent: d'une part, les journaux fédéralistes canadiens en sont comblés, leurs éditorialistes rejoignent la "pensée" anglo-canadienne laminée d'un océan à l'autre, restée tranquille et sans histoire, le Québec n'était plus qu'une simple province minoritaire appelée à n'être plus qu'une région linguistique francophone dans le grand tout canadien anglophone multi-ethnique, et muettement dramatique jusqu'à l'assimilation en douce.
Et les journaux souverainistes québécois qui voient surgir une infirmité de taille chez Sarkozy du fait qu'il balaie du revers de la main le destin souverainiste du Québec, préférant accorder son coup de coeur à l'égo-financier serviable des intérêts mercantiles d'un cercle superbement taillé dans l'argent pour entreprendre une prospérité calculée dans l'empire-sur-soi, l'empire de la haute finance France-Canada.
Le pouvoir de Sarkozy tient tout entier dans la plénitude de l'argent, les poches pleines en rêvant les yeux ouverts, croyant incarner le pouvoir dans l'au-delà de toute créance. Sarkozy capitalise son destin ainsi, impérativement, durement, croyant déjouer le destin des peuples dont celui du Québec en écrasant son droit à l'autodétermination. Cette ingérance dans les affaires canadiennes est manifestement un scandale bien ciblé en aliénant et mutilant le Québec souverain. Le Président de la République bafoue ainsi la conscience des droits des québécois de disposer d'eux-mêmes. Rien que ça.
La bonne nouvelle est que le Parti québécois (souverainiste) reprend du poil de la bête dans les valeurs vitales et guerrières du pouvoir politique, étant gagnant dans tous les sondages d'opinion publique.
Terminons : Protocolaire, De Gaulle portait bien son habit de cérémonie et ses galons d'or. Et Sarkozy ? Il semble fait pour raser les murs et pourfendre à l'occasion un compatriote anonyme, marginal des banlieues protestataires. L'histoire retient l'esprit de force d'un De Gaulle des hauteurs.
Quant à Sarkozy, le sentiment de l'honneur sonne-t'il faux ? Ses répliques quasi farouches (un obsédent désonheur pour un président) déjà faites aux marginaux agités des banlieues parisiennes, ont risqué de le faire chavirer dans l'extrême arrogance en ces heures folles de la crise économique généralisée.
Démonstratif, Sarkozy aura besoin de "repenser" son approche populaire. L'homme de l'Élysée devra ajuster son langage en s'exprimant en véritable homme d'État devant la charge explosive des citoyens qui réclament tant de réformes.
Bien sûr, chacun sait que De Gaulle s'est magistralement ingéré dans les affaires canadiennes, créant un affront diplomatique au Canada anglais et chez les Québécois fédéralistes comme le maire Jean Drapeau de Montréal, loin du peuple. La vérité à bout portant pour le général, fut de mettre en scène un appel à la liberté politique d'un peuple au destin historique encore inachevé. Ce qui mena à la création d'un parti souverainiste, le Parti québécois de René Lévesque.
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VOICI UNE MANCHETTE QUI EN DIT LONG: “La Légion d’honneur compte un nouveau grand’croix, sa plus haute distinction: Nicolas Sarkozy a décoré vendredi le Canadien Paul Desmarais. Selon les chiffres de 2000, seules 61 personnes possèdent cette médaille. Méconnu des Français, c’est pourtant “en partie grâce à Desmarais” que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui à l’Elysée, de l’aveu même du Président.
“Si je suis aujourd’hui président, je le dois en partie aux conseils, à l’amitié et à la fidélité de Paul Desmarais.”
Les deux hommes se connaissent depuis 1995. A l’époque, Sarkozy était au fond du trou, écarté de la Chiraquie après l’échec de la candidature d’Edouard Balladur aux présidentielles. “Un homme m’a invité au Québec dans sa famille. Nous marchions de longues heures en forêt, et il me disait: il faut que tu t’accroches, tu vas y arriver, il faut que nous bâtissions une stratégie pour toi.”"
Sarkozy décore Desmarais, son riche et discret ami canadien
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